𝑺𝒕𝒖𝒄𝒌 𝒐𝒏 𝒀𝒐𝒖 | KM7

19

Mai 2020
Hisaé, Honshū, Japon

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– Les infos annonces une mauvaise météo au sommet du mont, t'es sûr de vouloir y aller ? questionne Naïka.

J'hoche la tête en passant mes chaussettes à mes pieds.
Rien ne m'empêcherait de me débarrasser de ce fardeau, il est temps.
Je crois que c'est le moment de véritablement faire mon deuil, si je ne verse pas ses cendres maintenant, je ne pourrais jamais le faire. C'est le bon moment, ça fait mal, mais le plus important et d'avancée.

J'ai bien compris que je ne pourrais jamais oublier Andréas. Mais si ça ne dérange pas Kylian et qu'il peut faire avec, alors c'est à moi de faire des concessions. J'ai bientôt vingt-quatre ans, j'ai le reste de ma vie devant moi. Mais j'ai besoin de trouver un point d'ancrage et ce point c'est : Kylian.

– Hisaé, tu sais à peine poser un pied devant l'autre, se plain ma grand-mère. Monter au sommet du Mont Fuji n'est pas la bonne idée !

Je lève les yeux au ciel avant de me révéler et de glisser sur le sol en chaussettes.

– Mais tu m'écoutes ? Baka (1) mais tu prends pour qui ? Hisaé, je n'ai pas envie d'appeler ta mère pour lui dire que tu est morte d'hypothermies ! crit-elle en posant les mains sur les hanches.

Ma grand-mère est une femme assez tyrannique. Elle aime bien avoir le contrôle sur tout, mais le fait que j'aime la rendre folle me pousse à contredire toutes ses recommandations. Le plus important à savoir, c'est que pour énerver mamie Sue, il faut hausser le sourcil, croiser les bras sous sa poitrine et dire :

– Si tu m'avais mis au monde je t'aurais peut-être écouté, lâchais-je parfaitement consciente de l'insolence dont je fais preuve.

Elle fronce les sourcils et son regard devient noir. Naïka hausse les sourcils avant de lever les mains et de sortir de ma chambre. 

Nous sommes à Honshū, ma grand-mère y a un chalet. Bien sûr, elle a tenu à nous accompagner, mais je n'ai pas besoin qu'elle me surveille. Ces cendres seront éparpillées, fin.

– Tu es aussi têtu que ta mère, mais dit moi c'est quoi ton problème ? Les cendres d'Andréas peuvent attendre, ma chérie la météo n'est pas bonne.

– Mamie, je t'aime. Et ne t'inquiète pas, il ne m'arrivera rien, soufflais-je en embrassant son front.

Je me dirige ensuite vers mes chaussures de randonnée et m'assieds sur le lit pour pouvoir les mettre plus facilement.

Bien sûr sous le regard sombre de la japonaise qui ne cesse de m'insulter dans sa langue maternelle.

– Je serais de retour avant la tomber de la nuit ne t'inquiète pas, de toute façon vous aimer toujours tout dramatiser ici.