If You Dare

Italie

Harry passait dans le couloir, seul, plongé dans ses pensées, quand une main l'attira dans un recoin. Il se retrouva coincé contre Pansy Parkinson, la main sur sa baguette, prêt à la lever et à se défendre.

En voyant qui était son "agresseur" il se détendit et lui sourit. Surtout que Pansy semblait plus détendue, et n'avait à priori aucune intention de l'agresser.

- Parkinson. Un souci ?

La jeune fille, les joues rouges, secoua la tête en signe de négation. Elle venait de se rendre compte que le décrochement dans le mur qu'elle avait choisi comme cachette pour se dissimuler et attirer Harry était certes discret, mais bien trop petit pour deux. Et elle se trouvait collée au jeune homme, bien plus proche qu'elle ne l'avait jamais été de son regard émeraude.

Et Pansy décida qu'elle avait rallié depuis trop peu de temps le camp de la lumière - ou plus exactement le camp du Survivant - pour se permettre une telle proximité.

- Aucun. Je... Je voulais juste te dire que je passerai les prochaines vacances ici, à Poudlard. Mes parents partent en vacances en Italie.

Harry lui sourit largement, totalement inconscient du malaise de la jeune fille qui lui faisait face.

- Super. Tu peux te détendre donc pour l'instant.

Pansy hocha la tête en silence, observant ce jeune homme qu'elle trouvait étrange. Elle vit une ombre passer dans ses yeux, brièvement.

- Au final, la proposition du professeur Rogue... Tu ne viendras pas avec nous ?

La Serpentard se figea, ne quittant pas Harry du regard, cherchant à comprendre les mots de Harry.

- Tu voudrais... que je vienne ?

Harry eut l'air gêné.

- C'est juste... Ce qui était prévu. Au début. Et puis... Il y aura Malefoy et Hermione, nous pourrions tous mieux nous connaître.

Pansy sourit.

- Mes parents m'ont dit qu'ils y réfléchissaient.

Harry hocha la tête avec un léger sourire. Puis, il s'apprêta à sortir de leur cachette quand Pansy le retint par le bras, prise d'une impulsion subite.

- Potter... Merci pour ton aide.

Elle eut la satisfaction de le voir rosir.

Sur les conseils de Severus et de Sirius, Harry avait fait l'innocent face à Dumbledore quand celui-ci avait voulu savoir pourquoi il ne passerait pas les vacances au Terrier comme il avait été prévu. Le jeune homme avait esquivé les questions du Directeur, feignant de ne pas être au courant que sa tutelle avait été réclamée par son parrain.

Dumbledore lui avait proposé de déposer une réclamation en son nom, mais Harry avait refusé. Après tout, passer les vacances Square Grimmaud comme il était initialement prévu ne le dérangeait pas. Et puis... Jamais "on" ne lui avait demandé son avis : pourquoi le faire maintenant ?

Il avait noté la colère du vieux sorcier, mais il ne comptait pas lui accorder sa confiance de nouveau. Pas après avoir appris qu'il n'était qu'une arme aux yeux de celui qu'il avait admiré auparavant.

Les vacances approchaient et jour après jour, il sentait le regard de Dumbledore sur lui. Sur les conseils de Severus, il se montrait discret, cachant son nouveau rapprochement avec les Serpentard. Ils échangeaient tout au plus des regards entendus.

Sirius était resté à Poudlard. Il avait longuement hésité, mais l'appui de Severus lui assuré de ne pas être surpris. Les deux anciens ennemis s'étaient alliés pour le bien de Harry. Le passé n'était pas tout à fait oublié, mais d'un commun accord ils avaient décidé de le laisser derrière eux.

Sans compter qu'ils trouvaient une intense satisfaction à comploter ensemble contre Dumbledore. L'idée même de faire passer Sirius quasi quotidiennement dans les couloirs de l'école au nez et à la barbe du sorcier le plus puissant du monde magique, et sans que ce dernier ne se doute de quoi que ce soit, amusait énormément les deux hommes.

Parfois, Harry et Drago regardaient leurs parrains respectifs, et avaient l'impression de se trouver devant deux grands gamins, amusés par leurs facéties...

Une semaine avant les vacances, Harry reçut un hibou de Molly qui le suppliait presque de venir au terrier. Le jeune homme eut un léger pincement au cœur en pendant que la femme s'était toujours montrée maternelle et adorable avec lui. Mais il ne pouvait pas s'infliger la présence de Ron et Ginny juste pour satisfaire Molly. Pas alors qu'il pouvait passer du temps avec son parrain.

Il s'était senti légèrement coupable au début. Mais Drago avait remarqué qu'il était pensif depuis l'heure du courrier et Harry avait fini par lui avouer ce qui lui posait problème. Le Serpentard avait émis un reniflement dédaigneux et l'avait fixé de ses yeux couleur orage.

- Tu ne lui dois rien. Elle n'est pas ta famille, elle n'est pas ta mère.

Harry avait alors haussé les épaules, un voile de tristesse obscurcissant son regard.

- Elle s'est toujours montré adorable envers moi. Elle m'a accueilli dans sa famille.

Drago l'avait fixé un long moment avant de secouer la tête d'un air incrédule.

- Tu le crois vraiment... Potter ! Elle a juste accueilli le Survivant, l'Élu... Comme toute famille aurait pu le faire. Si elle s'était comportée en mère de substitution, elle aurait tout fait pour t'arracher aux griffes des moldus. Et elle n'aurait pas laissé les deux belettes te blesser comme ça !

Harry avait soupiré.

- Je ne sais pas... C'est juste que je me sens... mal.

- Et elle le sait ! Tout le monde sait que tu fais tout pour plaire à tout le monde.

La conversation était revenue sur le tapis le soir-même, dans les appartements de Severus. Il leur semblait moins risqué de se réunir au sein du château, dans les cachots plutôt que de prendre le risque de se faire surprendre alors qu'ils sortaient à l'extérieur.

Alors que Drago résumait leur conversation sur les Weasley, ne cachant pas le peu d'estime qu'il avait pour la famille, Harry fut surpris de se rendre compte que Sirius était immédiatement d'accord.

- Ne te méprends pas, Harry. J'apprécie les Weasley, mais... tu ne leur dois rien. Si Molly avait demandé ta garde, elle aurait pu l'obtenir : leur famille est respectable et leur maison protégée.

Harry se demanda combien de trahisons encore il allait devoir encaisser...