• Chapitre 19 • PC

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Gabriella

Je fiche un coup de talon dans la porte et dépose le lourd carton sur l'îlot central de la cuisine. Matteo arrive dans mon dos, chargé lui aussi comme un mammouth.
— Qu'est-ce que tu as mis dedans pour que ce soit aussi lourd ?
— Pas grand-chose, ce ne sont que des babioles. Fais-je, concentrée à déchirer le scotch autour du carton contenant les ustensiles de cuisine.
— Tu as été voir ta grand-mère récemment ?
— Oui, je l'ai vu avant-hier. Je vais plus souvent la voir depuis qu'elle est partie pour s'installer en maison de retraite.
— Comment ça se passe pour elle là-bas, ce n'est pas trop dur à vivre ?
— Ça se passe bien, elle s'est faite de nouvelles amies, ricané-je.
Matteo esquisse un sourire jovial et je commence à ranger les affaires dans les placards. Il y a un peu plus d'une semaine, j'ai obtenu les clefs de mon nouvel appartement. Je n'aurais jamais cru être capable de quitter la maison familiale pour me retrouver toute seule face à mes propres choix. Mais il faut dire que cet endroit est très charmant, je m'y sens bien. Malgré le fait qu'il y ait quelques travaux à faire, je crois que je n'aurais pas pu trouver mieux à un prix aussi bas !
Matteo m'a accompagnée pour les visites, il s'est vraiment investi pour m'aider à m'installer et j'en suis très reconnaissante. Cependant quelque chose me dit que j'aurais aimé avoir quelqu'un d'autre à mes côtés...
— Je pense qu'il va falloir changer la couleur, dis-je en zieutant les murs tachés à plusieurs endroits.
— Ouais, tu as raison la peinture est bonne à refaire.
Soudain, une sonnerie de téléphone déchire le silence tranquille de la pièce et Matteo soulève sa manche afin de regarder sa montre.
— Merde, je dois y aller. (Il s'avance vers moi et dépose un baiser sur mon front) À plus tard !
— À plus tard, fais attention à toi.
Il me sourit et accourt directement vers la porte d'entrée. Je le regarde disparaître dans les escaliers et pose mes fesses sur la chaise de la cuisine. Cette fois-ci, c'est mon téléphone qui vibre, il s'agit de Gloria.
{— Ça te dire de boire un verre dans le nouveau pub qui a ouvert ?}
Boire un verre ? Carrément. J'ai l'impression que ça fait des lustres que je ne me suis pas amusée.
{— Ça me dit grave :)}
{— J'viens te chercher en voiture }
{— Ok, à toute }
J'éteins mon portable et prends appuie sur la table pour me redresser. Face à la fenêtre, mon regard se perd au loin et je repense subitement à Connor. Ça fait déjà plusieurs mois que je n'ai plus de nouvelles de lui, c'est à croire qu'il a complètement disparu. Depuis qu'il a mis fin à notre pseudo relation, Matteo et moi nous sommes rapprochés. Sa présence à mes côtés m'aide à ne plus penser à lui et ce qu'il s'est passé. Seulement, une fois seule je me rends bien compte que Matteo n'est pas Connor et que ce n'est pas lui qui me manque. J'ai un sale goût inachevé sur la langue...
Je n'arrête pas de penser à ce qu'il se serait passé si je n'étais pas partie ce jour-là ? Si je lui avais dit que je ressentais plus que de l'attirance à son égard. Joder ! Arrête d'y penser, c'est fini.
Je me bataille avec mon chignon décoiffé et inspire un grand coup afin de me donner du courage pour terminer le rangement.

Essoufflée comme un buffle, je me laisse tomber sur le vieux parquet abîmé et essuie du revers de la main mon front humide de sueur. L'après-midi est passée si vite, je n'ai à peine eu le temps de ranger ma chambre. Avec le peu de force et de volonté qu'il me reste, je place un drap par dessus le matelas avachi sur le sol et lance quelques coussins au centre. Voilà mon lit pour ce soir !
Gloria m'a envoyé un message il y a une demi-heure pour me dire qu'elle arrivera à 20h, il me reste trente minute pour me préparer ! Courbaturée, je file vers la salle de bain et active l'eau de la douche.

Vêtue d'une petite robe blanche asymétrique, je fourre mon téléphone dans ma pochette et claque la porte de l'appartement, prenant bien soin de verrouiller la porte derrière moi. Gloria est déjà censée être en bas de l'immeuble et si jamais ce n'est pas le cas, elle va m'entendre râler pendant des heures et des heures !
Je descends les escaliers et m'excuse silencieusement auprès des voisins qui ont dû entendre le claquement de mes talons à travers tout l'immeuble.
Une fois la porte principale dépassée, je repère la voiture cabossée de Gloria. Elle lance sa main dans les airs avec un sourire de star Hollywoodienne et je roule des yeux en trottinant vers son véhicule. La manière dont elle abaisse ses lunettes de soleil, en forme de cœur pour me reluquer me fait glousser comme une baleine.
— Tu es prête pour t'amuser comme une folle j'espère ?
— Plus que prête, j'ai besoin de me défouler, assuré-je fermement.
— Tant mieux, on va bien se bourrer la gueule ! (elle sourit et appuie sur l'accélérateur, faisant voltiger sa belle chevelure noire.)

Enivre-moi Où les histoires vivent. Découvrez maintenant