Chapitre 19

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  23 Juillet 2019.

Aujourd'hui c'est la seizième étape ; je ressens Julian encore un peu fatigué mais plus reposé grâce à la journée d'hier. Et après tout, aucun coureur n'est pas fatigué alors je ne m'en suis pas fait plus que ça.

Quand il est rentré de l'étape il a zappé la presse. Pourtant je ne le sentais pas à bout. Il doit en avoir marre qu'on ressasse toujours les mêmes questions, et je le comprends totalement. Il n'était pas forcément habitué à ça avant ce Tour de France. Il était sollicité, ça oui, mais pas à ce point d'après ce qu'il m'a dit.

Je l'ai vu fatigué de retour à l'hôtel et je n'aime pas ça. Des idées tournent dans ma tête... Peut-être que je devrais passer à l'action.
Alors qu'il se fait masser par le kinésithérapeute, je monte dans la chambre. Je fais couler un bain chaud, je lui prépare un plateau avec dessus tout ce qu'il aime ; une coupe de champagne et des sandwichs au Nutella.
Le staff m'a rapporté que Julian raffole du Nutella, même qu'ils l'auraient pris en flagrant délit lors d'une compétition ! On raconte que Julian s'était posé sur le lit sans rien dire ; en toute transparence ; et qu'il était sur le point d'engloutir une bonne tranche de Nutella. Un membre des coureurs serait entré dans sa chambre à ce moment précis et la lui aurait attrapée avant qu'il ne passe à l'acte ! Aujourd'hui ils en rigolent tous, mais pour les coureurs la veille d'une course c'est impardonnable !
Alors oui demain c'est aussi jour de course, mais j'ai envie de lui faire plaisir ; surtout pour qu'il se fasse plaisir.

Une demi-heure après il ouvre la porte, alors que je suis allongée sur le lit à regarder la télévision. Son visage s'éclaircit et il s'avance :
« - Tu fais quoi ma petite brochette ?
- Ma petite brochette !?
- J'ai faim, je vais t'engloutir toute crue !
- Arrête ahah ! »
Il avance ses lèvres près des miennes, prêt à m'embrasser.
Je dépose mon doigt sur les siennes :
« - Je t'ai préparé quelque chose !
Il s'étonne et recule sa tête.
- Comment ça ?
- Vas voir dans la salle de bain... »
Julian sourit puis se dirige, en pas de danse, en direction de la surprise. Il ouvre la porte, puis se retourne vers moi :
« - C'est toi qui as fait ça ?
- Non, c'est le bon dieu !
Il court vers moi.
- MERCIII !
Puis il m'étouffe de bisous.
- Je me suis dit que tu en avais besoin !
- Et t'as eu raison ! »
Il accourt vers le bain, puis partit se déshabiller :
Julian est fou de joie, je le connais joyeux mais cette facette de lui ne m'avait encore jamais été révélée.

Quelques minutes après, j'avance vers la salle de bain mon plateau en mains :
« - J'ai une autre surprise ! Je lui déclare presque arrivée.
- Difficile de faire mieux qu'avant !
J'entre dans la pièce. Le visage de Julian rayonne.
- Voilà...
Il détourne la tête en rigolant.
- Qui t'a raconté l'histoire du Nutella ? Il ricane.
- Motus bouche cousue ! Je ne te le dirais pas...
Il soupire puis regarde la contenance du plateau.
- Si tu savais à quel point je t'aime...
Je lui dépose le plateau à côté.
Il me fixe puis quand je croise son regard il développe un grand rictus.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Tu ne veux pas venir dans le bain ?
- Il n'y a pas assez de place pour deux...
Il change sa position allongée pour une position assise.
- Si, tu vois... Enfin si on se sert bien ahah !
- Je ne préfère pas ! Je rigole.
Il se rallonge puis couche sa tête sur le rebord de la baignoire en fermant les yeux.
Je ne peux que l'admirer. Il est si mignon... Son visage est vraiment magnifique à mes yeux. Et sa barbe, la veine sur son front, ses cheveux presque en bataille... Cette allure fatiguée d'un homme qui travaille trop le rend si virile...
Je ne sais pas comment, mais je m'endors accoudée à la baignoire ; aux côtés de Julian.

