Chapitre 104

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Date : Mardi 06 janvier 1998

Lieu : Ecole de sorcellerie Poudlard

Heure : 9h15

Point de vue : Severus Rogue

Un hurlement fit trembler les murs du château. Jamais une telle douleur n'avait été exprimée ici et j'eus un très très mauvais pressentiment. Ce cri, je le connaissais bien et il ne pouvait appartenir qu'à une seule personne : Reyna. Je savais qu'elle devait avoir cours avec Amycus ce matin et j'avais tellement peur de l'issue de ce cours que j'avais repoussé mes réunions pour être prêt si besoin. Ce fut plus fort que moi, je devais aller voir. Je me rendis en courant jusqu'à la salle de classe, espérant égoïstement trouver un autre élève souffrant mais ce ne fut pas le cas... Mon cœur se brisa en mille morceaux lorsque j'ouvris la porte de la classe et que je vis Reyna gisant par terre, le dos en sang. Amycus se tenait au-dessus d'elle, l'air fier de lui. Soudain, Pansy Parkinson, en pleurs, se planta devant moi et m'expliqua tout du marché passé entre le professeur et ma protégée. La rage m'envahit : Reyna était immunisée, comment avait-il osé ? Et puis je compris... Reyna était parfaitement consciente des risques et avait voulu sauver un maximum d'innocents. Mais pourquoi fallait-il qu'elle soit si courageuse mon Dieu... Je n'osais rien dire, je n'aurais même pas dû entrer dans cette classe mais personne n'ignorait que Reyna était ma protégée bien que tout le monde ignore la réalité de notre relation. Amycus se tourna vers moi et m'interrogea du regard, me défiant de dire quelque chose. Je ne pouvais malheureusement pas le faire puisqu'il avait ordre de punir chaque rebelle mais je n'avais pas eu le temps d'aborder le cas de Reyna avec le maître... Il était évident qu'elle ne se laisserait pas faire et qu'elle défendrait ses camarades face à de l'injustice !

Soudain, me sortant de mon duel de regard avec le professeur, un gémissement se fit entendre. Reyna se relevait péniblement, en puisant dans des forces que personne ne devrait posséder. Elle se traîna jusqu'à Pansy et moi, s'appuyant sur des tables, et s'effondra dans nos bras. Son teint était presque translucide mais ses yeux brillaient de fierté : elle avait réussi à protéger deux élèves et c'était la seule chose qui comptait pour elle. Un courage admirable qui lui vaudrait la reconnaissance éternelle de toute l'école dès cette heure de cours terminée. Malheureusement, je la connaissais assez bien pour savoir qu'elle ne s'arrêterait pas là et qu'elle se sacrifierait pour des élèves tant que son cœur battrait  encore... Plus personne ne parlait dans la classe, attendant que je dise ou fasse quelque chose. Les élèves étaient encore stupéfaits que je sois intervenu alors que ce genre de situations arrivait chaque semaine mais ils devaient bien être au courant de l'immunité de Reyna grâce à moi. Très vite, je me rendis compte que la réaction des élèves n'était pas la priorité : du sang continuait de couler du dos de ma jeune amie dont l'état physique empirait au fur et à mesure qu'elle se vidait de son sang. Je réagis enfin en l'emportant en urgence voir Madame Pomfresh qui pourrait lui soigner ses blessures. Pour le moment, j'avais réussi à stopper l'hémorragie grâce à un sortilège mais Reyna avait besoin de soins médicaux. Pansy et Alexis me suivaient en courant et m'aidèrent à allonger leur amie sur le ventre pour que l'infirmière puisse examiner son dos.

Lorsqu'elle découpa le tissu de sa robe puis de sa chemise, j'eus un haut le cœur. J'avais déjà vu Reyna blessée mais pas à ce point-là... Les entailles étaient tellement nombreuses que son tatouage représentant un serpent et le signe des Reliques de la mort, était déformé et abimé. Mme Pomfresh garda son sang-froid comme toujours et appliqua une épaisse couche de crème sur son dos avant d'enrouler tout le haut du corps de sa patiente avec du bandage. Affublée de cette manière, Reyna ressemblait désormais à un rouleau de printemps qui reprenait peu à peu des couleurs. Elle finit par rouvrir les yeux et parut étonnée de me voir à ses côtés bien qu'elle ne puisse pas me le faire savoir explicitement. Rassuré, Alexis s'approcha et lui demanda doucement :

« Reyna, comment te sens-tu ?

- Bien, ne t'inquiète pas. J'ai acquis une sacrée résistance à la douleur depuis le temps...

- Peut-être mais Amycus n'a pas été tendre avec toi. Qu'est-ce qui t'es passé par la tête Reyna, tu ne peux pas te sacrifier comme ça ?

- Ah bon tu crois ? Parce que je compte bien le refaire dès que nécessaire. Je ne laisserais pas ces deux malades martyriser des pauvres élèves pour asseoir leur autorité. L'autorité est naturelle, elle ne s'obtient pas par la force et encore moins par la torture ! Le maître pourra dire ce qu'il veut, je ne changerai pas d'avis sur le sujet. Bon maintenant, vous m'excuserez monsieur le directeur mais j'ai déjà raté un cours, je ne peux pas me permettre d'en rater un second. Je vais en cours de Métamorphoses de ce pas.

- Pardon ? Mais enfin Reyna nous savons tous que vous n'avez pas besoin d'aller en cours pour réussir, vous devez vous reposer !

- Professeur, écoutez-moi bien. Je vais probablement finir dans cet état chaque semaine et je dois continuer à suivre ma scolarité ! J'ai raté les 5 premiers mois de l'année, ça suffit maintenant. Je me sens beaucoup mieux et je reviendrai voir madame Pomfresh pour ma pommade dès que la douleur reviendra. »

Elle se leva et partit. Etonnés ? Pas moi, j'aurais mis ma main à couper que son passage à l'infirmerie n'aurait pas duré plus de deux heures ! Dépité, je demandais à Pansy et Alexis de surveiller Reyna et retournai dans mon bureau où je m'assis sur une marche, las. J'étais à la fois fier du comportement de ma compagne qui révélait enfin son grand cœur et son courage sans limite mais je ne comprenais pas qu'on puisse prendre volontairement autant de risques et souffrir le martyr pour des élèves qui la haïssaient il y a quelques semaines... Malheureusement, je savais que je ne lui ferai jamais changer d'avis et que je ne pouvais que l'épauler et prendre soin d'elle autant que possible. Une tâche difficile mais que je comptais bien réussir...

Mangemort à tout prixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant