Chapitre 18

608 118 38
                                    

 Après une journée entière de voyage, tandis que le ciel rouge avait laissé sa place à l'obscurité, le convoi s'arrêta pour la nuit. Étonnée qu'ils agissent encore comme le feraient les humains dans une telle situation, Mélandrie avait fait part de cette interrogation au prince.

La raison était finalement plus naturelle que sa lubie de vouloir tout faire comme les humains. Les bêtes qui tractaient les charrettes, bien que rapides, puissantes et endurantes, faisaient partie des rares créatures de ce monde à ne pas pouvoir voir la nuit. Elles étaient malgré tout faciles à domestiquer, ce qui en faisait les bêtes de transport par excellence.

Cette pause n'était de toute façon pas pour déplaire à la jeune démone. Dès qu'elle fut sortie de la voiture, Mélandrie s'étira longuement, puis se mit à marcher pour se dégourdir les jambes, endolories après une journée entière passée assise.

De plus, cela lui permit de s'écarter un peu du prince. Non pas qu'elle ne l'appréciait pas, mais comme elle l'avait craint, tout le voyage avait été ponctué de petites remarques et insinuation sur Mahat et elle. Le pire dans tout ça était qu'elle ne pouvait absolument rien dire vu que son partenaire de combat se trouvait aussi à côté et qu'il n'aurait pas compris pourquoi elle se serait énervée.

Finalement, cette pause était plus que bienvenue, pensa-t-elle en soupirant après avoir repensé à toutes les allusions du prince. C'était aussi l'occasion de revoir un peu Kimiri avec qui elle n'avait que très peu parlé le matin.

Elle n'eut d'ailleurs pas à attendre bien longtemps avant de le retrouver. Dès qu'elle s'était éloignée de la voiture, elle aperçut Wisha, suivi de son ami, qui courraient dans sa direction. Le chien démoniaque lui sauta presque dessus et posa ses pattes avant sur ses épaules avant de lui lécher le visage.

— Il va vraiment falloir faire quelque chose pour ton haleine, grimaça-t-elle en retenant sa respiration. Allez, calme-toi un peu mon grand.

Sans qu'elle n'ait besoin d'en dire plus ou de hausser la voix, Wisha retomba sur ses quatre pattes, puis s'assit devant elle. La langue qui pendait de sa gueule et sa queue qui fouettait la terre et soulevait de la poussière derrière lui trahissait cependant sa joie de l'avoir retrouvée.

— Tu es bon pour devoir reprendre un bain, constata la jeune démone en caressant l'animal dont le pelage était redevenu en grande partie noir aux reflets rouge.

— Ça normal, lui courir toute la journée, expliqua Kimiri.

— Et tu es presque dans le même état que lui, remarqua Mélandrie.

— Moi faire voyage sur Wisha.

— Tu n'aurais pas préféré voyager avec les autres ? Ça aurait été plus confortable.

— Moi habitué. Avant trouver toi, moi souvent voyager comme ça. Moi préférer ça.

— Eh bien tu as de la chance. Si j'avais pu, j'aurais bien fait le voyage avec vous deux.

— Toi pas bien dans caisse qui roule ?

— L'intérieur est confortable, mais les conversations qui s'y passent le sont moins. Je ne sais pas quelle mouche a piquée le prince, mais j'ai l'impression qu'il essaie de me trouver un partenaire.

— Mahat pas partenaire à toi pour combat ?

— Pas partenaire dans ce sens là, souffla la jeune démone.

— Oh ! Moi croire comprendre.

— D'ailleurs... réfléchit Mélandrie en observant les alentours. Je reviens dans un instant, il faut que je parle à quelqu'un. Ne va pas t'en prendre à Mahat , d'accord ?

Mélandrie Tome 2 : Le plan démoniaqueWhere stories live. Discover now