Chapitre 12

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Ce matin là, le réveil fut difficile pour les deux comparses. La nuit avait été courte et c'est lourdement qu'ils s'étaient extirpés du lit. Alors à tour de rôle, ils s'étaient habillés et avaient fini de boucler leurs dernières affaires. Tout ça se déroula dans un pesant silence, loin d'être gênant, simplement reposant pour les deux parties.

Alors assez rapidement néanmoins, les deux hommes regagnèrent la voiture de location après avoir remis leurs cartes magnétiques au vieux réceptionniste.

Leurs pas lourds les menèrent à présent aux abords de la voiture où tous deux se laissèrent tomber de nouveau en silence. Il devait être 8h lorsque la voiture démarra.

- T'as pas l'air d'avoir beaucoup dormi... Souligna le châtain en brisant le silence.

- Nan... Mais toi non plus remarque...

- C'est l'agression d'hier qui t'as chamboulé ? S'inquiéta t-il en posant rapidement ses yeux sur son camarade.

- H-heu... Ouais... 'fin oui et non... J'arrivais pas à dormir quoi... Balbutia t-il en se remémorant les pensées qui l'avaient empêché de trouver le sommeil.

Baignée d'un nouveau silence, la voiture s'immobilisa de nouveau. Ils étaient arrivés à l'aéroport. Alors comme ils l'avaient fait à l'allée, ils avaient déposé leurs bagages avant de se diriger vers la porte d'embarquement. Là de nouveau, le brun blêmit. Il semblait mieux réveillé à présent et son air de fatigue avait vivement été remplacé par une teinte blanchâtre traduisant son malaise.

- Eh Thomas, ça va aller... tenta de le rassurer le plus grand. Tu vas pas me dire que, toi Thomas, celui qui a instauré la paix entre deux pays peut avoir peur de l'avion quand même ?

- Bah si, c'est précisément le cas... Murmura t-il la gorge serrée.

- Fais moi confiance, ça se passera bien... Ajouta alors le grand en passant un bras réconfortant sur les épaules de son camarade.

À ce contact, le brun frémit, frappé de nouveau par ses réflexions de la veille.

Rapidement, on fit monter les passagers à bord de l'appareil. Et alors tout comme à l'allée, les deux hommes s'étaient assis côte à côte alors que déjà le pied du brun frappait de nouveau le sol frénétiquement.

- Thomas ? Tu vas pas nous faire un malaise là quand même ? Lui demanda le châtain en fixant son interlocuteur.

- N-nan...

- Et t'as pas pensé à racheter les fameuses pillules "anti-stress" ou je sais pas quoi dont tu m'avais parlé à l'allée ?

- N-nan... J-j'ai oublié... Souffla t-il nerveusement.

- Merde... Bah t'as plus le choix, plus qu'à me faire confiance, ça va aller, j'te le promet. Lui affirma t-il dans un sourire rassurant.

Derrière eux, le bruit des réacteurs se fit entendre, signifiant aux passagers le départ imminent.

Alors aux côtés du garde du corps, Thomas s'agita de nouveau. La panique le gagnait et son pied tapait de plus en plus vite sur le sol.

- Eh Thomas, ça va aller ok ? Calme toi... Lui souffla le grand en plantant son regard dans celui paniqué du bouclé.

- N-nan ça va pas aller, ça commence déjà à trembler, putain j'aurais du prendre ces putains de pillules... J'suis con putain... Jura t-il plus pour lui même que son interlocuteur.

- Mais c'est pas de ta faute, t'as oublié, ça arrive à tout le monde, mais fais moi confiance ça va aller. Ajouta le châtain alors que le négociateur ne cessait de triturer ses accoudoirs.

- N-nan j'ai pas oublié... 'fin oui et non...

- Comment ça ? Interrogea le châtain en relevant un sourcil.

- L-la première fois je les avais vraiment oublié. Mais cette fois-ci, a-avec t-tout ce qu'il s'est passé pendant le voyage et tout... J'me suis dis q-que je pourrais sûrement m'en passer... E-et puis t'étais là e-et j-j'me suis dis qu-que s-si tu me tenais la main... Comme à l'allée, ça passerait. J-Je sais pas ce qu'il m'est passé par là tête...M-mais j'ai juste été trop con... Et m-maintenant je regrette.

Alors sans un mot, mais les joues rouges néanmoins, le plus grand posa une main réconfortante sur celle du bouclé.

Cette fois, l'avion s'ébranla et alors qu'un nouveau spasme de terreur parcourait le bouclé, le châtain s'approcha de son visage et, étouffant ses cris de terreur, il emprisonna de ses lèvres, celle du plus petit, apeuré.

Aucun ne su combien de temps dura ce baiser. Gêné, Damien s'était contenté de fermer les yeux alors que Thomas lui, ne pouvait détacher les sien de ce visage. Lorsqu'ils s'éloignèrent afin de reprendre leur souffle, l'appareil avait retrouvé une stabilité réconfortante.

Alors brusquement, le châtain s'était détourné, mimant le souhait de vouloir dormir, croisant ses bras sur son torse et fermant les yeux.

- Essaie de dormir. Conseilla t-il simplement en laissant son menton tomber sur son torse.

De son côté Thomas semblait paralysé. Ce baiser paraissait irréel et pourtant, il avait éveillé en lui la petite flamme qui avait vu le jour lors du cocktail de bienvenue, lorsque déjà, les lèvres du plus grand s'étaient posées sur les siennes. Obnubilé par ce contact, sa terreur du décollage semblait l'avoir déserté alors que son regard lui, ne pouvait se détacher de l'être à ses côtés. Perdu dans ses réflexions, il s'était contenté d'acquiescer au conseil du plus grand avant de s'enfoncer un peu plus dans son fauteuil. Les joues rouges, son regard se portait par delà le hublot, sur les nuages qui entouraient l'appareil. Malgré la fatigue, ce fut bien difficilement qu'il trouva le sommeil.

[ Terraink ] - NégociationsWhere stories live. Discover now