Chapitre 2 - Partie 2

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Affalé sur le lit de ma chambre étudiante, je regarde le micro-onde tourner alors que mon plat réchauffe. Deux semaines que les cours ont repris, deux jours que les Racoons ont joué leur premier match et autant de temps à me ressasser leur jeu pour comprendre leurs difficultés.

Un groupe passe dans le couloir en riant et je ferme les yeux, maudissant cette résidence sans aucune isolation où je vis dans neuf mètres carré, tout compris : chambre, cuisine, salle de bain, chiotte. Un calvaire.

Je fais l'effort de me lever quand le micro-onde sonne et j'attrape mes lasagnes industrielles ainsi qu'une fourchette avant de retourner m'asseoir dans mon lit. Les yeux posés dehors, le plat en équilibre sur le rebord de ma fenêtre, je regarde les étudiants s'éclipser dans les allées pour rejoindre leur résidence ou les transports. Vendredi soir, peu d'entre nous ont cours demain matin donc ils se retrouvent dans les bars. Je souris quand deux filles se soutiennent, l'une ne sachant pas marcher avec ses talons sur les graviers. La sonnerie de mon téléphone m'arrache alors à ma contemplation et j'y jette un œil avant de l'ignorer. Numéro inconnu, je n'ai pas envie de décrocher.

Pourtant, quand il s'arrête de sonner et qu'une minute plus tard, il vibre pour m'indiquer que j'ai un message vocal, je l'attrape. A côté de mes lasagnes, je lance le haut-parleur tout en continuant d'observer la vie dehors.

— Max Tonnel ? C'est le coach Greg Memphis, de l'équipe de foot des Racoons. Excuse-moi de t'appeler aussi tard mais on sort à peine de la délibération. Quand tu as deux minutes, rappelle-moi à ce numéro, c'est urgent. Si je n'ai pas de tes nouvelles avant demain soir, pas besoin de revenir. Bonne soirée.

Je raccroche, l'esprit vide. Mes lasagnes n'ont plus aucun goût, les rires qui résonnent dans la rue ne m'atteignent pas. Il n'y a que les mots de Memphis qui se répètent en boucle. Délibération. Rappelle-moi. Urgent. Racoons. Je hais la lueur d'espoir qui vient s'infiltrer dans chaque cellule de mon corps et pourtant, je suis incapable de la repousser. Les yeux sur mon téléphone, j'attends qu'il me donne une explication, qu'il affiche un message avec écrit, en grosses lettres « c'était un mensonge, looser ! » mais l'écran reste noir.

Jusqu'à ce qu'un autre numéro s'affiche. Inconnu aussi. Sauf que cette fois, je décroche, les mains moites.

— Max Tonnel ?

— C'est moi.

— Coach, je l'ai, indique la voix et j'écarquille les yeux. C'est Jonas Bluessy, le capitaine des Racoons.

— Merde.

Un rire lui échappe alors que je suis incapable de réagir plus que ça. Memphis, ensuite Jonas. Il y a un truc qui m'échappe, ou que je ne comprends que trop bien, et ça me terrifie. Parce que l'espoir est mauvais, l'espoir fait mal. L'espoir peut tuer.

— Je te dérange ?

— Je mange des lasagnes.

— C'est... intéressant, il ricane et je me cogne le front contre la fenêtre. T'as deux minutes ou tu préfères les finir avant qu'on discute ?

— Je passe vraiment pour un con.

— Kim hoche la tête.

Mon poing se referme violemment autour du téléphone. De pire en pire, je suis en haut-parleur et ils ont l'air d'être tous ensemble. Quelques rires me parviennent et pendant une fraction de secondes, je rêve de raccrocher. Mais la voix du coach coupe court à cette envie.

— Max, c'est Memphis. T'as eu mon message ?

— J'étais pour vous rappeler, je souffle en glissant une main dans mes cheveux, le cœur battant à tout rompre. Qu'est-ce qu'il y a ?

— J'ai deux questions et j'ai besoin de ta réponse maintenant.

— Vous faites une putain d'erreur.

— Ferme-la Kim, marmonne Memphis. Max, t'es capable de tenir le poste de libéro pendant un match ?

La première chose qui me traverse l'esprit est de mentir. Ce serait plus simple, plus sûr aussi. Mais je ne vis pas dans le mensonge, j'omets simplement ce qui n'a pas besoin d'être su quand j'y suis obligé.

— Non, je manque d'endurance. Une période, oui, mais pas un match entier.

— D'accord. Deuxième chose, tu fais quoi demain matin ?

— J'ai cours à neuf heures, je réponds en fronçant les sourcils.

— Ok. Jo passe te chercher à sept heures, donne-lui ton adresse. On se voit demain matin, repose-toi cette nuit pour être en forme.

— Attendez, je comprends rien...

— T'as une deuxième chance, me coupe alors Jonas. Sois pas à la traine cette fois. Et pense au message ! Bonne soirée.

L'instant d'après, il a raccroché et je reste figé, le téléphone à l'oreille. Les mots ne s'ancrent pas dans ma tête. Je ne réalise pas ce qu'il vient de se passer mais j'ai déjà envoyé le nom de ma résidence à Jonas, avant même que mon cerveau n'enregistre que demain, je serai sur le terrain pour la seconde fois face à Memphis et son équipe.

J'ai une deuxième chance après le jeu déplorable que j'ai montré en juin à ce poste de défense. Etre libéro, c'est soutenir la défensive et l'offensive. C'est de maitriser les techniques et d'empêcher les adversaires de s'approcher des buts et de conserver le ballon. Libéro, c'est connaitre, anticiper, réagir dans l'instant. Tout ce que je n'ai pas su montrer aux sélections pendant la seconde période parce que j'étais lessivé. Et ce soir, ils me demandent de faire mes preuves demain, pour cette position, alors que j'ai été minable la première fois.

Avec un soupir, je laisse mon front reposer contre la fenêtre, le corps en ébullition. Je ne peux pas me permettre de foirer cette deuxième chance.

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Hey ! 💚

Alors, cette immersion dans l'histoire vous plait-elle ? Les choses vont lentement parce qu'il le faut bien mais j'espère que vous appréciez le peu que vous voyez de Max ! 🥰

On se retrouve dimanche pour la seconde chance de Max, en espérant qu'il s'en sorte bien 🙃

Bonne semaine 💚

Sarah 🌻

RACOONS #1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant