3. La discussion

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1122 mots

Bonjour !

Il est très tôt ; mais comme j'avance assez bien, et que j'ai hâte de lire vos prochains retours, je poste pour mes lecteurs tardifs (ou matinaux, selon le point de vue).

Écrire ce chapitre m'a donné envie de manger des spaghettis... Vous comprendrez pourquoi après l'avoir lu.

It's l'apparition de Niall, my friends !

Je n'en dis pas plus.

Bonne lecture !

* * * * *

Zayn claqua - enfin - la porte d'entrée de son chez-lui . Il n'avait eu ni la force, ni le courage de la retenir ; ce qui mit aussitôt Niall, son petit-ami, en alerte.

En vérité, il était son mari. Mais Zayn trouvait toujours aussi distrayant de le qualifier comme tel, et de voir les joues de son petit-ami rougir lentement, comme les adolescents qu'ils n'étaient plus.

Mais vieillir avait ses avantages.

Désormais, il vivait ensemble, dans un appartement qui n'était qu'à eux. Plus de chambres étudiantes miteuses, ni de parties de jambes en l'air interrompues par l'arrivée d'un colocataire. C'était leur nid, leur chez-eux, et ni l'un ni l'autre n'aurait échangé leur existence, contre quoi que ce soit.

Mais une part de leur bonheur semblait manquer à l'appel.

- Bonsoir, chéri.

Niall vint l'embrasser avec tendresse, son inquiétude inscrire dans son regard. Zayn afficha un pâle sourire : il aimait comment ces mots, typiques de la petite ménagère, sonnaient dans la bouche de son homme. Son homme.

- Tout s'est bien passé ?

Si son mari le demandait sur ce ton, c'est qu'il n'était pas dupe : non, tout ne s'était pas bien passé. L'infirmier avait besoin de vider son sac. Et le blond le savait pertinemment.

Ils s'installèrent sur le large canapé en cuir, après un signe d'invitation de Zayn. Sa veste encore sur le dos, il se pencha en avant, les coudes sur ses genoux et ses doigts entrelacés. Un silence, loin d'être gênant ou inhabituel apaisant -, flotta entre eux, avant qu'il ne se décide à parler.

- Il y avait un petit bonhomme, cette nuit, dans le service. Un Ssoc. (Niall fit la grimace.) Je n'arrive même pas à imaginer ce qu'il aurait bien pu vivre pour être dans cet état ; et je suis sûr que ce serait encore dix fois moins pire que ce qu'il a vraiment vécu. Il a de ces traces sur le corps, Ni... Mais ce n'est même pas le pire.

La gorge serrée, l'infirmier peinait à continuer ; il se sentait sur le point de craquer, de fondre en sanglots, comme son petit protégé. Pourtant, il avait envie, besoin de raconter, de partager sa peine. Leur peine.

Et il savait que Niall lui prêterait toujours une oreille attentive, compréhensive, sans pour autant être autant touché que lui par tout cela. Il avait le bénéfice de la distance.

Même s'il ne l'aurait jamais traité de menteur, ni seulement pensé qu'il exagérait, qu'il se faisait passer pour victime... C'était loin d'être son genre ; Niall pouvait en quelque sorte décider que ces récits n'étaient que... des histoires. Comme celles qu'il inventait pour les enfants.

Et si l'émotion de Zayn était palpable, tangible ; son mari savait qu'il était assez fort pour le surmonter. Autrement, il n'aurait pas choisi cette voie, ou vite abandonné.

Mais comme tout être humain, il avait parfois besoin de se décharger, pour mieux recommencer.

- Il était là, tout tremblant dans mes bras, alors que le médecin ne l'avait même pas encore touché. Et il s'est jeté dans mes bras, comme si sa vie en dépendait. C'était juste...

