25 juillet (2/2)

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Lorsque nous quittons les urgences, il est près de vingt-trois heures. Nous en avons passé près de cinq, seuls derrière ces rideaux, en discutant, se taquinant, même si plus d'une fois j'ai eu une grande envie de dormir. River m'en a pourtant empêché dans le but d'obéir aux ordres du docteur et des infirmières, alors il a commencé à me raconter certaines de ses histoires, plus hilarantes les unes que les autres.

On a parlé de son enfance, du fait qu'il ait toujours été un petit frère terrible qui prenait un malin plaisir à pourrir la vie de sa demi-sœur, mais pour sa défense, et je cite : « Avant, elle était une véritable peste ». Étant sept ans plus âgée que lui, Summer n'a pas toujours été très tendre, alors elle ne m'a pas fait plus de peine que ça lorsqu'il m'a révélé qu'une fois il lui a mis de l'encre dans son thé, faisant en sorte qu'elle ait les dents noires pendant près d'un mois. Je n'ai pas eu de mal à me l'imaginer et je rigolais à chacune de ses histoires farfelues, plus hilarantes les unes que les autres. D'une chose, je suis certain, River Park est un conteur né, il arrive à te faire plonger dans son récit sans aucun soucis. Il sait placer les détails là où il faut, ainsi qu'accentuer les situations comiques pour qu'elles le soient davantage.

— Tu es certain que ça va ? me demande-t-il alors que nous sommes à deux rues du club dans lequel se trouvent les autres. On aurait pu passer la nuit là-bas, le docteur te l'a même proposé.

— Je vais bien, le rassuré-je, touché qu'il s'inquiète à ce point pour ma santé. C'était juste un léger coup à la tête, je crois qu'on en a déjà fait trop en allant à l'hôpital.

— C'était plus prudent, il ne faut jamais déconner lorsqu'il s'agit des coups à la tête. Mais, on dirait bien que tu as la tête dure !

Il touche l'arrière de mon crâne et descend sa main sur ma nuque, où il commence à caresser tendrement la naissance de mes cheveux.

— Borné comme je suis, ça t'étonne ?

Riv ricane en passe son bras par-dessus de mes épaules, rétrécissant l'espace qui nous sépare. Lorsque nous marchons côte à côte, ça me fait toujours bizarre ce genre de rapprochements, on peut dire qu'on n'a pas vraiment eu l'occasion de le faire très souvent. Là, si quelqu'un nous voyait, il ne verrait que deux amis, bras-dessus bras-dessous, contrairement à la dernière fois, où nous avancions, les mains enlacés.

— C'est vrai que tu es une sacrée tête de mule, mais c'est sans doute ce qui me plait le plus chez-toi, Theo. Ça et ton caractère ronchon sur les bords.

— Voyez-vous qui parle de tête de mule, le nargué-je, le garçon qui m'a dans sa ligne de mire depuis des mois, qui s'est invité à un voyage en sachant que j'en faisais partie et qui a mis tout en œuvre pour me faire succomber à ses yeux brun-miel... tu es plus borné que moi, River Tae-Kyung Park.

— Je n'ai jamais dit le contraire, Theodore.

Je le foudroie du regard lorsque mon prénom complet sort de sa bouche, plus pour continuer ce petit rituel entre nous qu'autre chose, car franchement, j'ai de moins en moins de mal avec ça. À vrai dire, ça commence même à me plaire qu'il n'utilise pas mon diminutif. Et je sais qu'il se venge parce que j'ai utilisé « Tae-Kyung », au lieu de juste me limiter à « River ».

— Alors comme ça, je t'ai fait « succomber » ? me taquine-t-il en enfonçant son index entre mes côtes. Pourtant, tu es plutôt sage, même dans cette salle d'hôpital où on aurait pu faire plein de choses toi et moi pour passer le temps, tu t'es tenu à carreau.

Nuance Arc-en-Ciel ©Where stories live. Discover now