Chapitre 13 - partie 2

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— Franchement, vous avez été pitoyable pendant la première période, hier. Kim, Daren, c'était quoi ce jeu ?

— Il ne sait jamais où se placer.

— Arrête avec ça bordel ! T'as qu'à me dire où je dois aller !

Assis en cercle sur différentes machines dans la salle de muscu, on fait face à Memphis, le petit bureau contre lequel il s'appuie et le tableau blanc où sont placardés différents entrainements. Je ne participe pas à la séance de muscu mais le coach tenait à ce que je sois là pour le différentiel du match contre les Flickers. Visiblement, il a pas mal de choses à nous reprocher.

— Je vous arrête : vous avez été lamentable l'un comme l'autre.

— Il ne me disait rien ! se défend Daren et Kim écarquille les yeux.

— Parce que j'ai rien à te dire ! T'es censé savoir où aller !

— Minable.

Le ton enjoué de Ness a le mérite de couper court à la conversation. Sur un banc à une extrémité, je vois chacun d'eux et je remarque que Jonas se tend. Memphis soupire en croisant les bras, Kim le fusille du regard et Daren roule des yeux.

— Tu l'as été aussi, renchérit alors le coach. C'était quoi ton problème ? Ils ont mis quatre buts.

— Oups. Ils sont vraiment fort, ricane Ness. Mais avec une défense comme hier, je ne pouvais rien faire.

— T'insinues quoi ? grogne Romeo.

L'arc-en-ciel me lance un coup d'œil, de plus en plus malicieux et il hausse les épaules en tapotant ses doigts sur le tapis de course sur lequel il est assis, à l'opposé de moi.

— Rien. Pas besoin d'insinuer quoi que ce soit : vous étiez un vrai gruyère.

— Daren a foiré chacun de ses placements, crache de nouveau Kim. Pas foutu de soutenir la défense et incapable de...

— On va droit dans le mur.

Memphis se tourne vers moi, sourcil haussé, mais je garde les yeux sur Kim. Son regard noir est encore plus violent lorsqu'il le pose sur moi. Rejeter la faute sur Daren ne fera avancer personne, encore moins en sachant que je suis sur le banc pour un week-end de plus à cause du match d'hier soir.

— Déballe-nous ta science, raille Kim. On t'écoute.

— T'es incapable de jouer avec quelqu'un d'autre.

Il écarquille les yeux et j'aperçois à peine Romeo esquisser un sourire en baissant la tête alors qu'Omare pouffe.

— Tu vas faire comment pour les prochains matchs où je ne pourrais pas jouer ? je continue et son visage devient plus froid. Tu vas encore t'en prendre à tout le monde sans te remettre en question ? Pour info, c'est ton rôle de nous amener à la victoire.

— C'est le tien de me permettre d'y arriver.

— Loupé : c'est celui à Daren pour le moment. Alors arrête de faire ton gamin capricieux et apprends à jouer avec lui. Ou on va droit dans le mur, ta tronche la première.

— Le troisième a parlé ! s'exclame Ness en levant les mains.

— Ferme-la, lâche Kim sans me lâcher des yeux. Je ne vais pas apprendre à jouer avec quinze personnes alors que tu es rentré dans l'équipe justement pour m'éviter ça.

— On avait pas pris ma blessure en compte, au moment du contrat.

Il s'apprête à répliquer mais Memphis tape dans ses mains. Je détourne le regard en premier et fixe mes pompes, l'une d'elle desserrée à cause de la bande autour de ma cheville.

— Max a raison : tu ne peux pas compter que sur lui. Surtout qu'on a tous constaté que tu t'es adapté à lui en quelques secondes dès qu'il est entré sur le terrain.

Je me sens obligé de lever les yeux sur Kim quand Memphis balance ça. Et je vois bien que ses mots se répercutent dans le crâne de mon coéquipier. Il ne s'est pas adapté, ce n'est pas ça qu'il y a entre nous. Mais il ne dit rien et se contente de dévisager le coach en ignorant mon regard.

— C'est pour ça qu'à partir d'aujourd'hui, je veux que tu joues avec Daren. Tu dois réussir à pouvoir jongler entre les deux sans difficulté. Ça vous va ?

— Carrément coach ! s'exclame le bulldozer avec un sourire.

— Jusqu'à ce que Max reprenne, enchaine rapidement Kim mais Memphis secoue la tête. Non ? Comment ça, non ?

— Je vous remettrai ensemble quand tu seras capable de jouer avec Daren comme tu joues avec lui. D'ici là, vous ne ferez aucun entrainement ensemble.

— Ça promet, murmure Lael à ma droite.

— C'est n'importe quoi ! s'emballe Kim en se levant. Je...

— Il a raison de faire ça Kim.

Je croyais qu'il n'était pas plus possible d'avoir cet air choqué mais j'ai comme l'impression que ses yeux vont sortir de leur orbite quand Kim se tourne vers moi. Je me crispe, n'appréciant pas du tout la rage qui émane de ses yeux sombres de me voir me dresser contre lui. Mais je n'ai pas le choix. Je hais l'idée que Daren me prenne ma place, qu'ils jouent ensemble et que Kim finisse peut-être par vouloir le garder. Sauf que si l'équipe veut aller en finale, il n'y a que comme ça qu'on y parviendra.

— Tu te fous de moi ?

— Non.

Je m'attends à ce qu'il vienne se défouler sur moi pour évacuer sa colère mais il fulmine simplement dans son coin. Tout son corps est une bombe à retardement, tendu à l'extrême. Je n'ai pas envie de lui répéter devant les autres ce que je lui ai dit sur le terrain. J'espère juste qu'il va percuter. Les coudes sur les genoux, je continue simplement de le dévisager en silence.

Puis il regarde Daren qui le scrute déjà. La tension est palpable et Brett est prêt à s'interposer entre eux à tout moment. Ness s'éclate comme un gosse en face de moi alors que Lael soupire.

— T'as intérêt que ça marche.

Même si les mots de Kim sont pour Daren, je sais qu'il ne les lui a pas adressé. Ils sont pour moi, parce que je lui ai dit de me faire confiance. Parce que je lui ai promis que je serai toujours derrière lui. Comme d'habitude. Comme avant.

— Donc c'est ok pour tout le monde ? marmonne Memphis en se frottant les tempes. Vous commencez à me foutre un de ces mal-de-crâne avec vos comportements de gamin.

— C'est bon pour nous coach, je réponds quand Kim se mure dans le silence en se rasseyant.

— J'aimerai aussi l'entendre de ta bouche Kim.

— Si Max vous dit que c'est bon, c'est que ça l'est.

— Oh, tiens donc, ricane Ness en croisant mon regard. Je suis ravi d'avoir loupé ces quatre buts !

Sa remarque a le don d'énerver Memphis qui lui rappelle qu'on n'est pas là pour se divertir mais pour gagner. Je décroche complètement du reste de la conversation quand le coach s'en prend aux milieux de terrain et je tombe sur Daren, son regard de tueur et son sourire sarcastique. Cet enfoiré vient finalement de gagner du terrain, j'ai été obligé de plier.

Mais il est hors de question que ce soit éternel. C'est ma place, d'être sur le terrain aux côtés de Kim et Jonas. C'est pour ça que je suis devenu un Racoon.

RACOONS #1Where stories live. Discover now