Chapitre 4

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La tête baissée, il rouvrit les yeux et constata que ses poignets étaient de nouveau enfin libres, les chaînes avaient disparu. Et dans une terreur toujours aussi présente, il leva la tête petit à petit. Et rien. Il n'y avait personne, seule une maison dressée devant lui. D'ailleurs il l'a connaissait malheureusement bien. Avant même de réaliser la totale incohérence de l'apparition de ce lieu. Sa première pensée fut : «Pourquoi mon scooter n'est plus devant?»

Une fois s'être posé cette nouvelle question sans réponse, il recula doucement, posant son pied délicatement. Son visage resta neutre, aucune émotion n'apparaissait, à part celle de l'incompréhension. Il entama son deuxième pas et se heurta à une paroi. Il se retourna toujours à la même vitesse. Son regard traduisait à ce moment-là un dégoût.

Un dégoût car il savait que c'était la fin, il allait baisser les bras comme à chaque fois. Rien ne changeait. Son père avait raison, soit il prenait la fuite, soit il laissait tout tomber. Les yeux fixes face à cette porte d'entrée, il laissa perler des larmes sur ses joues, il murmura:

– Pourquoi?

Puis il se retourna sans aucune peur, voulant juste en finir d'une manière ou d'une autre. Il leva la tête, sans surprise il constata qu'il était de retour chez son père, dans le couloir de l'entrée. Mais quelque-chose de rassurant avait changé, il n'y avait plus ces choses gluantes qui coulaient sur le mur. Tout était comme avant, ''propre''. Rempli d'un peu d'espoir, Duncan parcourut l'entrée toujours à pas de loup en direction de la cheminée pour se procurer le plus rapidement une arme tout en évitant d'être vu de la cuisine. Il empoigna le tisonnier et, dans la plus grande discrétion, il se dirigea vers la cuisine. Il jeta un regard. Personne. Il entra dans la pièce. Toujours aucune trace du mucus. C'était peut-être la fin de ce cauchemar. Et si c'était une hallucination qu'il avait eu? Il aimerait s'en persuader, mais au fond de lui il sait que ça n'avait rien avoir avec ça. Il regarda autour de lui comme si c'était la première fois qu'il découvrait cette espace de la maison. Il monta l'escalier. Un silence presque reposant opérait dans l'atmosphère. Un court silence. De petits bruits sourds, se firent entendre du deuxième étage. La vigilance de Duncan, qui était retombée, redoubla aussitôt. Sa respiration devint plus rapide et par réflexe il empoigna d'autant plus son tisonnier. Au deuxième, il n'y avait qu'une seul pièce, sa chambre, et il la fermait à clé à chaque fois qu'il sortait. Sauf une fois. Rien que d'y repenser, de la haine apparut sur son visage.

C'était un vendredi en fin d'après-midi. Le vendredi il quitte toujours tard le lycée à cause de son soutien scolaire en maths. Et il avait organisé une soirée tranquille « geek » avec sa petite amie et un ami en commun, Cirémay (c'était grâce à lui qu'Enas et Duncan étaient ensemble). Tout le monde le charriait sur son prénom, il y avait des camarades de classe qui l'appelaient «Toile Cirée» ou «Cire-may pompe», Duncan se souvenait surtout du deuxième parce que c'était lui qui lui avait donné. Enfin bref, c'était la soirée parfaite, son père était absent ce jour-là et tout le week-end inclus. Pour commencer au plus vite la soirée avec eux, Duncan avait prêté ses clés à Enas pour qu'elle prépare tout, le temps qu'il arrive. Une fois rentré à la maison, encore sous l'emprise de ces chiffres à virgule, ces graphiques interminables hantés par ce «x», qui n'avaient aucune vraie logique dans son esprit, Duncan fut stupéfait. Il n'entendit rien. D'habitude, connaissant les deux individus, on les aurait entendus gueuler dans toute la maison parce que l'un perd et l'autre prend la tête. Sans s'annoncer, il monta les escaliers. Il arriva à la porte de sa chambre mais n'entendit toujours aucun cris de joie ou de rage, mais en tendant bien l'oreille, c'étaient de discrets gémissements langoureux que Duncan discernait à travers la porte. Celui-ci eut un sourire qui se dessinait, il savait que c'était une blague. Ils l'avaient entendu rentrer et ils voulaient le faire paniquer, comme à chaque fois, quand il s'y attendait le moins. Mais là il n'était pas naïf, et rien que pour son estime de lui, il n'allait même pas faire «le petit ami énervé jaloux». Non. Il décida de ne pas entrer dans leur jeu aberrant. De toute façon il avait foi en eux. Elle l'aimait elle aussi et lui c'était leur ami, un ami de confiance, sinon jamais il ne l'aurait laissé seul avec Enas. Il ouvrit la porte, dans un silence, toujours son sourire en coin, qui disparut soudainement face à l'inimaginable. Ils n'avaient même pas fait attention à sa présence. Leurs corps nus, Enas assise à califourchon sur Cirémay. Dos a Duncan, elle lui donnait un rythme de plaisir. Elle se pencha vers lui pour l'embrasser dans le cou, c'est à ce moment-là que la vue de Cirémay se dégagea, apercevant devant lui à l'entrée de la pièce, son ami. Il poussa violemment sur le côté la fille au risque de lui faire mal. Et se mit assis sans un mot se cachant ses partie avec le drap. Enas releva la tête, suivit le regard de son amant et comprit la violence de son geste. Ils restèrent tous les trois dans un silence opaque. Enas commença à ouvrir la bouche, sans doute pour désamorcer la tension ou pour donner des explications réelles ou bidons. Mais le regard cinglant et humide de Duncan la paralysa. Duncan était sous l'emprise d'une colère monstrueuse, c'était de la fureur. Mais par un procédé qu'il ne comprenait toujours pas, et qu'il regrettait encore aujourd'hui, il n'avait rien fait. Il était juste parti, aussi lentement qu'un zombie et il avait trouvé refuge au QG où Kill l'avait rejoint aussi rapidement que possible. il avait pleuré dans ses bras pendant une bonne quarantaine de minutes. Il s'était repassé en boucle la scène à laquelle il venait d'assister. Kill, voyant la détresse de son ami, avait décidé d'inviter Florian à leur repère, un très bon camarade commun. Tous les trois se connaissaient depuis fin primaire début collège. Ce fut une nuit blanche où Duncan avait pu voir l'importance d'avoir des amis aussi proches que des frères.

Face à soiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant