Chapitre 14

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 La décision prise de laisser choisir Mélandrie quant à la présence de Kimiri pour la mission, le couple de dirigeants se leva et sortit du salon, laissant la jeune démone seule. À quoi jouaient-ils à lui faire un tel coup bas ? Il était totalement hors de question qu'elle force son ami à risquer sa vie. D'un autre côté, s'il n'y allait pas, des vies seraient sans doute perdues.

Tiraillée par ce choix, elle resta un long moment dans le salon avec Wisha comme seule compagnie. Le chien démoniaque avait d'ailleurs senti que quelque chose n'allait pas et était spontanément venu à elle, comme un chien normal qui s'inquiéterait pour son maître.

Finalement, après y avoir pensé pendant près d'une heure tout en caressant Wisha, Mélandrie se décida enfin à sortir. Elle s'était souvenue d'une chose primordiale qui avait fini par faire pencher la balance. À son premier jour au palais du prince, elle avait promis à Kimiri que jamais elle ne l'obligerait à faire quoi que ce soit.

Elle ne comptait malgré tout pas abandonner la vie de ceux qui allaient se battre contre un tel monstre et s'était décidée à tenter de le convaincre d'être volontaire pour y aller de lui-même, avec elle. Il ne restait plus qu'à le retrouver et lui parler.

D'après les personnes qu'elle croisa dans les couloirs et qui l'avaient aperçu, le petit démon n'avait même pas cherché à se cacher dans le palais et avait directement couru vers la sortie. Avec l'avance que son hésitation lui avait donné, il pouvait se trouver n'importe où, mais heureusement, Wisha n'avait pas son pareil pour le pister et la conduisit sans aucune hésitation à l'endroit où il devait être.

Même sans l'aide du chien démoniaque, elle aurait de toute façon fini par le retrouver, se dit-elle en voyant que le flair de l'animal l'avait conduite à la cabane du petit démon. Bien qu'il ne s'y rende que très rarement depuis qu'il avait une chambre dans le palais, elle avait tout de même été reconstruite par les démons à la solde de Bahia et il s'y rendait parfois en quête de solitude. En somme, c'était un endroit incontournable pour quiconque le cherchait.

Mélandrie n'y était pas retourné depuis sa destruction et découvrit donc à quoi elle ressemblait. Visiblement, ils s'étaient contentés du strict minimum et avaient juste fait en sorte que l'assemblage de planches pourries ne s'effondre pas sur lui-même. En bref, elle était exactement comme celle d'avant.

Vu la peur qu'il devait ressentir, il ne fallait surtout pas le brusquer, se dit-elle. De ce fait, plutôt que d'entrer, la jeune démone toqua doucement à la porte. Les trois coups qu'elle avait donnés étaient suffisamment forts pour qu'il les ait entendus, mais tout de même assez faible pour qu'il ne pense pas que ce soit quelqu'un qui lui voulait du mal.

Malgré cette précaution, elle n'entendit aucun son qui provenait de l'intérieur. Wisha semblait pourtant formel et continuait de renifler sous la porte. Il était bel et bien là. Sans perdre patience, elle réitéra l'opération et attendit de nouveau.

— Moi pas là ! Ici personne ! Passer plus tard ! entendit-elle.

— Kimi, c'est moi, ouvre s'il te plaît.

— Kimiri pas là ! Insista-t-il.

— Je te promets qu'il n'y a que moi et Wisha. Ouvre, implora-t-elle.

Un instant de silence plus tard, Mélandrie entendit son ami manipuler le crochet qui fermait la porte, puis ouvrit avant de retourner s'allonger, en boule, sur la couverture miteuse posée par terre. Le voir ainsi, entre malheur et désespoir fendait le cœur de la jeune démone.

Après avoir laissé entrer le chien démoniaque, Mélandrie referma la porte et alla s'installer à côté de Kimiri. Elle ne voulait surtout pas le brusquer et savait qu'il allait finir par lui parler, donc attendit, silencieusement, qu'il se livre à elle.

Mélandrie Tome 2 : Le plan démoniaqueWhere stories live. Discover now