Chapitre 5 ➳ 𝐞𝐧𝐝𝐥𝐞𝐬𝐬 𝐩𝐚𝐢𝐧

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« Tu es lâche Lauren. »

      Je ne peux m'empêcher de lire ces quelques mots en boucle. Je ne lâche pas mon téléphone une seule seconde. J'essaye de trouver un semblant de courage pour lui répondre, pour m'excuser et me rattraper. Hier soir je n'ai pas eu la force d'aller la voir. Ma crise d'anxiété était trop forte, je n'ai pas réussi à bouger pendant de longues minutes. Ce n'est que lorsqu'un groupe de jeunes a fait tomber une bouteille de l'autre côté de la rue que j'ai commencé à reprendre mes esprits. Je me suis focalisée sur le bruit qu'ils faisaient. Je me suis accrochée à la seule chose que j'avais autour de moi pour remonter à la surface. Lorsque j'ai réussi à retrouver une respiration à peu près normale et un peu de force, j'ai décidé de rentrer chez moi. Je n'ai pas eu le courage de répondre à ses messages. Pourtant il y en a eu une dizaine. Je l'ai énervé et déçu. Je n'ai même pas eu le courage de répondre que je ne pouvais pas m'y rendre. Je suis lâche, comme elle l'a dit.

« Après tu te demandes pourquoi je t'ai quitté. »

      Ce dernier message a l'effet d'une bombe en moi. Les larmes remontent et coulent à flots sur mes joues. Mes poumons se serrent et je sens une douleur vive dans ma gorge. Lucy m'a toujours dit que ce n'était pas à cause de moi la rupture mais à cause de Mia. C'est elle qui a fait le choix et c'est elle qui a décidé d'agir ainsi. Cependant je n'arrive pas à me sortir de la tête que je suis fautive. Elle ne m'aurait pas quitté si je n'étais pas telle que je suis. Elle ne m'aurait pas laissé de la sorte si je méritais l'amour des gens, le sien. Je ne fais que me dire que je n'étais pas assez bien. J'aurai dû être meilleure.

« Lucy me disait que tu étais mal à cause de moi. Je voulais être gentille avec toi mais tu ne le mérites même pas à agir comme une enfant. »

      Je l'imagine taper frénétiquement sur son téléphone. Sa veine contrastant avec sa peau blanche sur le front. J'imagine le claquement de ses ongles sur l'écran pendant qu'elle écrit ses messages. Je repense à toutes ces fois et je la regardais faire, me perdant devant sa beauté même lorsqu'elle faisait des choses simples. Je me revois allongée à côté d'elle pendant qu'elle était en train de lire sur son cellulaire. Ses sourcils se fronçant quand elle était en désaccord avec un personnage. Ses yeux se mettant à briller pendant un moment triste. Sa manière de toujours passer son pouce sur sa lèvre du bas quand elle était concentrée. Même lorsqu'elle m'envoie des messages qui me brisent le coeur, je ne peux m'empêcher de revivre les souvenirs. Je ne cesse pas de me recenser toutes les raisons qui faisaient que je l'aimais. Je me demande alors comment les choses ont pu devenir ainsi entre nous. Je n'hésitais pas à l'embrasser, à donner des tendres caresses à sa peau, à l'aimer et lui en témoigner tous les jours. Aujourd'hui rien que répondre un message est devenu trop dur.

      Je quitte la conversation et j'appuie sur celle avec Lucy. J'essaye de trouver mes mots, de lui faire comprendre que j'ai besoin de sa présence le plus rapidement possible. Mais je me dis qu'elle doit encore être chez James en train de décuver. Je pense à écrire à Juliet mais je ne suis pas assez proche d'elle pour lui faire part de mon malheur. Je me sens alors frappée par la solitude. Tout ce qui se trouve autour de moi devient plus froid. L'atmosphère est maussade et la pluie s'abat contre les vitres de mon petit appartement. Je me sens coincée dans une bulle, seule et condamnée à pleurer toute la douleur qui m'habite. Je sens un poids lourd contre ma poitrine. C'est comme si mon âme demandait à sortir de mon corps, il ne lui appartient plus, ce n'est devenu que souffrance.

      Au bout d'une heure la pluie se calme à l'extérieur tout comme mes pleures. Je décide d'utiliser le peu de force qui me reste pour aller me promener. J'étouffe dans l'appartement, je me plonge encore plus dans la solitude et ne fais que penser à ça. J'ai besoin d'air frais, de croiser des gens et de voir que même si mon monde est réduit à néant depuis plusieurs semaines, il reste encore de la vie à l'extérieur. J'enfile un gros pull à capuche que je place sur ma tête après avoir placé mes écouteurs. Je lance une playlist au hasard et je quitte l'immeuble. L'air est lourd dehors. Le ciel est gris et ne laisse entrevoir qu'une faible lumière. Les gens sont emmitouflés dans des grands manteaux et marchent rapidement. Ils évitent tous le mauvais temps alors que je me jette en plein dedans.

Lost Hearts ➳ CamrenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant