Chapitre 3

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Mon sac en bandoulière calé sur l'épaule, j'attends Jonas devant le portillon de ma résidence. Il est presque sept heures, le soleil est levé depuis un moment et je suis intenable. J'ai eu un mal fou à m'endormir et j'étais déjà en train de tourner en rond au réveil.

Une jeep se gare alors devant moi et je me tends devant le regard sombre de Kim. A l'intérieur, Jonas se penche et me fait signe de monter à l'arrière sauf que je n'ai pas le temps de poser la main sur la poignée que la porte s'ouvre déjà sur Lael.

— Allez, on active, le nouveau ! Memphis nous attend déjà, on est à la bourre.

Je grimpe à côté de lui et Jonas repart sur la route.

— Stressé ? demande Lael en me tendant un gobelet fumant. Café, j'espère que t'en bois.

— Merci. Je dirai plus paumé que stressé, j'ai aucune idée de ce que je fous avec vous en fait.

— Nous non plus, crache Kim devant moi.

— Le coach t'expliquera mais t'as fait une sacrée impression à l'équipe, aux sélections.

— Vous ne m'avez pas choisi, je rappelle à Lael qui hausse les épaules. Vous avez carrément pris un bulldozer qui a failli vous coûter la saison dès votre premier match.

Les yeux braqués sur Lael dont le sourire s'agrandit, j'aperçois quand-même l'air étonné de Jonas qui ne quitte pas la route du regard. Kim marmonne une connerie que je ne prends même pas la peine d'écouter.

— Je vous l'avais dit qu'il était là ! s'exclame Lael. Mais Daren est un bon élément malgré son comportement. Et on est toujours dans la course pour le championnat donc tout va bien !

— En le recrutant, on est sûr d'aller droit dans le mur.

— Si t'es venu pour le démonter à la moindre occasion, tu dégages, siffle Jonas en jetant un regard noir à Kim. Je suis clair ?

Il me faut une seconde pour comprendre que cet abruti ne faisait pas référence au bulldozer mais à moi. L'envie d'enfoncer mon poing dans l'arrière de son crâne me chatouille mais je me concentre sur le café entre mes doigts. Par chance, on arrive au stade et dès que la voiture est garée, j'en sors. De l'autre côté, Jonas et Lael font la même chose en discutant. Je n'ai pas fait un pas que Kim agrippe mon poignet et se rapproche de moi, menaçant.

— T'as pas intérêt d'ouvrir ta gueule sur tout notre bordel. Ils ne savent rien et ça ne regarde personne ici.

— Au moins une chose sur laquelle on est d'accord.

Kim contracte les mâchoires, prêt à renchérir, mais je me dégage de sa prise et contourne la voiture pour rejoindre Lael, bien plus chaleureux. Les yeux de Jonas font des allers-retours entre Kim et moi mais je l'ignore. Qu'ils réalisent qu'on ne peut pas se blairer, je m'en fous, mais qu'ils apprennent tout le reste, je refuse. Kim fait partie du passé et il va y rester, même si on doit partager le même terrain.

— Tu connais le stade en tant que spectateur mais maintenant, et si on te garde, tu passeras par là.

Je suis Lael jusqu'à une porte privée et il tape un code sur l'écran de sécurité avant de me passer devant. Pendant qu'on longe le couloir, il m'apprend le code et m'indique les espaces. A la fin du couloir, on tombe sur un salon et une petite cuisine. Une télé est accrochée au mur, plusieurs canapés forment un cercle et des poufs sont posés à même le sol, devant la table basse. De l'autre côté, un frigo, des plaques, un micro-onde et une cafetière font office de cuisine ainsi que table ovale, assez grande pour y caler une vingtaine de personnes.

Lael continue son chemin vers le fond ouvert sur un hall. Au bout, il y a l'accès pour rejoindre le terrain et les espaces dédiées aux équipes lors des rencontres. Sur le mur de droite, trois portes donnent accès à l'infirmerie, le bureau de Memphis et le débarras. A gauche, en plus des bancs qui longent le mur, il n'y a qu'une double-porte qui donne sur les vestiaires.

RACOONS #1Where stories live. Discover now