• Chapitre 11 • PC

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Gabriella

Il se tourne soudainement vers moi et de délicats reflets azurin plongent au cœur de ses prunelles. Sans l'expliquer, je lâche à l'improviste :
— Tu as vraiment des yeux sublimes, Connor.
Ses sourcils se rehaussent et j'ouvre la bouche, prête à gober les mouches face à mon idiotie. Mais quelle conne !
— Ah oui ? gausse-t-il, les lèvres rebiquées.
— Oublie ça.
— Hors de question, un compliment de ta part ne peut pas s'oublier si facilement. (Il active le clignotant droit et poursuit, nullement embarrassé) Je présume que je les tiens de mon père, ceux de ma mère étaient différents.
Je pivote vers lui, curieuse.
— Cependant, je lui ressemble sur plusieurs points. Comme le fait d'être toujours en proie de nouvelles choses à apprendre.
— Comme la cuisine ?
— La cuisine est une sorte de passion pour moi, même si je ne l'ai jamais prise au sérieux.
Son air chagriné me pince le coeur, je ne m'attendais pas à découvrir une vie aussi douloureuse derrière sa belle gueule arrogante. Je me souviens que après la mort de Nonno, j'ai failli me laisser aller à la souffrance et puis finalement, j'ai compris. Il était vieux, il avait bien vécu et surtout, il est mort heureux...
— Je suis probablement le seul à savoir cuisiner d'ailleurs ! Se moque-t-il, mon frère est capable de confondre le sel et le sucre tandis que Flora mange de tout sans trop se plaindre, enfin...mis à part les choses trop grasses.
Je ricane tendrement et observe son profil parfait. Ses lèvres de côté donneraient envie à n'importe quelle gonzesse sur terre et je me demande bien combien d'entre elles y ont déjà goûtées.
Après plusieurs minutes de route, Connor se gare en face du portail clos. Pressée, je fouille mon sac à main à la recherche de mes clefs mais ne les trouve pas.
Mierda ce n'est pas possible...
— Qu'est-ce qu'il se passe ?
Je tâtonne mes poches avec désespoir et comprends rapidement que mes clefs ne sont pas sur moi.
— J'ai dû oublier mes clefs au cabaret. fulminé-je contre moi-même.
— Je peux te déposer là-bas si tu veux ?
— À cette heure ? Non, c'est fermé.
— Tu n'as pas de double ? S'enquiert-il.
— Malheureusement non.
— Je ne vois plus qu'une seule solution, fait-il en souriant, tu restes chez moi le temps que tu puisses les récupérer.
— Bien tenté monsieur Howard mais je n'ai pas l'intention de me faire avoir aussi facilement.
— Te faire avoir ? Je ne vois pas du tout de quoi tu parles, je ne fais que me montrer serviable. Passe la nuit chez-moi et je te ramène demain sans faute.
Pendant que son regard s'enfonce plus profondément dans le mien, je prends ma décision et acquiesce.
— Très bien, c'est okay mais si je reste, c'est pour dormir, pas pour faire des cochonneries.
— Des cochonneries, répète-t-il, jamais ça ne me serait venu à l'idée de faire ça voyons. Fait-il, trop offusqué.
La voiture se remet en route et j'en profite pour envoyer un rapide message à Nonna, histoire de ne pas trop l'inquiéter sur mes absences tardives...

