Haley croque la vie à pleines dents. Dans son Missouri natal, elle a tout pour être heureuse. Une famille aimante, des amis qui tiennent à elle et un petit ami parfait. Que demander de plus?
Mais sa vie si tranquille est chamboulée lorsque son père...
Dans les bras de James, je n'ai pas réussi à fermer l'oeil de la nuit. Rongée par les remords et la culpabilité qui ne m'ont laissé aucun repos. James a toujours été un ami, et un petit ami exemplaire. Et comment je l'ai remercié?
Je me lève tôt, et commence à faire des pancakes pour pouvoir m'occuper l'esprit. J'ai besoin de faire quelque chose de mes mains. La bonne odeur de la pâte qui cuit ne tarde pas à envahir la cuisine, et ça me rappelle mon enfance, loin d'ici et de tous mes problèmes insensés. Le vendredi matin, comme ma mère commençait le travail plus tard, elle me faisait toujours des pancakes au sirop d'érable. Mes préférés. Mon père en piquait quelques un avant de partir au travail et ma mère le grondait gentiment. C'était le bon vieux temps. Avant qu'on déménage et que je me fourre dans un pétrin sans nom.
- Haley ? Demande la voix de ma mère encore ensommeillée.
Je sursaute légèrement, et me tourne vers elle en souriant. Perdue dans mes pensées, je ne l'avais pas entendu arriver.
- Qu'est ce que tu fais la ? Interroge t-elle en s'asseyant.
Je hausse les épaules.
- Je n'arrivais plus à dormir alors je me suis dit que je pouvais faire le petit déjeuner, j'explique.
Je me retourne vers la poêle et verse une louche de pâte lisse dedans.
- Ma chérie, est ce tout ce passe bien avec James ? Questionne t-elle soucieuse.
Je me fige, et mes doigts se crispent sur la cuillère. La perspicacité de ma mère m'étonnera toujours. Sans même que je dise quoi que se soit, elle arrive toujours à deviner ce qui me tracasse.Je ne sais pas si ça vient d'elle, ou si ça fait partie de l'instinct maternel de n'importe quelle mère.
- Oui, oui tout va à merveille, je mens encore une fois.
Ma mère ne dit plus rien, et je l'en remercie. Je ne suis pas sûre que j'aurais réussi à mentir une fois de plus, j'ai atteint mon quota annuel. Et je n'ai aucune envie de craquer alors que James est dans ma chambre et moi au beau milieu de ma cuisine. Je finis de faire les pancakes avant de les poser sur la table et de m'asseoir à mon tour. Quelques secondes plus tard, j'entends les pas lourds de mon père dans les escaliers et il nous rejoint en souriant.
- Ça sent super bon ici, s'extasie t-il.
Ses yeux s'écarquillent et se mettent à briller en apercevant la pile de pancakes encore tièdes.
- Haley à fait le petit déjeuner, annonce ma mère.
Mon père me sourit, avant de s'asseoir et de manger un pancake avec appétit. Je regarde ma mère qui est en train d'en tartiner un avec du Nutella. La nostalgie m'envahit, et la familiarité de cette scène me met un peu de baume au cœur.
***
Je sors de la maison derrière James, le soleil commençant déjà à décliner lentement sur la côte. On a passé la journée tous les deux, à faire les magasins et à visiter les plus beaux coins de la ville. Bref, un couple normal qui fait du tourisme ensemble. Comme à son habitude, James à été adorable avec moi, mais je n'ai pas réussi à me détendre. C'est peut être ce qui me fait le plus mal au fond. Si je lui demandais, James me décrocherait la Lune. Mais je sais parfaitement que ce n'est pas mon cas.
On a prévu de terminer la journée avec une balade sur la plage, mais je ne veux qu'une chose : que cette journée se termine. Mentir de manière honteuse est un travail à plein temps qui se révèle être épuisant.
- Ça va ? Demande mon petit ami devant mon air perdu.
Je hoche la tête.
- Oui tout va très bien, je répond.
Je ne compte même plus le nombre de fois ou j'ai prétendu aller bien durant ce week-end. Ça doit tourner autour d'une centaine. Peut être que si je continue comme ça, j'arriverais à m'en persuader moi même. James me sourit et entrelace ses doigts aux miens. Il m'entraîne sur le trottoir qui longe les maisons, et quelques minutes plus tard, mes baskets s'enfoncent dans le sable doux.
- Qu'est ce que c'est beau... je souffle en regardant le ciel teinté d'orange et de rose se refléter sur l'océan.
James serre mes doigts entre les siens, et je sens son regard pesé comme un poids sur moi. Je me tourne vers lui, et mon estomac se noue quand il approche ses lèvres des miennes. Il m'embrasse, et je mets quelques secondes à répondre à son baiser. Je tente de ne rien laisser paraître même si au fond de moi, je sais que je ne peux pas faire semblant indéfiniment. Je finis par m'écarter doucement de James, et nous reprenons notre marche à mon grand soulagement.
Au bout de quelques mètres, on se laisse tomber dans le sable, et mon petit ami passe un bras autour de moi. Je pose ma tête sur son épaule en soupirant. Si seulement je n'avais pas déménagé ici.
- Tu m'as énormément manqué pendant ce mois ci, me dit tendrement mon petit ami en cherchant mon regard.
Je garde les yeux fixés sur l'horizon. Mes mensonges pèsent de plus en plus lourd sur mes épaules et je me fais violence pour ne pas craquer.
- Toi aussi, je répond doucement.
Dans un sens, c'est vrai. James m'a manqué. Mais pas en tant que petit ami.
- J'ai pensé que l'année prochaine, je pourrais aller à l'université ici, continue t-il.
Le sang dans mes veines se glace.
- James... je balbutie, paniquée.
- Ils ont un très bon programme d'économie, me coupe t-il. On pourrait se voir le week-end au moins, ou même...
- James, je l'interromps brusquement. Pourquoi tu fais ça ?
J'essaye de contenir mes émotions, mais tout le stress que j'ai refoulé ces derniers jours est en train de prendre le dessus sur tout le reste.
- Mais parce que je t'aime, me répond t-il en plongeant son regard dans le mien.
Le peu de contrôle que j'avais réussi à garder se brise en entendant ses mots.
- Tu peux pas dire ça, je souffle d'une voix rauque.
James fronce les sourcils.
- Mais pourquoi tu dis ça ? Bien sûr que je t'aime Haley, je t'aime depuis qu'on s'est rencontré il y a des années, déclare t-il d'une voix sincère.
Il cherche ma main dans le sable tiède, mais quand ses doigts trouvent les miens, je m'écarte. Je ne peux plus continuer comme ça.
- Haley qu'est ce qui t'arrive ? Demande James inquiet. Tu es bizarre depuis que je suis arrivé, je te sens distante. Qu'est ce qui se passe ma chérie?
- James... je suis tellement désolée...
Ma voix se brise sur les derniers mots. Mais cette histoire d'université est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Il est temps de lui dire la vérité.
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