• Chapitre 1 • PC

722 52 4
                                    

Gabriella

— Gab, donne-ça à la table du fond, a la derecha. Me lance Mario, trop occupé à faire la parlote avec le vieux Louka.
La table du fond ? Celle avec les trois types fringués comme des fils à papa ? Ils n'arrêtent pas de mater Syd comme un morceau de charcuterie sur pattes. Je n'aime pas ce genre de mecs, ce ne sont que des éjaculateurs précoces avec de la bouillie dans le crâne.
— D'acc'.
Je râle dans ma barbe et prends les trois pintes de bières remplies à ras-bord avant de m'élancer vers leur table, perchée sur les hauts talons fournis par le bar.
Arrivée à une courte distance, l'un d'eux me désigne d'un coup de menton avant que les deux autres ne viennent me reluquer de la tête aux pieds. Une photo peut-être ?
— Voilà pour vous, trois bières brunes bien fraîches. dis-je, employant le ton le plus neutre et poli que je puisse avoir face à ces trois cons.
— Bien fraîche, tu dis ?
Il gausse et penche la tête sur le côté pour faire couler son regard salace le long de mes jambes. Espèce de gros porc...
— Passez une bonne soirée, messieurs.
— Attend une seconde, me lance-t-il en faisant claquer ses doigts comme s'il appelait son perro, ton service se termine à quelle heure, cariño ?
— À une heure bien trop tardive pour toi, cariño. lancé-je, un sourire hypocrite an coin des lèvres.
Je vais pour tourner les talons mais, je me fige instantanément après avoir reçu une claque sur les fesses. Vient-il de...Il n'a à peine le temps de cligner des yeux que j'attrape son poignet d'une main et le renverse en arrière, laissant s'échapper un craquement brut pendant que mon autre main s'écrase sur sa joue, mettant fin aux diverses bruits du bar.
Les gens se figent brusquement et profitent du spectacle. Le sale type se dégage de ma prise et se tient la joue, sidéré par mon geste d'autodéfense.
— Espèce de salope ! gronde-t-il, se mettant debout. Merde.
Son regard noir, me lance des éclairs. Je ne me démonte pas et le fixe avec fureur. S'il croit qu'il me fait peur ! Une main vient brusquement se poser sur mon épaule et me tire vers l'arrière.
Lo siento, p'tit gars, c'est la fin de journée, tempère Mario. Elle s'est un peu emballée.
— Un peu emballée ? répète-je, consternée. Tu te fiches de moi, Mario ? Ce mec vient de me tripoter, je n'allais pas rester là sans rien faire ! Je crie, furieuse, à deux doigts de l'étouffer avec sa propre bière bien fraîche.
— Gabriella, laisse-moi gérer ça.
Je croise les bras contre ma poitrine et tape du pied comme un taureau prêt à foncer vers sa cible.
— Les gars, mesure-t-il. Je vous offre les bières et on va gentiment éviter d'en faire un scandale, okay ? Putain mais j'y crois pas !
— Okay. répond le type, le visage rouge de colère. Mais avant, je veux qu'elle s'excuse.
Ah ! Et puis quoi encore, des bisous et des câlinous ?
— Pas question. craché-je.
— Gabriella...appuie mon patron, le regard insistant et dans l'air de dire « Ferme-la et reste à ta place ».
— Ce n'est pas à moi de m'excuser ! Ce sale con vient de me peloter.
— Gabriella. Soit tu t'excuses, soit tu dégages. Enchaîne Mario, le ton tranchant. Quoi ?
— Très bien.
Je lui balance ces deux mots comme une insulte et arrache le vulgaire foulard multicolore, noué autour de ma taille. D'un geste vif, je le jette à la figure de mon ex-patron et passe derrière le comptoir afin d'attraper mon sac à main.
¡Vete a la mierda, Mario!
Je quitte le bar et fonce sur le trottoir, manquant de me tordre les chevilles avec ces fichues santiags à talons aiguilles. C'est à l'autre bout du trottoir que je me rends compte de la tenue indécente dans laquelle je me trimballe.
— Fait chier.