Inattendu. Comme l'envie ; non, la nécessité, de protéger ce petit être de tout ce qui pourrait l'effrayer. Le temps qu'il se reconstruise, qu'il apprenne que ce qu'était le véritable sens du verbe vivre, bien différent de ce qu'il avait dû vivre jusqu'alors. Mais Niall l'interrompit dans ses pensées.

- Trop. C'est le mot que tu cherches. C'était trop pour toi, d'un seul coup...

- Non. Pas trop. Enfin, ce n'était pas négatif...

Constatant qu'il se perdait dans ses propres explications, Niall émit un petit rire, peut-être un peu nerveux. C'était aussi ce Zayn, le Zayn torturé, qu'il aimait et avait décidé d'épouser. Ce Zayn qui se préoccupait davantage des autres, d'illustres inconnus, que de lui-même parfois, souvent.

- Je voudrais simplement pouvoir faire quelque chose.

- Je sais, mon ange. Mais tu restes un être humain comme les autres.

Ses paroles eurent l'effet escompté. L'infirmier répétait souvent cette même phrase à son petit-ami, lorsqu'il se sentait accablé de ne pas être parvenu à quelque chose. C'était un joli retour d'ascenseur, gentiment taquin.

Leur complicité, loin de se faner au fil des années, se renforçait. Qui aurait pu rêver couple plus parfait ?

- Saches seulement que si tu peux faire quoi que ce soit pour l'aider, je te soutiendrai, Zayn Malik-Horan.

- Et saches seulement que je t'aime, Niall Malik-Horan.

L'infirmier s'était redressé le sourire aux lèvres, et était désormais penché sur le blond, ne retenant son corps qu'à la force de ses bras, tendus au-dessus des accoudoirs du fauteuil dans lequel était installé Niall. Son préféré, au passage.

Il posa un long baiser sur les lèvres du plus jeune, avant de s'étirer et de retirer sa veste, déjà en chemin vers la cuisine. C'était après ses gardes de nuit qu'il avalait le plus, avant de s'écrouler de sommeil dans le lit conjugal. Mais Niall avait tout prévu.

- Les stores de la chambre sont tirés, et il y a assez de reste de spaghettis pour nourrir un régiment !

Le blond haussa la voix pour être sûr d'être entendu de son amant. Celui-ci lui répondit sur le même ton, la bouche déjà pleine :

- Merchi chéri !

- Zayn...

- Sorry, Mommy.

Revenu, le brun planta un regard amusé dans celui de son compagnon, une fourchette plantée dans le tupperware qu'il tenait à la main.

Il se laissa choir dans le grand canapé en cuir pour la seconde fois de la journée. Le soleil quittait lentement son zénith, Niall avait déjà déjeuné et lui allait passer la soirée à roupiller. Ce qu'il détestait ses horaires décalées, parfois.

- Je vais dormir une heure ou deux, et après, on pourra...

- Une ou deux heures ? Tu as travaillé toute la nuit, tu as besoin, et mérité une nuit complète de sommeil. Peut-être même deux, vu ta tête...

Le blond manifesta une surprise, teintée d'un léger dégoût, en dévisageant son mari. Son expression était cependant bien trop exagérée pour que Zayn ne le pense sincère une seule seconde.

- Ma tête, hein ? Et qu'est-ce qu'elle a, ma tête, je peux savoir ?

L'infirmier s'était redressé, et trop calmement pour que Niall se sente en sécurité. Il approchait lentement, non plus las, mais joueur, voire prédateur. Et il plongeait la main dans le tupperware qu'il lui avait soigneusement mis de côté.

Il savait ce que cela signifiait.

Non...

Trop tard.

Et tandis que Zayn replongeait dans ses travers d'adolescent, qui avait déclenché plus d'une bataille de nourriture dans la cafétéria de son lycée, Niall ne put s'empêcher de s'estimer chanceux de partager son quotidien avec une personne si dévouée aux autres.

Il savait sa chance.

Et il priait pour que cela dure toujours.

A ChanceWhere stories live. Discover now