Quand je rouvre les yeux, je suis allongée, emmitouflée dans un lit. Les draps sentent si bon quand je dessine un large sourire.
Puis je vois Julian, dos à moi, en train de préparer ce qu'il avait à faire. Il se retourne vers moi puis me sourit :
« - Tu t'étais endormie contre la parois de la baignoire ahah !
- C'est toi qui m'a allongé ici ?
Je m'étire le corps tout entier puis me ressaisis du moelleux des draps.
- Non, c'est le bon dieu comme tu dis !
Je pouffe de rire.
- Merci mon amour !
Je le fixe des étoiles dans les yeux.
- Ne me regarde pas comme ça !
- Pourquoi !?
- Parce que je vais te bouffer toute crue !
Mon cœur se serra d'amour.
- Je ne savais pas que mon loup était si sauvage... Je le taquine.
Il écarquille les yeux puis rigole.
Il se retourne pour finir ses affaires.
- Tu veux jouer avec moi, toi, animal de la savane ?
- Je suis la reine de la savane !
- Rien du tout, t'es juste la reine de mon cœur !
Il laisse s'échapper cette terrible phrase ; qui ne fait que deux bons dans mon cœur.
Mon visage a une allure étonnée. Mais Julian fait comme si de rien était et continue ce qu'il prépare.
On laisse alors s'échapper un blanc.
- Julian, arrête de faire semblant de rien ! Je lui déclare.
Il se retourne vers moi toujours l'air de rien.
Je m'assieds sur le lit en enlevant la couette. Je le fixe l'air d'attendre quelque chose.
Il s'arrête en se posant adossé au mur d'en face.
- Quoi ?
Il me regarde avec un visage d'enfant, presque rougissant.
Je ne dis rien. J'attends simplement qu'il agisse.
Il croise ses bras.
C'est à ce moment-là que j'éclate de rire ; il m'accompagne dans mon fou rire.
Je lui lance l'un des coussins sur lui.
- Arrêtes de faire l'imbécile !
- Mais qu'est-ce que j'ai fait ? Il s'avance puis rejette le coussin sur moi.
Alors que je croise les bras pour ne pas le recevoir en pleine face, je retrouve Julian sur moi.
- Non ! J'exclame en tendant le coussin vers son visage de mes deux mains. »
Il l'évite. Puis il plonge ses yeux dans les miens.
On sourit tous les deux puis on détourne le visage en même temps.
Julian repart à ses affaires et je plonge dans mes pensées.

Quand je m'aperçois de ma déconnection du monde réel, je me lève d'un coup.
Je pars enrouler mes bras autour de la taille de Julian.
Il me regarde, sourit, puis continue encore ce qu'il faisait, même si je suis collée à lui comme une sangsue :
« - Tu fais quoi ?... Je le questionne.
- C'est trop compliqué à expliquer...
- Je vois... »
Il lâche ses affaires et m'embrasse le front après m'avoir tenu les joues.
Je m'agrippe à lui enroulant mes jambes autour de sa taille.
Il me tient fort contre son corps.

Ce moment a bien dû durer quelques secondes, mais il parut une éternité dans ses bras.
Je me rallonge dans le lit. Julian m'aperçoit :
« - T'as l'air fatiguée ?
- Un peu...
- On peut dormir maintenant si tu veux.
- C'est comme tu veux ! Je ne veux pas te déranger dans tes affaires.
- Je pourrais finir ça demain matin ! ... Attends-moi, j'en ai que pour quelques minutes. »
Il part se changer.

Il revient torse-nu, seulement habillé d'un caleçon.
Je le regarde en plissant les yeux. Mon humeur taquine voulait le voir presque gêné de se pointer dans cette tenue. Mais il n'y fait pas attention et s'allonge tranquillement dans le lit. Jusqu'à ce qu'il se retourne sur moi :
« - Quoi !? Il prononce en rigolant.
Je desserre mon visage et le rends plus naturel.
- Rien ahah ! Je détourne le visage et mon corps avec.
- Tu sais t'es bizarre parfois... Mais je t'aime comme tu es ! Il me lance. »
J'essaie de lui faire une tape sur la jambe ; difficile dos à lui.
Julian se blottit sur moi et s'endort avec son bras m'entourant le bassin.

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