Chapitre 6

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Duncan fut envahi par un sentiment d'abandon. Il comprit enfin, il trouva enfin la réponse qu'il cherchait. Mais cela ne le rassura pas, au contraire :

« Tout est de la faute de cette putain de bagnole !!!... Ou c'est la mienne ?! »

Il avait beau chercher le responsable de cette situation en retournant le problème dans tous les sens. Il tombait sur la même conclusion : tout était de sa faute.

« Maman est morte ce jour-là à cause de moi. Si j'avais tenu ma promesse d'aller la voir à l'hôpital au lieu de partir avec mes amis au lac, j'aurais pu appeler les infirmières pour la réanimer. Papa me tient pour responsable et il a raison »

Les larmes perlaient sur ses joues, malgré sa détresse, son double cadavéreux était toujours là. Face à lui. Il arborait ce même sourire sadique qui ne faisait qu'appuyer la culpabilité de Duncan. Dans cette nuit sombre au ciel violet chargé de nuages opaques et lourds, traversant l'espace à vive allure. Le silence était omniprésent, se déchirant par intermittence sous les râles et hoquètements des sanglot. Duncan ne savait plus où aller, comment sortir de cet emprisonnement mental. Il leva la tête dans un dernier espoir, sillonnant l'horizon à la recherche d'une libération. Il se força à faire abstraction de la présence du « Lui » silencieux qui le représentait.

« C'est ton esprit, ta mémoire. Il y a forcément une manière, un endroit pour s'en sortir, pour se réveiller. C'est obligé ! Trouve-le ! Trouve-le ! » Duncan se le répéta en boucle sans lâcher du regard le paysage inquiétant.

Ses yeux se bloquèrent sur une lumière perçante qui fendait le décor. Une étoile ? Sûrement. Une pauvre et malheureuse étoile, qui elle aussi, se retrouvait enfermée dans ce cauchemar, ce tourment... . Tout de même, Duncan se concentra dessus, il la dévisagea presque. Car malgré son altitude, elle n'était pas assez haute pour qu'elle appartienne à ce ciel déroutant. Cela correspondait plus à un endroit particulier qu'il ne tarda pas à reconnaître. Son visage s'illumina, il esquissa un léger sourire, à peine perceptible et ce mit à crier :

- C'est le QG ! Duncan n'en revenait pas de cette découverte. C'est Killian, il me fait signe avec sa lampe torche. Je ne suis pas seul ! Il est aussi coincé là-bas. Personne n'était là autour de lui pour l'écouter à part « l'autre » mais ça lui faisait du bien de pouvoir s'entendre apporter enfin une nouvelle.

Il était persuadé de ce qu'il venait de dire, rare sont les personnes qui  connaissait cet endroit à. C'était à EUX ce coin rassurant qu'ils avaient aménagé avec les moyens du bord. Duncan avait envie de lui crier pour lui dire qu'il l'avait vu et qu'il arrivait, mais un grincement grave interrompit son élan.

Il se détourna de cette lumière sainte, pour observer ce que c'était. Un frisson glaçant lui traversa la colonne vertébrale, lui retirant toute son euphorie. Le danger était proche. Le visage de son double était, maintenant, à quelques centimètres du sien, affichant une expression malsaine, presque démoniaque. Duncan en eut le souffle coupé, il ne voyait que « Lui » comme si son visage était disproportionné. Son cœur s'emballa à tout rompre. Il s'était presque habitué à sa présence mais, là, il y avait quelque chose de différent, de menaçant, d'incontrôlable qui naissait dans cette chose. Duncan tenta de reculer le plus lentement possible. La bouche purulente, édentée et nauséabonde s'ouvra, laissant échapper un hurlement grave, désincarné, ne ressemblant à rien d'humain. Duncan en perdit l'équilibre et tomba au sol, tapant la tête en premier. Le choc fut si brutal qu'il en perdit connaissance.

Face à soiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant