LE FORT DÉCHU

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Un bruissement d'ailes, une mélodie presque chaleureuse, un brin de vent campagnard.
Le murmure qui parvient à mes oreilles est historique.
Les ruines sur lesquelles je me trouve me racontent une histoire, leur histoire.
Cette histoire est la mienne. L'histoire d'une bataille intérieur qui dure depuis des siècles dans un monde où le chaos n'a de cesse de proliférer et de s'étendre.
Un jour, une nuit, je me suis réveillé le cœur lié aux yeux d'un être.
Un être aussi beau que le chrysanthème qui borde le pré.
Vois-tu cher enfant, avant que l'astre diurne ne darde le monde de ses rayons transperçants, je suis tombé.
J'ai perdu une bataille face à cet être sublime qui par son regard gorgone, m'a immobilisé.
Oh elle était pire qu'une Gorgone. L'attraction du pouvoir de ces yeux qui m'etreignit en une seconde.
Pas de pierre, mais rien que douceur. Torpeur idyllique.

Mais ma fille vois-tu, le bonheur que cet être instillat en moi ne fut que voile, cachant bien de sombres desseins.
Avant que la lune ne transperce les nuages sombres de la nuit, je tombais une deuxième fois. Mais cette fois ci de douleur.  La douleur fût tel que je me sentis partir.
Ma fille vois tu? Je ne suis aujourd'hui qu'un hère , chevauchant le monde dans un esprit plus vaste que l'univers, le cœur déchiré, sans espoir de rédemption. Ma poitrine lacérée par de nombreuses griffures plus que physique. Je les sens se mouvoir sous ma peau. S'insinuer, puissantes et sourdes dans mon sein.
J'étouffe chaque jour, perdant de la verve a chaque minute.
Je suis ombre depuis ce jour. Ce jour où ces ruines nous renvoient.
L'histoire fut brève et longue. Une déflagration, des cris et des pleurs et je sombrait en effet dans la perte énorme qui fût mienne jusqu'à ce jour.
Petite fille, vois-tu ? Ta mère, cet être resplendissant qui te donna le jour nous fût enlever ce jour. Et son ombre, éternel écho de ce lieu est la douce voix qui murmure à tes oreilles. Écoute là petit enfant. Tends l'enclume et tu pourras ressentir sa chaleur à travers ton cœur.
Elle est là toujours là. C'est ici que tu pourras toujours la rejoindre quand tu en auras le plus besoin. 
Entends son chant et ne pleure plus. Écoute la t'appeler et réponds à son murmure. Dépose cet orchidée sur ce galet et allons nous en.
Le ciel s'assombrit déjà et nous avons une longue route à faire. Oui une longue route vers la vie.

Muses et MédusesWhere stories live. Discover now