Chapitre 6

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"Eh. Eh tête de bite. Eh j'te cause abruti, réveille toi."

Fit une voix dans l'obscurité du sommeil profond de l'adolescent, dont le corps semblait peser plusieurs tonnes. Après un effort lui paraissant surhumain, le brun ouvrit difficilement les yeux. Étant habitué aux milieux sombres, le garçon n'avait pas eu besoin de temps d'adaptation à l'obscurité.

Par conséquent, il put directement distinguer l'homme de son rêve, celui avec un masque neutre. Il faisait dans les un mètre soixante, soixante-cinq. En fait, il faisait exactement la taille de l'adolescent. Et il avait la même voix.

– Est-ce que tu es... Mon côté obscur ?

À la remarque de l'adolescent, le masqué explosa de rire un petit moment, avant de se reprendre.

– T'as crû que t'étais un jedi dans la guerre des étoiles ? Crétin je suis toi. Toi en plus classe. T'en as pas marre de te retenir ?! Laisse-toi aller. Libère-moi ! Laisse-moi te guider, écoute tes pulsions sans lutter. Tu nous faciliteras la tâche à tous les deux.

– Bordel t'es qui ?!

-Je te l'ai dit, je suis toi. Tu verras, bientôt. Mais pour l'instant, tu dois te réveiller.

Les derniers mots du masqué résonnaient, comme s'il parlait de plus en plus loin. Et alors qu'il avait fini sa phrase, le brun ouvrit directement les yeux, sortant de son sommeil de plomb. Le garçon se frotta les yeux, se demandant s'il avait simplement rêvé ou si c'était vrai.

Habituellement il ne se souvenait pas de ses rêves, seulement de ses cauchemars. Après un petit moment de réflexion, le garçon finit par se dire que rêve ou pas il s'en moquait éperdument. Il se releva, et observa les alentours.

Je suis persuadé d'avoir vu Slender... J'en suis sûr je l'ai vu !

S'exclama le garçon, tout en se mettant à marcher dans la forêt, en direction de chez lui, les mains fourrées dans les poches.

Le vent commençait à se lever, décoiffant l'adolescent tandis qu'il était déjà devant chez lui. Il regardait l'endroit où il habitait avec une once de dégoût et de peur. Il avait toujours cette boule au ventre et à la gorge chaque fois qu'il rentrait chez lui. Les gênes s'en allèrent lorsque le brun constata l'absence de la voiture de son beau-père.

Il commença alors à entamer la montée des marches, quand un morceau de papier vint s'écraser contre son visage à cause du vent.

Le garçon découvrit alors une feuille blanche froissée, avec comme dessin une croix dans un cercle. Mais non, ce n'était pas ce qu'il espérait là, il reconnaîtrait entre mille ses dessins.

Il fit rapidement marche arrière jusqu'au poubelles publiques laissés à disposition pour les résidents. Le chemin était parsemé de ses dessins. L'adolescent posa sa main tremblante sur le couvercle de la grande poubelle, et l'ouvrit. Il y découvrit avec stupeur un sac-poubelle à moitié ouvert avec ses dessins, ses figurines et certains posters qu'il avait dans sa chambre.

Il attrapa rageusement le sac-poubelle et monta les marches quatre par quatre, avant d'ouvrir la porte en métal qui servait de porte d'entrée.

Il se précipita d'un pas rapide vers sa chambre, tandis que sa mère lui parlait, dans une langue qui lui sembla incompréhensible. Il poussa la porte de sa chambre, et découvrit la pièce à moitié vide, ne contenant plus que des doudous et des jouets qu'il utilisait plus jeune.

Plus d'ordinateur, plus de posters, plus de mangas, plus rien de tout ce qui l'animait. Seulement des souvenirs de son passé douloureux, qu'il laissait prendre la poussière pour se rappeler de qui il était et d'où il venait.

L'adolescent jeta alors violemment le sac-poubelle dans sa chambre, éparpillant les feuilles sur le sol. Sa mère entra dans la pièce.

"On savait que tu n'avais pas été en cours aujourd'hui. Alors avec Romu on a décidé que..."

La femme n'eut même pas le temps de finir sa phrase, que le brun se retourna en lui hurlant dessus.

– Ne dis pas "On", c'est son idée, tu n'aurais jamais eu une idée aussi stupide toute seule ! Vous êtes des abrutis ! Ah ça vous une belle paire de guignols encore moins crédibles que sa paire de couilles à lui, s'il en a bien sûr !

– Lahoussine ! Tu vas me parler sur un autre ton !

– Sinon quoi ?! Tu vas me frapper ? ! Appeler l'autre guignol ? ! Vous ne me faites pas peur je vous planterai t'entends ! À quel moment tu as vu que c'était normal d'enlever tout ça à son gosse ?!

– Et à quel moment c'est normal de sécher les cours ?!

– Comme si c'était la première fois, et c'est pas pareil putain !

La colère... L'envie de destruction... Voilà que ça revenait, ça remontait en lui, qui avait peiné à s'en débarrasser tout à l'heure. Il attrapa sa chaise et la claqua fortement contre le sol, avant de venir l'exploser contre le mur de sa chambre, les larmes commençant à monter.

La femme aux cheveux noirs attachés en queue-de-cheval resta de marbre devant la réaction de son fils, maintenant habitué à ce genre de crises.

– Pas cette fois. Je ne rentrerai pas dans ton jeu. Tu peux pleurer et tout casser autant que tu veux.

Dit-elle en quittant la chambre, sans faire attention à la détresse dans le regard du garçon. Respirer devenait de plus en plus pénible, et toute conscience commençait à s'effacer, laissant simplement une énorme colère explosive.

Le brun attrapa son radio-réveil et l'éclata au sol, avant de l'écraser violemment. Il attrapa un morceau de la tapisserie blanche qui recouvrait les murs, et la déchira. Il souleva ensuite son bureau comme le ferait un monstre dans les films d'action, et le balança plus loin.

Alors qu'il se vidait de son énergie il attrapa une boîte noire que sa mère lui avait donnée quand il était petit. Elle lui disait que la musique de la boîte était capable d'éloigner les monstres. Sa mère l'avait eu de sa mère, qui elle-même l'avait eu de la sienne.

Il envoya alors la boîte noire valser contre un mur, avec l'intention de la briser. Mais la boîte ne se brisa pas. Non, le coup l'avait ouvert, laissant voir une petite danseuse tourner, tandis que la mélodie apaisante sortait de la boîte.

Le garçon se laissa alors tomber dans un des coins de sa chambre, maintenant en boule. Sa respiration reprenait un rythme normal, tandis que les larmes et les cris passèrent à de simples reniflements.

Le regard du brun, replié sur lui-même était maintenant plus vide que la pièce dans laquelle il se trouvait. Des tonnes de pensées traversaient sa tête.

La porte d'entrée se fit alors entendre, suivie de la voix infernale de son beau-père. Le garçon n'essayait même pas d'écouter la conversation, mais d'après l'intonation de la voix de l'homme, suivi des bruits de pas rapides vers la chambre du jeune adolescent, il allait en rajouter une couche.

L'homme ouvrit en grand la porte de la pièce, pointant le brun du doigt.

– Toi !

The Masked of shadow (Creepypasta)Where stories live. Discover now