A la lisière de nos âmes [Terminée]

I- 6. Zachary

Comme tous les samedis en fin de journée, il toqua à la porte de l'appartement de son meilleur ami. Au programme, pizzas, bières et match de NBA. Les réjouissances commenceraient après 21h. Avant cela, il avait pour mission de s'occuper de la fille de Sandro. Séparé depuis un an, il la gardait le week-end, jours qu'il avait réussi à avoir comme repos. Leur chef était arrangeant de ce côté. Pour que son ami puisse retrouver quelqu'un, ou plutôt assouvir ses besoins, Zachary s'était proposé pour baby-sitter Lily. Le courant entre lui et la fillette de trois ans était immédiatement passé.

— Tonton Zach !

Une petite boule toute de rose vêtue fonça sur lui. Il l'attrapa et la souleva dans les airs, déclenchant des gloussements ravis.

— Bonsoir, Lily. Comment va ma princesse préférée ?

Pour toute réponse, elle s'accrocha à son cou. Il sourit. Avant de faire la connaissance de la famille de Sandro, il n'aurait jamais cru avoir de tels atomes crochus avec les enfants.

— Quel est le programme aujourd'hui ?

— Princesse Mwan ! Princesse Mwan !

— Ah, Princesse Mulan. Très bon choix, chipie. Va t'asseoir.

Il la déposa sur le sol et alla mettre le film dans le lecteur. Il s'installa ensuite à côté d'elle, la laissant se caler contre lui. Il n'avouerait jamais à Sandro à quel point il appréciait ces moments à s'occuper de sa fille.

Deux heures plus tard, la porte d'entrée s'ouvrit. Son ami revenait de son rendez-vous. Il l'entendit ouvrir le réfrigérateur. Quelques secondes plus tard, il le rejoignait sur le canapé, deux bières à la main. Il le vit jeter un coup d'œil sarcastique à la pochette du dvd.

— Je ne sais pas comment tu fais. A peine vingt minutes de ce machin et je fais une overdose. Et ses chansons qui te tournent en boucle dans la tête après !

Zachary lâcha un léger rire, tout en haussant les épaules. Il leur trouvait un charme à ces films d'animation. Malgré leur côté gentillet, ils permettaient de mettre un peu de douceur dans le quotidien. Il remonta la couverture sur le petit corps recroquevillé contre lui. Le sommeil avait eu raison de la fillette. Il était bon pour revoir la moitié du dessin animé le lendemain.

— Merci en tout cas.

­­— Soirée agréable ?

— Pas mauvaise, mais rien de concret. Quand est-ce que tu m'en présentes une ?

— De quoi tu parles ?

Non qu'il ignore réellement le but de la conversation, mais il aimait le faire tourner en bourrique.

— De femme, Zach.

— Je n'en ai pas sous le coude pour toi, désolé mon vieux.

— T'es con. La tienne.

— Je ne partage pas.

Une bourrade le fit rire.

— Personne en vue en ce moment, tu le sais.

— Depuis hier soir on ne sait jamais.

Zachary leva les yeux au ciel.

— Je ne comprends pas. Avec ton physique, ça devrait pleuvoir.

— Tu compares vraiment les femmes à la pluie ? Je ne te savais pas poète.

— Tu peux jouer au sarcastique, mister belle gueule, mais on n'a qu'une vie.

Il ne releva pas. Même lancées sur le ton de l'humour, les paroles de Sandro faisaient mouche, de par leur vérité. Sur ce terrain, il préférait pourtant ne pas se confier, s'en sortir par l'esquive ou le changement de sujet. Il se voyait mal lui balancer sa vision des choses. Au fond de lui, il savait. Il n'avait pas encore rencontré la bonne.

Pendant que son ami portait Lily dans son lit, il alla mettre la pizza au four et zappa sur la chaîne sportive. Un samedi soir comme il les aimait, un rituel qu'il ne raterait pour rien au monde.