(2.2) numéro 6

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[▸] 2.2 Vous avez sélectionné l'interaction éteindre la télévision.
Si votre choix s'est porté sur une autre interaction, veuillez vous référer immédiatement au chapitre suivant : 3.0


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C'est bon, CLOUD, laisse tomber.

"Très bien. Je vous fais couler un café dans la cuisine." Cette dernière phrase lui arrache un sourire enfin, avec le doux son de la machine à café qui s'allume et remplit automatiquement le mug au logo One Bite, juste en dessous. Alors, Ryan se relève péniblement, comme s'iel devait supporter le corps d'un tricentenaire - et encore, la plupart ne grincent même plus aujourd'hui. Iel se traîne jusqu'à la cuisine, passant furtivement devant le miroir du salon : Un grand cadre noir encastré dans toute une partie du mur, du sol au plafond. Une histoire de profondeur, pour rendre la pièce plus grande, il paraît. Mais lui apprécierait sûrement davantage de n'avoir à jamais croiser son reflet éreinté aussi souvent dès qu'iel le traverse pour rejoindre la cuisine et son café.

Ses vêtements de travail toujours sur le corps, iel n'a retiré que sa veste et ses chaussures. Son pantalon noir moulant en élasthanne s'accorde parfaitement avec son polo : Jusqu'aux détails des coutures et du fameux logo blanc. L'uniforme complet n'est obligatoire qu'en service, mais Ryan oublie souvent de s'en défaire après ses tournées, comme les matières sont confortables et qu'iel est de toute façon trop épuisé pour trouver le courage de se changer tout de suite. Au plus tôt, le soleil ne se lève que dans quelques heures, alors iel aura bien le temps de se doucher et de récupérer un peu de sommeil avant que les premiers rayons ne viennent le déranger. "Le soleil se lèvera à sept heures quarante-deux précisément. Souhaitez-vous programmer vos fenêtres Phantasm Hologram pour profiter davantage des bienfaits de l'obscurité prolongée sur votre sommeil ?" Ryan fronce un peu les sourcils comme cette manie qu'elle a de presque toujours lire dans ses pensées l'agace autant qu'elle le fascine.

- Oui, s'il te plaît. Programme le lever à 10h.

La petite mélodie de CLOUD retentit et, même si la différence n'est que peu perceptible à cette heure, les fenêtres et baies vitrées de l'appartement se couvrent d'un voile plus sombre, protégeant ainsi totalement le petit logement des nuisances lumineuses de la ville et du jour à venir. "C'est fait."

- Le café est vraiment dégueulasse... Iel ne peut s'empêcher de lâcher en grimaçant, même avec l'habitude de ce jus de chaussette. "Vous n'avez que du café soluble de très mauvaise qualité." Je sais.

Malgré le goût désagréable, Ryan prend chaque gorgée de la boisson chaude comme un semblant de réconfort. Ses jambes lourdes le mènent doucement jusqu'à l'une des baies vitrées teintées, et iel observe là l'hologramme qui lui présente une image améliorée de la ville. D'ici, les néons sont éteints, les couleurs atténuées au maximum pour mieux se camoufler dans la nuit ; le ciel noir est parsemé d'étoiles, la lune est presque pleine. Il n'y a personne dans les rues, rien qu'une vue reposante, douce, un silence total, avec un café fumant dans les mains. Sans ce filtre indispensable au moindre logement, Hypsoline semblerait bien moins vivable. Derrière l'illusion, les rues sales et cassées ne s'éteignent jamais des néons clignotants aléatoirement, tant ils sont mal entretenus. Le ciel de la ville n'a pas d'étoile, on perçoit à peine la lune entre deux immeubles. Caché derrière la vitre teintée, tout ce qui se promène dans les rues sombres est invisible. Ils sont pourtant bien là, ceux qui errent toute la nuit à la recherche des quelques établissements encore ouverts à ces heures, ou bien vouant leur éternité à toutes sortes d'activités - légales ou non.

En portant le mug blanc à ses lèvres, Ryan jette un regard à la porte d'entrée ; tous les appartements sont blindés, tous les verrous sont automatiquement enclenchés. Il n'y a aucune raison de craindre quoi que ce soit ici, tout est fait pour la sécurité des citoyens. Les journaux télévisés ont toujours tendance à prétendre le contraire, dépeignant les côtés les plus sombres et les plus monstrueux d'Hypsoline : c'est la raison pour laquelle iel a choisi de ne plus les écouter. Parce que les clients qu'iel croise chaque jour, ses patrons, et même n'importe qui quand iel fait ses courses ; rares sont ceux qui ont seulement daigné lui adresser le moindre regard. En vérité, ceux qui sont là dehors à cinq heures du matin, ne sont sûrement que sur le chemin de leur travail, en retour de soirées trop arrosées, pressés de retrouver un'e amant'e... Qui sait à quel point Hypsoline peut être banale.

 Il n'y a aucune raison d'avoir peur.

Une fois le café terminé et le mug rangé dans le lave-vaisselle, Ryan se faufile jusqu'à la salle de bain. Iel se libère des couches de vêtements One Bite et soupire de satisfaction en sentant l'eau chaude couler dans son dos, immédiatement à parfaite température. Merci, CLOUD. Ses muscles endoloris se détendent enfin, la pollution, les impuretés, la fatigue, tout s'écoule jusqu'au siphon de la douche et iel se sent tout de suite plus léger quand iel enfile son pyjama pour se glisser dans les draps propres de son lit.

"Bonne nuit, Ryan."

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FIN DE LA PROGRAMMATION

[▸] Rendez-vous directement au chapitre 3.0

hypsolineNơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