Chapitre 1 (20) : Solving a knockout problem

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Deux suspects.

De nous quinze, les survivants à cette première étape meurtrière, nous avons réussi à resserrer l'étau autour de deux personnes. Il n'est évidemment pas à exclure que nous soyons entraînés sur une fausse piste depuis le début. Ces deux suspects ne sont après tout basés que sur les informations d'une personne qui pourrait très bien mentir. Mais dans la situation présente, Ansgar a un alibi extrêmement solide. Elle n'aurait aucune raison de falsifier ses rapports. Et ces rapports désignent Aldéric et Moanaura.

L'un d'entre eux.

L'un d'entre eux a tué Sparrow de la manière la plus horrible qui soit.

Et je compte bien découvrir qui et pourquoi.

Les projecteurs s'allument sur eux. Visiblement, Monokuma est d'humeur pour un peu de drama, aujourd'hui. Et la lumière qui les entoure ne met à l'aise ni l'un, ni l'autre. Je vois Aldéric se recroqueviller, et Moanaura jurer en français quelque chose qui ne semble pas très agréable. Je sais pas quoi, elle parle trop bas, et c'est suffisamment rare pour être noté. Mais bon.

L'étau s'est resserré sur eux deux. Malheureusement, aussi loin que vont les preuves...

Il n'y a plus rien.

Je vais devoir les interroger. L'un après l'autre. Et relier au meurtre leurs réponses. Je ne vois pas d'autres solutions.

Les interrogatoires... Je les ai sous la main. C'est le moment de relier leurs réponses.

Je pousse un profond soupir, avant de me mettre à parler en français.

« Aldéric, Moanaura. Je vais devoir vous poser quelques questions, à tous les deux. Histoire de me faire une idée.

— Tu l'as pas déjà fait ? Grogne Moanaura. J'en ai ma claque de tes interrogatoires.

— Si, je l'ai fait. Mais je vais continuer. Devant ce qu'on a découvert, je n'ai pas le choix. »

Je suis bien conscient que ça laisse en dehors du procès les quelques personnes qui ne parlent pas français. Je leur jette un œil. Alannah, Ansgar, Emerens, Ester, Flor, Houshang, Ibrahim, Ruben, Sachiko, Seo-jun. Plus de la moitié d'entre nous. Mais c'est un mal nécessaire pour qu'Aldéric et Moanaura puissent se répondre. L'un d'entre eux finira forcément par attirer l'autre dans un piège que je pourrai déceler... De plus, ça me permettra aussi de dissimuler nos discussions à Monokuma... Du moins, s'il ne parle pas français. On est jamais trop sûrs, avec lui.

J'ouvre mon fichier. C'est parti.

« J'imagine que la réponse à la question « comment tueriez-vous si vous n'aviez pas le choix » n'a pas changé, n'est-ce pas ?

— Puisque je te dis, grogne Moanaura, que tuer est contre mon code d'honneur. Tu me crois sérieusement capable de commettre un meurtre pareil et qui plus est en premier ?

— Sauf ton respect, je te connais depuis seulement trois semaines, c'est pas suffisant. Et le fait que ce soit un meurtre de grande envergure me fait poser cette question de nouveau. À part Emerens et à la limite Sachiko, aucun d'entre vous, je dis bien aucun, n'a parlé de grand spectacle ou de cruauté. Vous le feriez tous rapidement, ou sans douleur. Pourtant, il y en a bien un qui a menti, pas vrai ? »

Les deux grognent. Moanaura me lance un regard noir, tandis qu'Aldéric lève les yeux au ciel. Pourtant, je ne pense pas me tromper de ce point de vue-là. D'une manière où d'une autre, il y en a un qui ment. Et l'excuse d'un code d'honneur est toute trouvée quand personne ne peut en confirmer la véracité...

— Si je puis me permettre, Thibault, intervient Ade, je suis archéologue spécialisée dans la bioarchéologie et l'archéologie funéraire. Tu le sais, je t'en ai déjà parlé. Et là, je pense que ça pourrait être utile. Est-ce que tu me permets d'accéder à tes fichiers de preuves ? Quelque chose me chiffonne dans la scène de crime. »

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