fer neuf

861 81 6
                                    

La journée s'était déroulée de façon étrange, entre disputes et résignation.

Finalement, Harry avait réussi à imposer son plan, bien que Drago s'y soit ajouté.

Sirius avait eut beau tempêter, son filleul n'avait pas démordu. Ils s'étaient violemment disputés et l'animagus avait dû céder. Furieux, il était parti s'enfermer dans sa chambre, claquant violemment la porte.

Emmeline avait soupiré avant d'enlacer Harry. Puis elle était partie rejoindre Sirius.

Drago s'était éclipsé et Harry était resté seul avec Severus.

- Vous n'avez pas à faire ça, Potter.

- Vous ne m'appelez plus Harry, professeur ?

- Pas quand vous vous montrez stupide et borné.

Harry avait haussé les épaules, et son regard s'était durci.

- Nous savons tous les deux qu'il n'y a pas d'autre solution. Je dois être là-bas.

- Je pourrais vous accompagner.

- Pour vous prendre un impardonnable dès que vous serez arrivé ?

Ils s'étaient affrontés un long moment du regard, et au grand dam de Severus, le gamin n'avait pas détourné le regard. Il n'avait pas montré le moindre signe de faiblesse.

- Monsieur ? Vous pourrez veiller sur Sirius et Emmeline ?

Severus grimaça et secoua la tête.

- Vous allez me pourrir la vie jusqu'au bout n'est-ce pas ?

Harry gloussa.

Severus dévisagea le gamin face à lui, et il songea brusquement que James Potter avait fait quelque chose de bien dans sa vie. Il pouvait dire ce qu'il voulait, mais il ne pouvait pas renier au Gryffondor le courage dont il faisait preuve.

Le jeune homme ne semblait pas inquiet alors même qu'il allait risquer sa vie dès le lendemain. Il allait se retrouver seul sur le champ de bataille à faire face à un mage noir complètement fou. Et pourtant, il riait et plaisantait comme si c'était juste... une promenade.

Il savait pertinemment pourquoi il lui avait demandé de veiller sur son parrain. Il voulait s'assurer que son parrain ne retournerait pas à Azkaban au cas où il viendrait à mourir. Il ne voulait pas que les trois adultes qui avaient pris soin de lui n'aient des problèmes.

Severus pensa qu'il aurait eu plaisir à envoyer son professeur acariâtre en prison s'il avait été à la place de Harry. Tout le monde pouvait témoigner du fait qu'il s'était toujours montré injuste.

Pourtant, le jeune homme ne lui avait pas fait le moindre reproche. Il avait juste... décidé de passer à autre chose, comme si leur nouvelle relation pouvait effacer des années de brimades.

Voyant les yeux verts posés sur lui, attendant une réponse, il grogna.

- Je le ferais. Mais veillez sur Drago. Et revenez tous les deux en vie.

- Vous vous souvenez, vous avez toujours dit que j'avais une chance insolente.

Severus secoua la tête, étrangement amusé. Cet idiot avait le pouvoir de le transformer en un poufsouffle plein de bons sentiments.

- Vous devriez aller consoler le clebs avant qu'il ne démolisse la maison.

Harry gloussa à nouveau.

- Tous les deux... en fait vous aimez ces surnoms idiots...

Severus grommela et ignora les derniers mots. Il n'allait certes pas lui dire qu'il trouvait Black bien moins irritant qu'avant, et qu'il appréciait l'avoir dans les pattes. Lorsqu'ils n'étaient pas en train de s'insulter, ils pouvaient s'entendre plutôt bien. Et leurs quelques conversations civilisées - menées la plupart du temps par Emmeline - leur avait fait découvrir qu'ils avaient bien plus de points communs qu'ils ne pouvaient imaginer.

Harry laissa Severus Rogue perdu dans ses pensées pour rejoindre Sirius. Il se doutait que la conversation serait plus pénible, Sirius étant bien plus impulsif que le froid maître des potions.

Devant sa chambre, il hésita un long moment, puis il poussa la porte et entra.

Sirius lui tournait le dos. Sans se retourner l'animagus prit la parole.

- Emmie, je t'ai dis que je voulais être seul.

- C'est Harry, Sirius.

L'homme se retourna brusquement pour dévisager son filleul. Puis il soupira.

- Tu ne vas pas changer d'avis n'est-ce-pas ?

- Non.

- Aussi têtu que ton père. Et que ta mère.

Harry sourit, soulagé de constater que Sirius ne lui en voulait pas réellement. L'homme détourna le regard.

- Pourquoi les moldus accrochent-ils des fers neufs aux murs ?

Harry fronça les sourcils d'incompréhension avant de suivre le regard de Sirius et de voir le fer à cheval brillant pendu au mur.

- Pour porter chance.

- Tu devrais le prendre et l'emmener alors. Au pire tu le jetteras sur ce fichu serpent...

Harry, amusé, leva les yeux au ciel.

Ils restèrent silencieux un long moment. Puis Sirius se détourna.

- Promets-moi que tu vas revenir, Harry.

- Tu sais que je ne peux pas, Sirius. Je ne sais pas comment les choses vont se passer.

Sirius renifla, agacé.

Harry reprit, calmement.

- J'ai demandé à Severus de veiller sur toi. Et je veux te demander la même chose.

- Harry... Tu parles comme si tu n'allais pas revenir.

- Je parle comme si je pouvais ne pas revenir. Et vous ne méritez ni l'un ni l'autre d'être enfermés ou tués.

Sirius s'approcha de son filleul et le prit dans ses bras. Harry lui rendit son étreinte et ils restèrent longuement enlacés.

Lorsque Harry s'éloigna, il avait les yeux brillants de larmes.

- J'aurais adoré grandir près de toi, tu sais ?

Sans un mot de plus, il sortit de la chambre. Sirius se laissa tomber sur son lit, cachant son visage dans ses mains, le cœur douloureux au possible à l'idée de perdre la famille qu'il ignorait avoir.

Sans surprise, Harry trouva Emmeline dans la bibliothèque. Elle tournait les pages d'un livre, mais Harry voyait que ses yeux étaient dans le vague. Il s'approcha d'elle et la prit dans ses bras. Elle répondit à son étreinte et déposa un baiser sur son front.

Pris dans une étreinte presque maternelle, Harry laissa échapper quelques larmes. Emmeline le serra un peu plus fort contre elle, sans rien dire.

- Tu vas rester avec eux ?

- Oui. Et tu vas revenir.

- Je ne...

- Non. Ne dis rien. Tu vas revenir, parce que nous aurons tous besoin de toi, Harry. Sans compter que nous n'avons pas tout à fait eu le temps de faire connaissance correctement. Alors je vais te laisser partir sans chercher à te dissuader, parce que j'ai confiance en toi. Mais toi, tu vas me promettre de faire l'impossible s'il le faut pour que tu reviennes. Avec Drago.

If You DareWhere stories live. Discover now