Chapitre 9 - L'enfer est dans le pré

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« Nous fuyons devant nos peurs comme le cheval devant son ombre : nous ne pouvons jamais les distancer. Mais en cessant de fuir nous cessons de les nourrir. »

Christophe André.

***

En ouvrant mes volets ce matin je vis que les chèvres étaient déjà dans leur petit parc derrière la maison, ma mère à un rendez-vous important ce matin, elle a dû les sortir avant de partir.

J'avais fait mes devoirs jusqu'à tard la veille pour être tranquille le week-end, je me suis forcée à faire des exercices de maths. Je dois avoir des tendances masochistes, éprouver du plaisir à me faire souffrir et en tirer une certaine satisfaction quand je résolvais les exercices. Sauf que je suis toujours en retard, j'avais seulement compris les exercices qu'on avait fait en début de chapitre, on est encore loin de ceux du contrôle...

J'ai donc décidé que ce matin c'était grasse mat' jusqu'à 10h.

En descendant prendre mon petit déjeuner je vis que ma mère avait laissé un mot sur le frigo à l'attention de mon père qui ne travaillait pas le samedi après-midi.

« N'oublie pas d'acheter des œufs, biz Alicia »

Il faudrait qu'on ait des poules, ça pourrait être pratique tiens...quoi que... à bien y réfléchir ça serait trop de bordel... 2 chèvres c'est déjà beaucoup...

***

En arrivant au club aux alentours de 11h15, je vis Marine de loin dans la carrière, elle m'avait vu arriver et je lui fis un signe de salutation.

Mission du jour, Kriger...

J'allais voir Maxime qui je l'espérais était dans son bureau.

Il était devant son ordinateur avec ses lunettes noires sur le bout du nez tel un papy qui lisait son journal. Olive était à ses pieds dans son panier en train de dormir en boule.

Adorable...

- Salut, je viens d'arriver

- Ah Eléa ! Tu t'occupes de Kriger ce matin ?

- C'est l'idée... réponds-je peu sur de moi

Si ce n'est pas lui qui s'occupe de mon cas avant...

- Tu le mettras au paddock quand tu auras fini

- Ça marche...

Je me taisais quelques secondes ne sachant pas si je devais poser la question.

- Toujours aucune trace de son propriétaire ?

- Non, aucune... j'ai vu avec les services sociaux, il restera ici jusqu'à ce qu'on le retrouve, je peux l'utiliser comme un cheval de club mais bon... vu la bête on ne va pas tenter le diable...

- Et si on ne le retrouve jamais ?

- J'espère bien qu'on va le retrouver ! Il me coute un bras ! Grogna-t-il

Effectivement, Kriger à une ration spécifique pour l'aider à reprendre, on a déjà dû remplacer 2 lattes de son box, plus les soins vétérinaires quand il est arrivé...

Lorsque j'arrivais devant le box de Kriger avec le surfaix et l'enrênement celui-ci secoua la tête de haut en bas comme s'il avait compris ce que j'allais lui demander.

J'avais décidé de le longer avec des élastiques pour lui faire faire un peu d'exercice et qu'il reprenne des muscles au niveau du dos.

Il était toujours assez craintif, j'avais pris l'habitude de lui raconter ma vie pendant le pansage et je m'amusais à changer la tonalité de ma voix pour voir ses oreilles bouger dans tous les sens.

Dans son regardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant