𝐑𝐈𝐒𝐄 𝐀𝐍𝐃 𝐅𝐀𝐋𝐋.

chapitre 38 ◌ combat

Alertés par l'agitation plus que bruyante au-dessus de leurs têtes, les soldats issus de la 104ème brigade furent surpris de percevoir le son de pas précipités dans le sous-sol. Jean s'approcha des barreaux et fronça les sourcils à la vue du visage soucieux d'Ophelia qui venait de courir jusqu'ici. Elle était déjà équipée et visiblement pressée de retourner à l'extérieur.

— Allez, vous vous êtes assez reposés, vous tous ! plaisanta-t-elle nerveusement tout en enfonçant la clé dans la serrure.

— Ophelia, qu'est-ce qu'il se passe là-haut ?

— Il se passe que Mahr a décidé de riposter plus tôt que prévu. Au programme : environ cinq cent soldats je dirais, en plus du Mâchoire, du Cuirassé et du Charrette. Eren est en train d'affronter tout ce petit monde seul, donc vous allez sortir de là et aller l'aider comme vous savez si bien le faire.

Son air faussement amusé derrière lequel elle tentait de cacher son inquiétude disparut lorsque la grille s'ouvrit et que deux mains agrippèrent ses épaules. Le dos de la jeune femme ne tarda pas à cogner le mur le plus proche, mais elle ne cilla pas et soutint le regard noir de Conny d'un regard d'autant plus assassin.

— Aller l'aider ? répéta-t-il. Pourquoi il nous a fait enfermer s'il a besoin de notre aide, hein ? Et tu crois qu'on va t'obéir à toi, sale traîtresse de mes deux ? Tout ce que tu veux c'est que ton enfoiré de copain survive, t'en n'as jamais rien eu à foutre de nous et du reste de l'île alors arrête de faire la fille sympa ! Tu les laisses contrôler tout le monde avec leur vin empoisonné et tu veux les aider à tous nous rendre stérile, et tu te fais passer pour notre pote en plus de ça ?!

— J'étais pas au courant pour le vin jusqu'à aujourd'hui, rétorqua Ophelia. Et j'ai jamais été pour cette idée de stérilisation, alors évite de prétendre savoir ce que j'ai en tête.

— Tu fais que changer de camp, de toute façon ! J'en peux plus, ras-le-bol des trahisons ! D'abord Reiner et Bertholdt ! Annie ! Eren ! Et toi qui as prétendu être notre amie pendant quatre ans avant de te remettre à faire n'importe quoi ! Trop, c'est trop !

Compréhensive, la jeune femme le laissa exprimer sa colère et sa peine. Les larmes lui en étaient montées aux yeux, de frustration, de fatigue. L'image du gentil Conny aux blagues douteuses qu'elle avait connu à son arrivée sur l'île lui revint et elle le couvrit d'un regard désolé. Lui aussi avait été forcé de changer, comme beaucoup d'autres. Les pertes d'amis, de sa famille, de celle qui avait été comme une sœur pour lui... Tout cela l'avait mené à emmagasiner trop d'émotions négatives qu'il ne savait plus contrôler.

— C'est vrai, je peux être compliquée à suivre, avoua Ophelia. Comme vous tous, j'ai grandi au milieu d'un monde cruel qui m'a forcée à devenir ce que je suis aujourd'hui. Mais ça veut pas dire que vous n'êtes rien à mes yeux. Si Eren perd ce combat là-haut, c'est toute l'île qui sera anéantie. Plus que l'île, ce sera la fin du peuple Eldien. Je suis venue ici en disant que j'étais une Eldienne prête à défendre l'entièreté de son peuple, et c'est toujours ce que je suis. Les guerriers pensent peut-être être à l'abri, mais viendra le jour où Mahr n'aura plus besoin d'eux, et ce jour-là, s'ils ont l'Originel sous la main, ils extermineront pour de bon ce qu'il reste du peuple d'Ymir.

La prise de Conny sur elle se fit moins forte. Jean l'incita à la lâcher d'une main réconfortante sur l'épaule tandis qu'elle tournait la tête vers les deux meilleurs amis d'Eren.

— Armin, je sais que le sort de Paradis et du reste du monde t'importe. Mikasa, continua-t-elle quand le blond acquiesça sans savoir besoin de recevoir plus d'arguments, tu sais que cette armée ne peut rien faire sans toi, encore moins avec le caporal Levi aussi loin du champ de bataille. Je sais pas ce qu'il s'est passé au restaurant ni ce qu'Eren vous a dit, mais si vous en avez cru ne serait-ce qu'un seul mot, c'est que vous l'avez mal cerné. Pourquoi est-ce qu'il se bat encore en ce moment même, à votre avis, si c'est pas pour vous ?