CP

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     « On courait sans le savoir les uns vers les autres. Certaines personnes sont peut-être faites pour habiter la même histoire, quoi qu'il arrive. » - Jandy Nelson.

     C'était une sombre journée d'hiver. La pluie menaçait de tomber et je grelottais de froid dans mon manteau, bien que chaud, trop léger à mon goût. Mon ultime natte brune se balançait à sa guise dans mon dos tandis que mes yeux verts, éteints de toute lumière, semblaient encore plus vides qu'à leur habitude.

     Je me souviens de ce jour comme si c'était hier. Rien d'anormal. Pourtant, différent des autres. Prometteur pour certains, insignifiant pour d'autres, destructeur pour une infime minorité. Ce jour particulier ayant changé le cours de mon existence, sur le coup, me semblait aussi banal que les autres.

     Fidèle à cette solitude à laquelle je m'étais livrée, je marchais dans les couloirs de l'école en scrutant le sol lorsque, soudain, tu apparus à quelques mètres de moi, sortie de nulle part, entourée de tes amies à qui tu ne cessais de parler.

     — Quel moulin à paroles ! Me dis-je sur le coup.

     Ta jupe blanche virevoltait dans tous les sens tandis que tes cheveux blonds, flottant dans ton dos, me faisaient penser aux draps blancs et purs que nos mères étendaient dans le jardin pour sécher au vent. Tes yeux bleus me faisaient penser à la mer. Une mer déchaînée mais magnifique. Une mer d'un bleu si profond, si intense, qu'on avait juste envie d'y plonger pour ne plus jamais en ressortir. Une mer, bien que dangereuse, aussi attirante qu'un aimant. Ces yeux rieurs te rendaient spéciale. Ce sourire que tu conservais sur ton visage était ce type de sourire qui portait joie et bonheur sur le chemin de leur existence. Ton rire était ce genre de rire qui donnait envie de vivre, d'aimer, de briller et de s'amuser. Tu avais une aura si joyeuse que j'en eus un pincement au cœur. Bien que je fusse encore jeune, ma vie avait déjà un arrière-goût de désespoir.

     Dès que tu eus terminé ton baratin, tout ton entourage était plié de rire et moi, traçant ma route, je t'enviais pour ta beauté, ta joie de vivre et ton naturel.

     Au fond, je t'aimais déjà bien.

Au fond...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant