24.03.14

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Mardi 24 Mars ;

« Cher Journal,

Je ne me souviens même pas de la dernière fois où j'ai été énervée à ce point. J'en tremble, j'arrive à peine à écrire. Cette après-midi, le gars du stylo, il m'a parlé. Il a essayé, du moins. Je l'ai repoussé, comme je le fait avec tout le monde. Mais, il a insisté. Il a insisté, et quand il a vu que ça ne servait rien de parler, alors il c'est juste assis. Et il m'a regardé.
Au début, j'évitait son regard, parce que je savais qui si je levait les yeux vers lui, ses yeux pleins de pitié me ferai sûrement craquée. Je le savait, je savait que leur pitié ridicule me tuerai.
Mais, quand j'ai relevé la tête pour changer de crayon, j'ai croisé ses deux orbes bleus qui me fixait.
J'ai été surprise de leur couleur, mais je l'ai été encore plus quand j'ai vu la façon dont il me regardait. On aurait dit qu'il voulais passer un message, mais la seule chose que j'ai pût voir dans ses yeux, c'est une sorte de respect. Il me regardai comme si j'était une battante, un modèle. Il me regardait l'air de dire "Je suis là. Je vais t'aider."
J'avais l'impression que son regard essayait de percer tout mes secrets, j'avais l'impression qu'il essayait de lire en moi.
J'était tellement surprise que j'ai mît 1 seconde de plus que d'habitude pour reprendre mon regard dur et froid. 1 seconde de trop. Parce que, j'ai vu qu'il avait compris. J'ai vu qu'il savait.
Il savait, qu'au fond j'était fragile.
Et ça, je ne le voulais pas.
Je déteste qu'on sache mes faiblesses. Ils me prennent peut-être pour une sale folle suicidaire, mais ils ne savent pas commet m'atteindre. Ils pensent que ma carapace est tellement épaisse qu'il est impossible de la briser, même de l'intérieur. Je le pensait aussi. Que c'était mon destin de finir dans ma prison de tristesse. Mais il a fallut un regard, un seul, pour tout remettre en cause.
Et je hais ça.
Je voulais pas. Je ne voulais pas lui parler. Je voulais juste être transparente, putain. Je ne veut pas d'aide. Je veux juste la paix. Je suis un cas désespérée, une cause perdue. Laissez moi. Laissez moi, je me haïs.
Comment je pourrai vous apprécier si je ne m'accepte même pas moi-même ? Partez tous. Continuer de me regarder comme un monstre, si cela vous chante, mais laissez moi. Ne me parlez pas. Je ne mérite pas d'exister, je ne mérite pas d'être visible, je suis tellement inutile, hideuse.
Immonde et repoussante.
Laissez moi. Partez.
Part, je t'en prie, ne m'adresse plus jamais la parole comme tu as essayé de le faire aujourd'hui.
Part.
Laissez moi seule avec mes démons, pour l'éternité.
C'est ma destinée.
Ana, Mia, Cat, Deb, Sue, Perry, Izzy,
Bella, Annie. Laissez moi avec mes seules amies. »

I gave up. (Journal d'une Anorexique)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant