Chapitre 20

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  24 Juillet 2019.

Encore une journée où je crois mourir... Cette chaleur n'en finira jamais...

J'ai envie de rester allongée, comme tout le monde d'ailleurs, mais je dois aller soutenir l'équipe au départ du Pont du Gard.
Cette étape s'est plutôt bien passée, enfin rien de nouveau à part Kasper qui finit deuxième de l'étape après une très belle échappée, et Julian qui garde toujours le maillot jaune !
Honnêtement à cet instant je ne tiens plus la chaleur et je ne pense qu'à une chose ; plonger dans l'eau. Même dans une flaque d'eau, si c'est pour vous dire à quel point j'en ai envie !
Je suis actuellement avec le staff, dans le bus, en train de les aider à faire quelques réglages, ne leur montrant pas que je suis sur le point de défaillir.

Alors que je m'occupe après quelques temps des bandages, je sens comme un coup de massue. C'est faible comme pas possible que je tombe dans les pommes.

Je me réveille une demi-heure après la course, allongée dans un lit. Je vois trop flou pour reconnaître l'endroit. Ce dont je pense être sûre c'est que je suis toujours dans le bus, car je peux sentir la route défiler sous les légères secousses des pneus du véhicule.
Je me frotte les yeux, puis discerne au fur et à mesure les recoins de la pièce.
J'aperçois une silhouette qui me tourne le dos ; je fais aussitôt un geste brusque en m'asseyant, ce qui fait retourner cette personne. Elle se précipite vers moi :
« - Ça va mieux !?
    - ... Qui êtes-vous ?... Je prononce, la voix fatiguée.
    - Tu ne me reconnais pas !?
    - Je vois encore floue... Excuses-moi...
    - JULIIIAAANNN !!
J'entends des pas accourir vers la pièce.
    - QUOIII ?? Dit Julian à haute voix.
    - ELLE EST RÉVEILLÉE !!
Je vois une silhouette sortir de nul part. Celle-ci s'avance, puis s'adresse à moi.
    - Clara ! Tu nous as fait peur ! »
J'essayais de discerner qui était qui, en vain.
Puis la voix de Julian s'adresse à l'autre personne :
« - Merci énormément de t'en être occupé ! Tu peux nous laisser seuls maintenant, merci encore.
    - Il n'y a pas de quoi ! Allé, à toute à l'heure vous deux !
La silhouette s'en va, par je ne sais où.
Je me refrotte les yeux ; je peux maintenant discerner quelques partielles du visage de Julian.
    - Pourquoi t'as le nez à la place de l'œil ? Je lui balance en rigolant.
    - Arrête tes conneries ! On a eu peur pour toi !
    - Moi aussi, j'ai eu peur pour moi !
Il ne peut plus s'empêcher de rigoler.
Il tente de m'embrasser ; je l'arrête.
    - Qu'est-ce qu'il y a ?
    - Je ne vois vraiment pas très bien. Je ne savais pas où j'allais t'embrasser...
Je rigole.
Il s'assied à côté de moi et me fait des papouilles.
    - Ça c'est ma main, ne t'inquiète pas ahah !
J'explose de rire.
    - Je te fais confiance ! Les yeux fermés, et c'est le cas de le dire !
    - L'amour rend aveugle !
    - C'est ça ahah ! Je lui réponds en pouffant de rire. »
Ma vue continue de plus en plus à se retrouver, et de plus en plus vite.
Je peux maintenant carrément discerner les meubles de la pièce :
« - C'est moi, ou on est dans la salle de massage ? Je questionne.
    - Ce n'est pas toi.
    - Ah.
Je vois de mieux en mieux ; puis vois alors Julian avec un grand sourire.
    - ... Ça te rappelle quelques souvenirs ? Il me demande.
Il fait référence à notre premier bisou, le soir de la troisième étape, et je le sais très bien.
    - Non, quoi ?
    - Te fous pas de moi Clara.
    - Rafraîchis-moi la mémoire ! Je ricane.
    - Tu veux vraiment que je te la rafraîchisse !?
    - Dis comme ça... Plus vraiment.
On éclate de rire.
Julian reprend ses esprits puis se perd dans ses pensées. Il regarde le plafond d'un air nostalgique.
    - Quand je viens là...
Je le coupe.
    - Arrêtes de faire tes airs mélancoliques ! Je le taquine.
Julian me fixe sans rien dire.
Je saisis sa bouche et l'embrasse.
    - Je t'aime ! Il m'exclame. Toute à l'heure je n'étais vraiment pas bien pour toi...
    - À ce point ?
    - Au point que je préparais déjà les papiers pour tes funérailles !
    - T'es jamais sérieux, espèce de p'tit loup des prés !
Il éclate de rire puis saisit ma bouche et m'embrasse à son tour.
    - Mais c'est quoi cette expression !?
    - Je ne te permet pas de me juger.
    - Je ne juge pas, je constate.
    - T'es philosophe en plus ?
Il éclate de rire encore une fois.
    - À mes heures perdues... »
Il détourne le regard dans la pièce, puis le repose sur moi ; se plongeant dans mes yeux. Je sens qu'il va encore me sortir une connerie :
« - Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne... »
J'étais sur le point d'exploser de rire, mais il continua :
« - Je partirai... »
D'un coup on explose de rire ensemble, à en avoir la gorge nouée. Je ne peux pas rester sérieuse face à son visage un instant immature.
Il reprend presque sérieusement :
« - Vois-tu, je sais que tu m'attends...
    - J'irai par la forêt, j'irai par la montagne...
    - Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps... »
On se fixe en souriant, les regards amoureux. Nos corps furent momentanément aimantés.
On échange un langoureux baiser, qu'on apprécie tous les deux fortement. Nos deux corps enlacés trahissent les rapides battements de nos deux cœurs.
Je suis finalement plongée dans ses bras, jusqu'à ce que le bus s'arrête. On est arrivés à l'hôtel.
Il faut qu'on se détache l'un de l'autre, à contre cœur :
« - Il faut que tu ailles te reposer. Je te rejoins ce soir.
Je l'enlace fort contre moi une dernière fois.
    - Occupes-toi de ton Tour avant tout ! »
Il me sourit en réponse et je descends du bus direction la chambre réservée pour la nuit.
Je m'endors aussitôt, ne pouvant aucunement attendre son retour...

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