Chapitre 2 : Résurrection ?

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Un léger souffle me caresse le visage. Je cligne des paupières, désorienté. Le noir, l'obscurité, le néant, encore. Je m'apprête à refermer les yeux, désespéré, lorsque je remarque une lueur sur la gauche. Mais... Je... Comment est-ce possible ? Deux minutes auparavant, je dérivais dans l'obscurité la plus complète, deux minutes auparavant, j'étais mort...

Où suis-je ?

Les rideaux à moitié tirés laissent passer la faible lueur des lampadaires et des immeubles voisins. À ma droite, je distingue mon bureau et mon sac de cours.

Je suis dans ma chambre !? Oui, c'est ça, et rien n'a bougé.

Mais alors, que s'est-il passé ? Suis-je réellement mort ? Ai-je ressuscité ? N'était-ce qu'un rêve ?

Non ! Non ! Je ne veux pas retomber dans ce cycle éternel de souffrance ! Je ne veux pas revivre ! NON !

Je me pince, me frotte les yeux, paniqué. Rien à faire. Je me trouve bel et bien dans mon appartement, à Paris. Le souvenir des lames de rasoir entaillant mes veines, du froid et de la mort sont encore frais dans ma mémoire.

Il est impossible que je sois physiquement dans ma chambre, il est impossible que j'aie échoué !!

- « Ce doit être un rêve, » murmuré-je.

Peut-être que si j'essaye de me rendormir, tout redeviendra normal. Peut-être que c'est là que je revis les derniers instants de ma vie, avant de rejoindre le Paradis...

Tout à coup, le bruit d'un frottement attire mon attention. On aurait dit un tissu voletant doucement dans le vent. Je tourne la tête vers la porte, mon cœur manque un battement. Tout mon corps se fige, ma respiration se bloque dans ma gorge. Une forme sombre me fait face, une forme à l'allure humaine et vêtue d'une longue cape.

Le frottement du tissu brise de nouveau le silence. Je suis incapable d'articuler la moindre parole. J'ai l'impression que le temps s'est arrêté, les secondes semblent s'égrener au ralenti. Ma poitrine me brûle, mon cœur bat la chamade et la sueur forme de petites gouttes sur mes tempes. La silhouette continue de marcher, très lentement. Ses pas ne produisent aucun son, mon parquet ne craque pas sous le poids de cette chose.

Mon Dieu, est-ce toi qui me punis pour mon geste ? Je n'ai pas mérité ça, je n'en pouvais plus de leurs moqueries !

Dans un élan de terreur, je tends la main vers ma table de nuit. Ma lampe de chevet s'écrase au sol, et éclate en mille morceaux. Un lourd silence suit cette chute. Je tourne lentement la tête pour regarder la créature en face de mon lit. Elle me fixe, immobile. Je ne distingue pas son visage, mais je sens son regard me transpercer aussi sûrement que des coutelas aiguisés. J'entrouvre les lèvres et inspire doucement, tentant de refouler les vagues d'effroi qui me submergent. Sans quitter la silhouette des yeux, je souffle :

- « Stella arrête, c'est pas drôle »

Je me doute bien que cette créature n'est pas ma sœur, mais il fallait que je brise ce silence. Pourtant, je crois que cette phrase a rendu l'atmosphère encore plus étouffante. La créature n'a aucune réaction, pas un mouvement, comme si elle n'avait pas compris ou pas entendu. Un cliquetis résonne brusquement. On aurait dit les maillons d'une chaîne glissant contre une surface métallique. Je vois des bras surgir de sous la cape. L'un d'eux semble tenir quelque chose, fermement, comme une arme. L'autre se dresse pour venir abaisser la capuche avec une lenteur effrayante.

***

Mes lèvres s'entrouvrent avec effroi, lorsque ses orbites se mettent à me fixer, semblables à deux trous luisants et vides. On croirait des morceaux d'étoile emprisonnés dans un puits d'obscurité. Le reste du visage n'est pas visible dans le noir, mais j'ai déjà compris. Je sais déjà que je suis perdu. J'ai deviné l'identité de cette immonde créature.

La Mort...

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