Chapitre 16

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  19 Juillet 2019.

La treizième étape du Tour de France 2019, c'est pour aujourd'hui ; un contre-la-montre individuel ! Le premier coureur partira à 13h et le dernier ; Julian ; à 17h20.
Le grand favori pour ce jour est Geraint Thomas ; grand rival de Julian sur ce Tour de France.

Quand je me suis réveillée ce matin, j'aperçus Julian en train de me regarder dormir :
« - Tu fais quoi ? Je lui demande après l'avoir remarqué.
    - Je regarde ma femme dormir...
Je souris mais Julian ne pouvait voir que ma crinière.
    - Tu ne peux pas t'arrêter de m'admirer, je le taquine.
    - Non, c'est vrai. Il faut que tu arrêtes d'être si jolie. Même quand tu dors t'es magnifique, tu t'en rends compte !? Il rigole.
    - Arrête ton violon ! J'exclame.
    - Je ne fais que de la batterie !
Je me retourne vers lui.
    - C'est vrai !? Il faut que tu me montres !! Je veux voir ton talent !
    - Je ne suis pas non plus professionnel, ne t'enjaille pas trop vite.
Je lui fais une tape sur l'épaule.
    - Mais oh ! Toi aussi alors, tu te dégonfles ?
    - Comment ça ?
    - Souviens-toi quand je t'ai dit que je n'étais pas une professionnelle du vélo, tu m'as traitée de dégonflée !
    - Je n'ai jamais dit ça ! »
Il laissa un léger blanc, puis reprend :
« - Enfin... Je l'ai insinué, ça oui ! Il me dit en se marrant.
    - Espèce de... De sale petit loup des prés !
Il me fixe le regard, puis se marre de plus en plus, jusqu'à en avoir les larmes aux yeux.
    - Viens-là ! Il me déclare en m'ouvrant ses bras en grand.
Je lui jette mon oreiller en pleine face. Il rigole encore.
    - Tu le mérites. »
Je me lève du lit puis me dirige vers la sortie.
Il soulève alors rapidement la couette et bondit du lit ; me rattrape et m'entoure la taille de ses bras.
J'arrête donc de marcher ; il m'embrasse le cou. Je peux sentir son souffle sur moi ; sa tête adossée sur mon épaule. Et je me sens apaisée, presque épanouie auprès de lui. Ce dont je suis sûre à ce moment précis c'est qu'il me rend heureuse plus que n'importe qui.

On descend manger avec toute l'équipe, puis on se prépare en prenant cette fois notre temps.
Quand on monte dans le bus on pouvait voir se dessiner des visages crispés sur les coureurs, même sur celui de Julian.

Les coureurs de la Deceuninck-Quick Step s'élancent un à un ; puis venu le moment à Julian de se mettre en place.
Je peux ressentir au lieu de départ de Pau tout l'amour que les supporters, adossés aux barrières de sécurité, envoyé en destination des coureurs. Ils les acclament sous un effet d'euphorie général, avec comme poussée d'adrénaline les sentiments que Julian Alaphilippe leur faisait vivre ; des sentiments presque incontrôlables où se lit une tonne d'admiration et des envies d'en découdre. Le monde du cyclisme n'avait pas ressenti ce sentiment depuis très longtemps. Julian apparait comme une étoile aux yeux des caméras comme aux yeux du monde ; un vrai puncheur, un cycliste qui se fait du mal et qui ne regrette rien ; voilà une belle mentalité que l'humanité voulait voir grandir.
Pourtant, il avait déjà un beau palmarès à lui tout seul; du Tour de Californie en passant par la Flèche Wallonne, la Classique de Saint-Sébastien, le Tour de Grande-Bretagne, le Tour de Slovaquie, les Strade Bianche, jusqu'à Milan-San Remo et j'en passe...
Lui, alors présent dans les rangs de l'armée de Terre il y a de ça quelques années, après une blessure du genou l'envisageant d'arrêter son rêve de vivre jour et nuit de sa passion; il est maintenant l'idole de toute une génération grâce à sa propre conviction; après s'être battu de toutes ses forces. Mais il n'est pas seulement l'idole de ceux qui découvrent tout juste le cyclisme, il est aussi devenu celui de ceux qui ont connus Bernard Hinnault, Eddy Merckx, Fausto Coppi et ainsi de suite. Cet homme est devenu une légende aussi bien aux yeux des français qu'aux yeux de toutes nationalités ; il a vu se créer sous ses propres yeux des tas de fanatiques de sa personnalité. Nous n'avons rien à lui reprocher ; Julian est un battant irréprochable ; luttant contre lui-même ; passant de blessures à maladie etcétéra. Car oui, ce monsieur Alaphilippe, encore jeune dans sa tête, n'avait alors encore aucune notion de la vie il y a de cela vingt ans. On pouvait le voir endosser son vélo encore trop grand pour lui, presque prêt à affronter le monde tel Napoléon sur son cheval blanc ; se faisant maintes et maints points de sutures, faisant maintes et maintes frayeurs à ses proches. C'est en gardant le sourire qu'il réussira alors à trouver sa place. C'est grâce à son hyper activité, devenue sa grande force, qu'il combattra le monde.
Nous pouvons aujourd'hui l'apercevoir gagnant, avec toujours autant de rage de vaincre ; voyageant voire même voltigeant sur les routes du monde entier. Dès qu'il endosse son maillot de la Deceuninck, accompagné de son plus beau sourire, le monde reprend son souffle et le cœur de tous les fans de cyclisme bat la chamade... C'est ainsi qu'il se sent vivre.

Retentit alors le coup de sifflet de départ ; Julian s'élance tout en jaune, sur son vélo, prêt à tout donner pour ne rien regretter ; pour rendre fières tous ses proches et tous ses supporters.
Le plus remarquable, c'est que sous tous ces applaudissements Julian Alaphillipe ne le dira jamais mais il est bel et bien devenu une star du cyclisme. Des centaines de milliers de fans le suivent désormais sur les réseaux sociaux ; likant et commentant toutes ses photos, sous lesquelles on peut apercevoir des tas de comptes fans ; seulement dédiés à sa personne ; car avec lui ce qui est magnifique c'est que nos réalités deviennent des rêves.

La suite tous les plus grands fans de cyclisme la connaisse ; Julian arrive sous un triomphe d'applaudissements.
Il vient de gagner cette treizième étape du Tour de France ; sa deuxième cette année ; juste devant Geraint Thomas le grand favori ! Il vient de lui rafler la victoire, et c'était absolument mérité pour Julian.
Je le voit heureux au milieu du staff, levant les bras en l'air et ne s'empêchant aucunement de sourire. Je suis tellement fière de lui et de tout ce qu'il accomplissait jusque-là !
Après un podium, des interviews et un bain de foule très émotifs ; il monte dans le bus faire la fête avec nous. Il me porte et me fait tourner autour de lui, puis on boit avec modération; le temps de profiter et de faire la fête.

On rentre à l'hôtel, totalement lessivés. Je ne peux presque plus marcher, tellement j'ai dansé dans le bus. Je suis accoudée à Julian pour ne pas tomber.

Je m'affale sur le lit, puis il en fait de même :
« - Je sens que ce soir on va très bien dormir... Me dit Julian.
    - Je suis hyper fière de toi Julian ! Tu te rends compte de tout ce que tu fais depuis le début ?
    - À peine. Je n'ai en même temps pas assez de recul mais je suis aussi tellement heureux...
Je le prends dans mes bras.
    - Je t'aime. »
On s'endort dans les bras de Morphée...

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