chapitre 28 ◌ vengeance

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— Bon, tu voulais qu'on parle, non ?

Sans prendre la peine de masquer son agacement, Ophelia s'arrêta lorsqu'ils furent enfin dans le salon désert des Galliard et croisa les bras sous sa poitrine. Porco sortit les mains des poches de son blouson et en passa une dans ses cheveux, cherchant les mots appropriés. Son comportement intriga la jeune femme. S'il avait insisté pour qu'ils se trouvent à l'abri des oreilles trop curieuses, alors...

— Je sais que tu m'as dit que c'était pas la peine de m'excuser, mais je pense que je dois quand même le faire, avoua-t-il avant de prendre un moment pour se préparer à affronter le regard de sa camarade. Je suis désolé, Lia. Et si Aida était là, je m'excuserais auprès d'elle aussi.

Surprise, la traîtresse se redressa sans le quitter des yeux.

— J'ai jamais cru qu'Aida s'était suicidée, reprit Porco. J'étais juste en colère contre toi. Mais on sait tous les deux qu'elle a été tuée pour une raison et qu'on peut rien y faire.

— Ah, tu me sous-estimes encore.

— Non, je suis juste un idiot qui pense encore que tu peux gagner en sagesse, mais c'est une autre histoire. Aida a été tuée, mais tu peux pas attendre de moi que je l'avoue devant tout le monde ou que je confronte l'armée pour ça. Je l'aimais aussi énormément, je l'ai traitée comme si c'était ma sœur, mais j'ai déjà perdu Marcel et j'attirerai pas plus d'ennuis à mes parents.

— Je comprends, acquiesça Ophelia. Et j'ai jamais attendu de toi que tu le fasses. Juste que tu me croies.

— Je te crois, affirma Porco sans hésiter.

Loin d'être dupe, elle soupira d'ennui.

— Mais..?

— Ne cherche pas à te venger.

Cette simple réclamation la fit sourire. Pas de manière sincère, mais bien avec l'insolence et la malice qui lui étaient propres. Le jeune homme fronça les sourcils, soucieux.

— Ce que je fais ne te regarde pas.

— J'aimerais bien que ce soit vrai, rétorqua-t-il en serrant les dents. Mais c'est pas le cas, et j'ai passé toute mon enfance et mon adolescence à te regarder t'attirer tous les ennuis du monde ou à te croire morte, donc je serais pas contre un peu de changement. C'est trop demander ?

— Oui, répondit Ophelia comme s'il s'agissait d'une évidence. Tu crois que je vais juste oublier la mort de ma sœur et continuer à vivre comme si de rien n'était ?

— Tu sais que je devrais te dénoncer pour ce que t'es en train de dire, pas vrai ? Je devrais le faire.

— Mais tu le feras pas.

— Pourquoi est-ce que je le ferais pas ?

Amusée, elle quitta sa position pour s'approcher et poser ses deux mains à plat contre la surface de la table à manger, le regard planté dans le sien.

— Parce que tu sais que la mort d'Aida était injuste et que, même si tu restes loyal à Mahr pour ta famille, tu serais pas contre voir les responsables payer pour ce qu'ils ont fait. Et tu préférerais aussi éviter que je me fasse exécuter, ajouta-t-elle après un instant d'hésitation.

Porco se renfrogna sans pouvoir s'en empêcher, contrarié d'être si facile à déchiffrer. Elle avait toujours été ainsi, mais au bout de quatre ans sans l'avoir vue à l'œuvre, il avait fini par oublier à quel point elle était observatrice et perspicace.

— Je déteste quand tu fais ça.

— Il y a quelque chose que tu détestes pas ? ironisa Ophelia en se redressant.

𝐑𝐈𝐒𝐄 𝐀𝐍𝐃 𝐅𝐀𝐋𝐋.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant