26 juin (3/3)

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 Arrivant en retard chez moi, je me dépêche d'entrer tout en laissant mes cartons dans la voiture. Je les sortirai une fois le repas terminé ou encore demain, je verrai bien.

Je franchis le seuil de la porte d'entrée et comme à mon habitude, j'annonce mon arrivée. Une réponse me provient de la salle à manger, où sans aucun doute tout le monde est déjà installé.

Une fois là, j'aperçois autour de la table mes mères, Susan et Annie, ainsi que mon père, John. Ils discutent tranquillement, dans une bonne ambiance et se tournent vers moi lorsque je débarque. Les plats sont déjà servis et mon assiette se retrouve remplie de spaghettis, ainsi que de salade. Je prends place et m'excuse de mon retard. Entre les filles qui m'ont coincé pendant trop longtemps au Starbucks et ensuite mon détour par l'université, mon après-midi ainsi que ma soirée se sont vues vraiment remplis.

— Ça a été ta journée, fiston ? me demande mon géniteur.

J'ignore pourquoi, mais entendre ce mot sortir de sa bouche me crispe et ça, depuis toujours. Je ne sais pas, j'ai l'impression qu'il se force, qu'il en fait des tonnes.

— Tranquille, réponds-je en prenant une première bouchée de mon diner.

Annie se tient à ma gauche, en bout de table, et me sourit chaleureusement. C'est grâce à elle que Sarah et moi sommes cousins, même si nous n'avons aucun lien de sang. Les gens ont tendance à l'appeler la « partenaire de ma mère » ou encore ma « mère adoptive », mais moi, je ne fais aucune différence. Elle est ma mère, point. Quant à Susan, ma mère, la femme qui m'a donné la vie et à qui je ressemble énormément avec mes yeux chocolat et mes cheveux roux, se tient à droite, elle aussi en bout de table. Puis John, l'homme qui a planté la graine – si l'on puit dire – se trouve en face de moi et je ne lui ressemble en rien, mis à part peut-être la carrure. Quoi qu'il en soit, ça a beau faire six ans qu'il se pointe chez nous une fois tous les mois, je ne me sens toujours pas attaché à lui. Il faut dire aussi que niveau effort, on repassera.

Je me souviens de la tête qu'il a fait lorsque je lui ai dit que j'étais homosexuel. Tout un poème. Bien entendu, il ne s'est pas limité à faire une tronche bizarre, non, il a fallu qu'il l'ouvre. Mais cette histoire, j'en reparlerai sans doute plus tard... ou peut-être jamais, je n'ai pas vraiment envie de lui donner plus d'importance qu'il n'en mérite.

— Tu as pu emmener les derniers documents qui te manquaient à l'administration de l'OSU ? me demande Annie.

— Oui, j'ai aussi récupéré mes dernières affaires.

— Tu veux dire tes cartons pleins de livres ? me taquine ma mère.

Je souris et acquiesce du chef. On peut dire qu'elle me connait parfaitement bien.

— Tu te plais dans ton cursus ? intervient John.

Je tourne mon regard vers lui et le jauge. Ça fait deux ans que je suis des cours à l'OSU et je suis certain qu'il ne sait même pas dans quoi je me spécialise.

— Ouais, réponds-je finalement en haussant les épaules.

Il y a des matières qui me plaisent plus que d'autres, comme n'importe quelle personne je suppose, mais en effet, j'aime ce que j'étudie. L'un de mes buts ensuite, c'est de me lancer dans le domaine du monde éditorial.

— Et tu continues le sport ?

La seule chose dont il semble être capable de parler. Désolant.

Nuance Arc-en-Ciel ©Where stories live. Discover now