A la lisière de nos âmes [Terminée]

III-22.1. Célie

Elle se sentit blêmir. Ses jambes menaçaient de céder alors que la peur s'infiltrait dans sa poitrine. Pour la première fois, il lui faisait peur. Il baissa les yeux vers elle. Elle y lut toutes une palette d'émotions allant de la colère pure à un désarroi intense. Puis, il cilla, comme reprenant contact avec la réalité. Ses prunelles se voilèrent. Il se recula vivement, titubant légèrement. Sa main passa plusieurs fois dans ses mèches sombres. Célie déglutit difficilement tout en prenant appui contre le mur pour ne pas s'écrouler.

Seul comptait cet homme et son regard hanté planté dans le sien. D'un mouvement à peine conscient, son bras se leva vers lui. L'instant d'après, sa paume vint caresser sa joue. Il tressaillit à ce contact sans pour autant le fuir. Ses prunelles reflétèrent son désarroi. Sans prononcer un mot, comme suspendu à ses réactions, ne voulant pas briser l'instant, elle effleura sa peau jusqu'à atteindre ses lèvres. Elle retint son souffle et en dessina les contours. Elle avait l'impression d'être en train d'amadouer une bête sauvage. Peut-être n'était-ce pas si éloigné de la réalité. Alors qu'elle éloignait ses doigts, il soupira. Son souffle chaud balaya son visage, déclenchant d'imperceptibles frissons.

— Célie.

Un chuchotement douloureux. Ses lèvres s'entrouvrirent, hésitantes. Elle humidifia les siennes, ressentant le besoin de goûter de nouveau à la saveur de sa bouche. Lu-t-il cette envie dans son regard ? Le devina-t-il ou partageait-il cet élan ? Elle mit une fraction de seconde avant d'intercepter le mouvement qu'il amorçait. Son visage se rapprochait du sien. Elle décelait avec davantage de netteté la nuance subtile de vert pailletée d'éclats d'un marron lumineux. Elle sentait la retenue dont il faisait preuve.

Lâchant ses doutes pour une fois, elle franchit les derniers centimètres et initia le baiser. Il semblait n'attendre que ce geste. Comme si, telle une invitation, elle lui accordait le droit de la faire basculer dans un autre monde. Ce qu'il fit. Il ne tarda pas à prendre le contrôle du baiser, lui faisant tout oublier en dehors de lui, de sa saveur, de toutes les étincelles qu'il provoquait dans son corps. Impossible de ne pas sentir à quel point il avait envie d'elle. A ce constat, elle se dépouilla des derniers lambeaux de retenue qui la bridaient encore et se jeta à corps perdue dans leur baiser. Ses mains vinrent entourer sa nuque, jouant avec ses mèches, son bassin vint se coller au sien, d'un mouvement presque inconscient. Il grogna avant de la repousser légèrement.

Elle cilla, hagarde. Avait-elle tout faux ? Regrettait-il ce baiser ?

Il posa son front contre le sien, prit sa main et la posa contre son cœur. Elle sentit son rythme cardiaque s'apaiser petit à petit.

— Dieu sait que je rêve de poursuivre ce que l'on a commencé, mais... Pas quand je suis dans cet état. Je ne suis pas de bonne compagnie ce soir. Je...

Il paraissait si fragile en cet instant à chercher ses mots. Elle l'entoura de ses bras, se nicha contre lui.

— J'aimerai rester, Zach, murmura-t-elle contre son cœur. Je n'ai pas envie de te laisser seul.

Elle perçut la vibration de soulagement qui le traversa. Il posa un baiser aérien sur son nez et l'emmena dans sa chambre. Ils se déshabillèrent avant de s'étendre sur le lit. Ils se pelotonnèrent l'un contre l'autre. Le sommeil ne tarda pas à la gagner et elle s'y abandonna, bercée par sa respiration paisible.