21 juillet (2/3)

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Après avoir pris un bus pour la commune indépendante de Metairie, nous nous retrouvons devant un restaurant typiquement coréen, le Gogi. Lorsque River m'a dit qu'il m'emmenait manger, j'imaginais qu'on resterait près de l'hôtel, pas qu'on traverserait toute la ville !

Donc, nous voilà devant ce petit restaurant à la façade couleur kaki et aux stores rouges. River a l'air dans son élément et semble vraiment heureux d'être là. Il s'avance le premier vers les lieux, ouvre la porte et me la tient en m'invitant à entrer en premier.

Les lieux sont relativement beaux, ainsi que très illuminés. Les murs blancs ont été décorés par de multiples dessins traditionnels, aux diverses couleurs. Il y a un soleil, ainsi qu'une branche de cerisier où un couple habillé avec les tenues traditionnelles coréennes est assis. Il y a également beaucoup d'oiseaux, tout comme d'autres personnages. Celui qui retient mon attention est le dessin d'une femme dont le regard est porté vers la salle et qui a la main sur son cœur. Elle porte une espèce de coiffe en forme de tresse qui recouvre une bonne partie de sa tête et qui est ornée par des fleurs bleues et violettes.

— C'est la représentation d'une gisaeng, m'informe River en voyant que je suis comme un débile en plein milieu du restaurant en train d'observer la peinture.

— Une quoi ?

Il esquisse un sourire et c'est là qu'un serveur vient nous installer à une table. Il nous place à une pour deux, dans un coin assez privé du restaurant et nous apporte deux menus afin que nous choisissions nos plats.

— Voulez-vous boire quelque chose ?

— Apportez du soju, ordonne River.

Le serveur hoche la tête et disparait de notre vue, tandis que River plonge son regard dans le menu et que je me contente de le contempler, de toute façon, je n'ai jamais mangé coréen, alors j'ignore complètement quoi choisir. Je m'en remets à lui aujourd'hui.

— Alors, c'est quoi une gisaeng ? demandé-je, intrigué par cette facette de lui qu'il ne semble montrer à personne.

Il repose le menu sur un coin de la table et me regarde, à la fois amusé et ravi de ma curiosité. Après tout, comment est-ce qu'il pourrait en être autrement ? C'est juste impossible de ne pas vouloir savoir... à moins que si ? Je ne me suis jamais trop intéressé aux cultures étrangères, encore moins aux asiatiques, je n'y connais vraiment que dalle. Encore, si on me pose des questions par rapport à la France ou l'Espagne, il se pourrait que sur une interrogation sur dix points, j'aie la moyenne. Mais tout ce qui est Chine, Japon et Corée, je sèche complètement. Savoir qui sont les BTS compte ?

— Je suis épaté, Theo. Ta prononciation est très bonne, me complimente-t-il.

J'ignore pourquoi, mais je m'empourpre. Je dois avouer que c'est ce qui m'arrive à chaque fois qu'on me complimente, je ne peux m'en empêcher. Je sais à quel point c'est ridicule !

— Une gisaeng, si tu veux, est comme l'équivalent d'une geisha, mais contrairement à leurs homonymes japonaises, elles n'existent plus. C'étaient des femmes artistes, musiciennes, poétesses, parfois même peintres, mais qui étaient sujettes à un gibang, une sorte de bordel de luxe si tu préfères. Elles étaient des esclaves de l'état. Et oui, non seulement elles vendaient leurs talents, mais également leurs corps. Cependant, pas à n'importe qui, seulement aux nobles, aux riches, bref, aux hommes de la haute société de Joseon.

— Joseon ?

— C'est le nom que détenait la Corée avant 1948, avant que le sud et le nord ne se divisent.

Nuance Arc-en-Ciel ©Where stories live. Discover now