Au fond...

Seconde

     « Il semble que la mort imminente pousse à agir. Pourquoi faut-il toujours attendre qu'une vie soit en jeu, pour en arriver à ça ? » X.

     Désormais, je m'étais livrée à la solitude. Plus personne à mes yeux ne comptait et plus rien ne m'intéressait. Je me sentais stupide. Je me sentais horrible. Je n'étais plus qu'une simple coquille vide.

     Un jour, alors que j'étais en cours, un mal de tête perçant me frappa. C'était assez commun depuis quelques années. Je ne m'en souciais plus. Seulement, cette fois-ci, c'était bien plus douloureux que d'habitude. Je n'avais pas la force de bouger, sentant que mon corps entier me lâchait. J'entendis ma professeure me parler. Je fermai les yeux, refoulant mes larmes. Puis fis un vœu dans le but de soigner mon âme. Je l'entendis hurler. Je l'entendis m'appeler. J'étais déjà loin. Elle criait mais en vain. Alors je me laissai partir. Je me laissai mourir. Parce que survivre ne m'aurait que davantage fait souffrir. Et parce qu'il était temps pour moi de guérir. Mes lésions me hantaient. Les cicatrices m'obsédaient. Le vent dehors soufflait. Me murmurant que tout allait bien se passer. Que ce n'était pas le début de la fin. Mais la fin du début. Que la vraie vie, dans l'au-delà, pour moi, commençait. Alors je m'étais accrochée. J'avais arrêté de bouger et avais inspiré puis expiré. La douleur n'avait toujours pas cessé mais qu'importait ? Bientôt, tout cela pour moi serait terminé. Je tentai de me lever de ma chaise puis, dans un lourd fracas, mon corps s'écroula.

     On m'emmena d'urgence à l'hôpital. Toutes les particules de mon être me faisaient souffrir mais je me retenais de le faire remarquer. Comme d'habitude, je tentais de cacher ce que je ressentais.

     Quelques jours plus tard, on me diagnostiqua une tumeur du cerveau avancée. Si l'on se fiait aux paroles du docteur, il me restait moins d'une année avant d'être libre. Avant de mourir.

     Au fond, j'étais déjà morte il y a bien longtemps.