Je baille, me décolle la mâchoire et sors du lit à contre coeur. Comme me l'a certifié Connor hier soir, il n'a rien tenté. Nous avons dormi l'un contre l'autre sans se toucher en dessous de la ceinture. Ce qui est un exploit vu le personnage...
Lorsque je quitte la mezzanine sur la pointe des pieds, je lance un regard en arrière et saisis le visage endormi de Connor. Il semble avoir du mal avec le sommeil alors ne le réveillons pas...
Après lui avoir volé un t-shirt dans son tiroir, je gagne la cuisine ouverte. Tant pis, monsieur sera force de se trimballer torse nu - à mon plus grand plaisir. Le carrelage frais de la cuisine ravie mes orteils, il fait diablement chaud ici ! Contemplant les placards d'un œil dubitatif, je me demande ce que je pourrais cuisiner pour un homme aussi doué en cuisine qu'un chef cinq étoiles ? Ah, je sais ! Personne ne peut rivaliser avec mes croque-messieurs.
Les manches redressées, je chipe quelques ingrédients dans les placards et le frigidaire pour mettre en pratique mes talents culinaires. Je ne compte même plus le nombre de fois où j'ai préparé cette recette pour mes grands-parents. La reine des croque-messieurs c'était bibi !
Je beurre les tranches de pains demi, ajoute quelques lamelles de bacons puis pose des morceaux de fromage de chèvre avant de les faire griller à la poêle avec un peu de beurre. Whaou, la plaque électrique de Connor est fantastique. Je retourne mes pains dans la poêle lorsque deux bras s'enroulent autour de ma taille, je trésaille.
— Salut, poupée. Tu ne m'as pas dis que tu savais cuisiner ?
— Je sais faire plein de choses, monsieur Howard.
— Ah oui ? Ronronne-t-il, proche de mon oreille.
Dans la seconde qui suit, il me retourne face à lui et laisse sa bouche se mouvoir contre la mienne. Un baiser dès le matin, mhm, j'adore. Je crochète mes mains autour de sa nuque et le laisse prendre possession de ma langue à sa guise. Sa bouche est fraîche, il s'est brossé les dents avant de descendre. Je prends ses cheveux entre mes doigts et glisse à mon tour ma langue dans sa bouche mentholée, il sourit contre moi et éteint le gaz dans mon dos.
— Tes croque-messieurs sont prêts...
— Mh...Je ne l'écoute pas et continue de picorer ses lèvres de baisers. Vaincu, il me rend mon baiser et passe ses doigts entre mes fesses, frôlant mon intimité. Ma libido se réveille, prête à l'action lorsqu'une sonnerie nous fait sursauter comme des ados aillant fait une connerie. Connor râle et se détache de moi pour aller voir qui sonne à sa porte, je mate ses fesses tandis qu'il avance dans le vestibule et en profite pour me reconcentrer sur mes croque-messieurs bien chauds. J'ajoute quelques épices par dessus lorsqu'une voix féminine se fait entendre à travers le salon.
— Je peux entrer ?
— Non, je ne suis pas seul et je t'ai déjà dit de me prévenir avant de débarquer chez-moi. N'est-ce pas la demoiselle de la veille ?
— Je t'ai envoyé un message, auquel tu n'as pas répondu.
Je jette un coup d'œil à la porte et reconnais la silhouette de Mira, la relation baise-lit de Connor. Nos regards se croisent et je vois sa mâchoire tressaillir. Joder de mierda.
— Tu te fous de ma gueule, Connor. crache-t-elle, un sourire amer sur les lèvres.
Connor me jette un rapide coup d'œil et j'affronte son regard, nullement honteuse de me retrouver face à cette peste.
— Alors comme ça, tu ne veux pas de « relation sérieuse » ?
— À quoi tu joues, Mira ? s'énerve Connor, perdant patience.
— J'en sais rien et toi ? Avec combien d'autres nanas tu vas jouer le gentil petit copain ? Que ?
— De quoi tu te mêles, putain ?
— Tu sais quoi, Connor. La prochaine fois que tu veux revenir me voir, je t'enverrais vraiment te faire foutre !
— Il n'y aura pas de prochaine fois et tu l'as très bien compris, c'est pour ça que t'es ici.
Les larmes aux yeux, elle lève la main et gifle Connor avant de faire volte-face, laissant derrière elle, une tension électrique des plus désagréables. Connor claque la porte avec un juron et se tourne vers moi.
— Toi aussi tu peux me frapper, je crois que je le mériterais.
Sa joue est rouge mais je doute que la gifle lui ait fait grand-chose.
— Tu es sûr de vouloir que je te frappe ? demandé-je, un sourcil relevé.
Il esquisse un sourire et secoue la tête de droite à gauche. Je le regarde s'asseoir sur la chaise haute avec un soupir. Il prend un croque-monsieur et mord goulûment dedans. Poussée par la curiosité, je demande doucement :
— Qu'est-ce qu'elle voulait dire par gentil petit copain ?
Il relève les yeux, hésitant.
— On est vraiment obligé de parler de ça maintenant ?
— Ça dépend, est-ce que je vais finir par te gifler moi aussi ? réponds-je, plaisantant à moitié.
— Non, du moins si tu décides de me gifler, j'espère que ce sera pour une autre raison que celle-là.
Qu'est-ce que ça veut dire ? J'ai du mal à le comprendre, il m'a plus ou moins fait comprendre qu'une relation sérieuse ne l'intéressait pas et qu'il y aurait que du sexe entre nous mais finalement, il m'avoue que nous sommes une relation surprise, qu'est-ce que ça représente au juste ? Qu'est-ce que tu veux, Connor ? Et moi, qu'est-ce que je veux ?
— Connor...Je pose mon menton dans le creux de ma paume et tente d'analyser son visage. Qu'est-ce que tu entends exactement par relation « surprise » ?
Il arrête son geste, laissant le croque-monsieur en suspend et me considère pendant de longues secondes.
— Je ne sais pas, je n'y ai pas vraiment réfléchi.
Je pince les lèvres, ne sachant plus quoi dire.
— J'aime être avec toi, Gaby. J'aime te préparer à manger, j'aime te voir au matin et j'aime encore plus te faire l'amour mais, je suis incapable de mettre un mot sur tout ça.
Je l'observe, attendant patiemment la suite.
— Mes relations se résumaient à du sexe, rien d'autre. Mais en ce moment tu fous le bordel dans ma vie et je ne sais pas comment réagir.
Je tente de ne pas sourire, trouvant la situation trop sérieuse pour glousser comme une idiote.
— Je ne sais pas ce que je veux, Gaby. Néanmoins je suis sûr d'une chose, c'est que je crève d'envie d'être près de toi.
Wow, si je m'attendais à ça ! Je le fixe, hébétée. Il souhaite être près de moi, mieux, il en crève d'envie ! Connor est une énigme à lui tout seul, j'en ai connu des hommes qui passaient leur temps à courir à droite à gauche. Ces hommes là couchent avec des filles comme moi pour se rendre compte que, ce qu'ils ont besoin ce n'est pas d'une ratée simplement bonne au pieu mais d'une gentille fille qui saura les ramener dans le droit chemin. Connor semble être différent, cependant je ne suis sûre de rien. Je me suis faite avoir une paire de fois et ça fait longtemps que j'ai arrêté de croire qu'un homme comme lui puisse avoir une relation saine avec une fille comme moi. Cependant, je ne suis pas effrayée de finir comme cette Mira. Je n'attends rien de lui à part de bonnes parties de jambes en l'air et je n'irai certainement pas chouiner à sa porte en espérant qu'il me récupère comme une vieille chaussette moisie. Malgré tout, s'il agit en connard, ma main ne restera pas gentiment le long de ma hanche. Tu es prévu, Connor...

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