Mangemort à tout prix

Chapitre 85

Date : Vendredi 30 mai 1997

Lieu : Ecole de sorcellerie Poudlard

Heure : 19h25

Point de vue : Reyna Stark

Des personnes crièrent de joie. Un tonnerre d'applaudissements retentit. La Grande Salle trembla sous le poids des élèves tapant des pieds. Je n'entendis que vaguement tout ceci. Ma tête bourdonnait et je voyais trouble. Je ne pouvais pas détacher mon regard du corps de mon bien-aimé qui gisait contre le mur d'en face, encore sonné par l'impact. Soudain, je sentis que mes dernières forces quittaient mon corps et me forçaient à tomber à genoux sur le sol. Je lâchais ma baguette et restai là, les yeux dans le vide, sans savoir si je devais être heureuse ou pas. Je venais de battre le professeur Rogue, un des duellistes les plus doués de sa génération alors que je n'avais que 16 ans et demi ! J'aurais dû exploser de joie comme mes camarades en voyant le professeur le plus haï de l'école battu par son élève et à terre mais je n'arrivais pas à me réjouir de ma victoire. J'étais arrivée sur la piste de duel avec la ferme intention de tout donner pour lui montrer ma colère et ma déception face à sa décision d'accepter de tuer Dumbledore mais ce sentiment avait changé désormais. Durant tout le combat, j'avais été habitée par la pensée que le directeur se servait de Severus et détruisait son âme. Plus rien n'existait autour de moi. J'avais utilisé des sortilèges enfouis dans ma mémoire, oubliés à travers les siècles, pour le surprendre tout en empêchant mon instinct de ressortir ceux des Mangemorts. Je ne pouvais pas pratiquer de la magie noire à Poudlard et ainsi révéler ma face cachée, alors, pendant des semaines, je m'étais entrainée à refouler ces sortilèges acquis ces derniers mois pour me concentrer sur des plus politiquement corrects. Et j'avais réussi ! Severus non plus ne pouvait pas utiliser toute une partie de son répertoire de sorts et était limité comme moi. Nous avions tous les deux réussis à impressionner l'assemblée avec des sorts toujours plus spectaculaires et inconnus mais pas de la magie noire. Le combat avait duré une vingtaine de minutes pendant lesquelles personne ne pouvait prédire qui serait le gagnant car nous nous rendions coup sur coup, inlassablement. Et puis soudain, je me rappelais d'un vieux sortilège français que je n'avais encore jamais réellement testé et je me lançais. Avec succès. Bon, j'oublie aussi probablement de préciser que j'ai lancé deux sortilèges presque simultanément sans que personne ne s'en rende compte : un avec ma baguette et l'autre discrètement avec mon autre main. Le premier fut contré par Severus mais il ne put pas esquiver le deuxième, la fatigue jouant aussi, et fut percuté de plein fouet. Pendant son envol vers le mur de derrière, je lus de la stupeur et de la détresse dans ses yeux, un sentiment que je n'avais encore jamais vu chez lui. Cela ne dura que quelques millièmes de secondes car le grand homme heurta le mur de pierres et glissa jusqu'au sol. La descente aux Enfers qui commençait pour lui...

Je n'en revenais toujours pas. C'était un exploit de battre Severus Rogue et je ne m'en serais jamais cru capable. Mais ce n'était pas cela qui me perturbait autant. J'avais honte de moi. Sous le contrecoup de la colère, je n'avais pas réfléchi aux conséquences de mes actes et je m'en rendais compte trop tard désormais. Battre Severus constituait une énorme victoire certes mais la réputation du professeur allait en prendre un sacré coup et les autres élèves allaient en profiter. Le professeur Rogue n'était plus un homme invincible et menaçant. Enfin, si, il resterait toujours menaçant mais il avait été battu par une élève, ce qui constituait donc une faille chez lui. J'avais honte de lui causer de nouveaux problèmes dans le futur même si je ne pouvais pas m'en vouloir d'avoir donné le meilleur de moi-même. Cependant, je n'arrivais pas à arrêter de me dire que si j'avais perdu, mon honneur n'en aurait pas tellement pâti contrairement au sien... Comment avais-je pu faire ça sans me soucier des conséquences pour lui...

Encore agenouillée sur le sol, les regrets m'envahirent mais je ne pouvais pas le laisser paraître en public. Ce long duel m'avait vidé de toute énergie mais les choses empirèrent lorsque la foule des élèves en folie m'entoura. Je sentais des mains qui me tapaient l'épaule, entendais des félicitations de tous les côtés mais je ne distinguais aucun visage. Soudain, une voix bien familière retentit et ordonna qu'on me laisse respirer. Une tignasse blonde apparut dans mon champ de vision et me tendit un verre d'eau : Drago. Voir son visage me réconforta, d'autant plus qu'il était le seul à ne pas afficher une mine joyeuse après ma victoire. Il comprenait probablement mes scrupules pour avoir entaché la réputation de son parrain.... Il m'aida à me relever et écarta les autres élèves pour que je passe sous les visages d'incompréhension. Normalement, j'aurais dû exploser de joie avec eux et pas me diriger vers l'autre côté de la salle. Inquiète, je voulais vérifier que Severus allait bien. Heureusement, j'avais acquis la réputation de toujours aider mes adversaires à se relever donc cela ne paraitrait pas trop louche. Les professeurs entourant Severus s'écartèrent et mon cœur prit encore un coup en voyant qu'il avait du mal à se relever : visiblement, le choc avait été rude. Je m'agenouillais à côté de lui pour l'aider à se remettre debout, tâche pénible car je n'avais pas beaucoup plus d'énergie que lui. J'aurais voulu m'excuser de mon comportement et lui dire que je comprenais sa décision d'aider Dumbledore mais je ne voulais pas risquer de révéler notre lien alors je fus contrainte de le lâcher et de m'écarter. Dumbledore s'approcha en souriant et me félicita. Il s'assura que son professeur allait relativement bien avant de s'adresser à la foule :

« Et voilà, un miracle a eu lieu ! Félicitations à Miss Stark pour sa belle victoire, je suis sûr que vous saurez célébrer cette victoire comme il se doit dans le dortoir des Serpentard/Gryffondor alors je vous laisse profiter de cette soirée ! Belle nuit à tous... »

Le directeur fut coupé dans sa phrase par mes camarades qui venaient me chercher pour fêter ma victoire dans notre salle commune. Malheureusement....