Chapitre 10

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 Fébrile et tremblante après l'agression qu'elle venait de subir, Mélandrie resta un long moment dans la salle de bain, totalement immobile dans l'eau. L'incompréhension se mêlait aux nombreuses questions qu'elle se posait et le sentiment que cet endroit n'était pas sûr pour elle était revenu au grand galop.

L'identité d'Anidanya ne faisait plus aucun doute pour elle. La femme d'Amyr était sans aucun doute une ange renégate dont les ailes avaient été coupées. Malgré tout, cela n'expliquait qu'en partie pourquoi elle avait agi ainsi. Peut-être croyait-elle qu'un dieu avait envoyé Mélandrie à ses trousses pour la retrouver et la punir de s'être alliée aux démons, supposa-t-elle.

Mais à part ça, comment pouvait-elle affirmer avec autant de conviction qu'elle était un ange ? Son âme ? Non, d'après Scyllia et Malacine, seuls les dieux et les prétendants qui avaient un lien avec la vie pouvaient voir l'âme de ceux qui les entouraient. De plus, d'après les dires de ses amis, la sienne avait une couleur bien spéciale vu que le rose était celle des archanges qui servaient les premiers dieux. Même son père ignorait une telle chose, alors si Anidanya avait le pouvoir de voir les âmes, elle aurait trouvé pu trouver cela étrange, mais en aucun cas faire le rapprochement avec ses origines.

Tout ceci lui fit ressurgir une question qui l'avait empêché de dormir pendant des nuits entières. Était-elle un ange, ou un démon ? Elle l'écarta cependant rapidement de son esprit. Si elle n'avait pas réussi à trancher alors qu'elle était au calme dans son lit, elle ne le pouvait certainement pas dans un tel état émotionnel.

Le rendez-vous imposé par Anidanya était aussi très étrange. La jeune démone ne se faisait pas d'illusion, elle savait qu'elle n'avait pas d'autres choix que de se rendre dans le jardin. Si elle refusait, la maîtresse des lieux la renverrait, au mieux, du palais, ce qui voulait dire pour Mélandrie une mort lente après une longue agonie.

Pourquoi avait-elle interrompu son interrogatoire ? Non pas que la jeune démone aurait préféré, mais elle était en position de force, alors pourquoi le repousser ? Pourquoi lui montrer ses cicatrices et lui laisser l'occasion de s'enfuir, même avec le poison dans ses veines ?

Ces questions ne trouvant que rarement une réponse en y réfléchissant par elle-même, Mélandrie finit par reprendre contenance et se décida à aller à la rencontre de celle qui voulait peut-être sa mort.

Une fois sortie du bain et séchée, la jeune démone tendit sa main vers ses habits et s'interrompit. Elle devait aller à l'extérieur, mais n'avait ici que des vêtements qui empestaient les produits alchimiques ou une robe de nuit légère bien plus adéquate pour aller se coucher que pour se rendre dans un jardin.

Mélandrie secoua alors la tête pour remettre ses idées en place. Pourquoi penser à une chose aussi futile dans un moment pareil ? Après s'être ressaisie, la jeune démone enfila la robe du nuit, principalement parce que les odeurs des autres vêtements la dérangeaient, puis mit ses bottes avant de sortir de la salle de bain en laissant le reste de ses affaires dans un panier où se trouvaient déjà d'autres vêtements.

Dans le palais, la jeune démone ne croisa personne mis à part quelques serviteurs qui ne lui accordèrent pour la plupart pas un regard ou, à deux reprises, lui demandèrent si elle avait besoin de quelque chose en particulier. Après tout, leur question était compréhensible vu qu'elle se baladait dans une tenue légère portée uniquement dans une chambre ou bien juste sur le chemin qui sépare cette dernière à la salle de bain.

Même si elle avait envie de leur hurler que oui, elle avait besoin d'aide parce que leur maîtresse avait essayé de la noyer, Mélandrie ne révéla rien de sa situation et assura que tout allait bien et qu'elle ne faisait qu'un petit tour avant d'aller se coucher.

Mélandrie Tome 2 : Le plan démoniaqueWhere stories live. Discover now