Cette tenue est tout sauf correcte, jupe verte menthe évasée aux ras des fesses munit d'un top blanc arraché au niveau du nombril avec un décolleté maxi-plongeant. La tenue typique d'une serveuse mexicaine mais, tout de suite, on pourrait me confondre avec une prostituée...Super, en plus d'être sans emploi, me voilà fringuée comme una puta.
J'enfile ma veste en jean frangée, tout droit sortie d'un western Américain et marche le long du trottoir en fouillant dans mon sac à bandoulière mes clefs de voiture. Heureusement pour lui, je mets rapidement la main dessus.
Je m'écroule derrière le volant avec un soupir à m'en décoller les poumons et renifle. Encore un job de perdu. Encore...surenchérit mon intérieur. Cela dit, quitter ce boulot de serveuse n'est pas plus mal finalement, me faire toucher par des centaines de mecs à longueur de journée n'est franchement pas une partie de plaisir. J'en ai assez.
Je tourne la clef de contact et savoure ce délicieux ronronnement qu'émet mon beau cabriolet. J'aime terriblement ce son, le son de la puissance et de la témérité.
Maintenant je comprends pourquoi Nonno était autant amoureux de ce bijou.
Je souris, repensant au regard qu'offrait mon grand-père à sa voiture tout en me racontant son histoire rocambolesque. Elle est à moi désormais et c'est le plus beau cadeau que l'on ne m'est jamais offert. Ma voiture.
Je profite de l'air frais de la nuit pour me rafraîchir l'esprit avant de jeter un coup d'œil dans le rétroviseur. Les lumières rouges du bar se font microscopiques. Un doute me submerge subitement, est-ce que j'aurais dû fermer la bouche et lui présenter mes excuses ? J'en ai assez d'avoir peur du lendemain...
Non ! Ne commence pas à penser à ça, Gab. Jamais, au grand jamais je ne resterai les bras croisés face à ce genre d'homme. Je lance mon majeur par dessus mon épaule, avec un sourire insolent. Prends-toi ça dans la face, Mario !
Tout à coup, un pick-up déboule de je-ne-sais-où et me coupe la route, manquant de me rentrer dedans. J'appuie sur la pédale de frein si fort que le bruit du crissement de pneu vient me gratter les oreilles.
Arrêtée en plein milieu de la route, je reprends ma respiration. Qui est l'abruti qui ne sait pas regarder à sa droite avant de tourner ? Les mains agrippées au volant, j'inspire et expire afin de ralentir les battements frénétiques de mon organe vitale qui a pilé dans ma poitrine de la même façon que mon cabriolet.
Le Ford s'est lui aussi, arrêté sur la route. Une poussée de colère me prend subitement au cœur. Ce sale type qui me met la main au panier, la perte de mon job et maintenant cet andouille de conducteur qui m'a valu de peu une crise cardiaque, c'est la cerise sur la gâteau ! J'ouvre la portière et m'extirpe de la voiture, remontée à bloc.
D'un pas d'ogresse, je marche droit vers le pick-up. La porte avant s'ouvre mais, il fait bien trop sombre pour y voir quelque chose.
— Non mais, vous ne pouvez pas regarder à votre droite avant de tourner ? Rassurez-moi, vous avez bien votre permis ! Je crie, laissant aller toute la colère que j'ai accumulée au cours des dernières minutes. Lorsque la portière se referme sur le conducteur, je me retiens de pousser un juron. Ce qu'il est beau ! Un vrai canon. pensé-je tout bas.
— Je vous demande pardon ?
Sa voix, grave et sensuelle fait frémir l'entièreté de mon corps, s'attardant sur mon bas-ventre. Por dios...Secoue-toi patate ! Il possède un accent New-yorkais tout à fait charmant.
— Vous avez failli me rentrer dedans. dis-je fiévreuse.
Je me sens toute bête maintenant, être intimidée par un homme ne me ressemble vraiment pas surtout un inconnu qui était à deux doigts de m'ôter la vie. Mais, sa beauté me donne du fil à retordre, ses grands yeux d'un bleu cérulé sont tout juste à couper le souffle. On pourrait confondre leur couleur avec l'eau des Caraïbes, si bleue, si claire et si envoûtante. Et sa peau...Oh bon sang, sa peau ! Bronzée, presque caramélisée, elle donnerait envie à n'importe quelle femme. Les fards de ma voiture allouent à ses cheveux, de magnifiques reflets dorés, j'ai envie d'y passer la main, de les agripper et les tirer jusqu'à lui arracher un gémissement de douleur. Non mais ça va pas la tête !
— Vous rentrer dedans...Il répète, faisant courir son regard le long de mes courbes.
Comme si ses yeux avaient une force surnaturelle, mon corps est assailli par des milliers de frissons. Pourquoi est-ce que je suis sortie si vite du bar, j'aurais dû enfiler une tenue plus décente avant de me trimbaler comme ça, aux yeux de tous. Allez, reprends-toi Gab !
— Généralement, on regarde de droite à gauche avant de tourner.
Je réponds posément, rabattant les pans de ma veste comme si les frissons n'étaient que dû au froid des ténèbres de la nuit.
— Eh bien, je vous conseillerai de faire la même chose, ça vous serait peut-être utile par la suite. Il sourit. Il se fout de ma gueule ?
— Excusez-moi mais à ce que je sache, ce n'est pas moi qui vient de débouler de nulle part comme un taureau dans une arène !
Ce beau gosse était à deux doigts de péter ma bagnole et il se permet de me faire la leçon. Ses lèvres se tordent en un sourire amusé. Okay, c'est décidé, il m'énerve !
— Et ce n'est pas moi qui vient de louper le panneau stop, situé juste à votre gauche.
Moi ? Louper un panneau stop ? Et puis quoi encore, foncer sur le passage piétons pendant qu'une grand-mère traverse ? Rejeter la faute sur les autres c'est facile monsieur Je-Suis-Beau-Gosse-Et-Je-Le-Sais.
— Contrairement à certains, je possède encore mes facultés visuelles. Et bim !
Enfilant mon masque de Garce 2.0, je balaye mes cheveux en arrière et fais volte-face. Mais c'est alors que je me prends un uppercut en plein ventre. Là, sous mes yeux se trouve le large morceau d'acier d'un rouge flamboyant, signalant son arrogance par de grandes lettres blanches « Alto ». Je n'ose pas me retourner, je suis mortifiée de honte. J'ai loupé ce panneau, j'ai loupé ce putain de panneau !
— La prochaine fois, poupée. Regarde à ta gauche pour éviter de tuer quelqu'un.
Poupée ? Je me retourne et marche vers lui, les poings serrés et calés sur les hanches, mes yeux rutilent de frénésie.
— Vous savez ce qu'elle vous dit la poupée ? J'insiste sur les syllabes de ce surnom débile et me retrouve à quelques centimètres de lui. Malgré mes hauts talons, il reste plus grand que moi. Ce qui me force à lever les yeux.
— D'aller me faire foutre ? raille-t-il en déposant son coude contre le montant de la portière. Son attitude négligé de blanc-bec me donne un goût amer sur la langue, n'importe quel objet qui me tombe sous la main ferait office de corde pour l'étrangler !
L'odeur de son parfum Boss aux tons épicés et boisés me chatouille les narines, pourquoi fallait-il que je tombe sur un dieu Grec visiblement né avec une cuillère en argent dans le bec ?
— C'est exactement ce qu'elle vous dit.
Ses lèvres – rondes, rosées, délicieuses et appétissantes – se retroussent pour m'éblouir d'un sourire lumineux. Mes yeux sont immédiatement captivés par ce splendide spectacle. 'Chier !
Il semble s'apercevoir que mes yeux restent vissés sur une seule partie de son visage. Il a failli broyer ta voiture...glisse la petite voix dans ma tête.
Je suis cinglée et visiblement demeurée pour baver sur la belle gueule de cet homme. Son coude quitte le montant de porte et revient le long de son flanc, il se rapproche encore plus de moi. Son visage à quelques centimètres du mien, il tente de me déstabiliser. Cependant, je ne compte pas me laisser avoir par sa gueule d'ange sexy et arrogante.

•••

BONNE ANNÉE ! Je vous souhaite le meilleur ♥️

Alors ? Qu'est-ce que vous pensez de ce premier chapitre ? ☺️

(N'hésitez pas à commenter, j'adore vous lire.)

Enivre-moi Where stories live. Discover now