Chapitre 9-2

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Je venais de finir de prier devant l'autel que j'avais aménagé dans ma chambre lorsqu'on frappa à ma porte. Les têtes des filles apparurent dans l'encart de la porte.

— Pouvons-nous rentrer ? demanda timidement ma sœur.

Je hochai la tête puis soufflai sur les bougies avant de partir m'asseoir au bord du lit. Les filles s'installèrent autour de moi. June, une brosse à la main commença à me coiffer. C'était l'heure du conseil de famille.

— Je suis désolée, commença Shelby. Je sais que la journée n'a pas été drôle pour toi. Sache que je te soutiens à mille pour cent. Je te soutiendrai toujours, quels que soient tes choix.

Ma sœur adossa son dos contre la tête du lit et prit à son tour la parole :

— Elles m'ont raconté. Tu es la seule à connaître ton travail, personne ne peut te dire quoi faire et comment bien le faire. Tu dois suivre ton instinct.

— C'était juste de l'inquiétude, ajouta June en continuant à me passer la brosse dans les cheveux.

Je fermai les yeux. J'adorais être coiffé. Ça me rappelait mon enfance quand ma mère me touchait les cheveux pour m'endormir. Mes muscles se relâchaient, signe que le stresse de cette journée commençait à retomber.

— Je suis désolée, dis-je à voix basse en rouvrant les paupières. Je n'aurais pas dû m'emporter comme ça. Seulement, Paolo peut être des fois si protecteur que ça m'étouffe.

— Il ne supporte pas l'idée que quelqu'un puisse mal te traiter. Ce Desya le met sous pression et le fait que ce type change soudain de comportement le rend suspicieux. Ça va le travailler toute la nuit, le connaissant.

June s'arrêta de me coiffer et vint se placer à genoux, à côté de moi. Shelby poursuivit :

— Je lui ai parlé. Je lui ai dit de te faire confiance et de te laisser respirer. Maintenant, il faut voir s'il va m'écouter.

Adriana m'attrapa la main puis referma ses doigts dessus.

— Tu peux compter sur nous, demain. Nous montrerons à Desya ce qu'est l'amour du partage chez nous. Si toi tu crois en lui alors, nous aussi.

— Merci les filles. J'espère juste que la matinée de demain ne va pas tourner au drame. L'église est remplie le dimanche. Desya est si imprévisible.

— Il faut juste éviter qu'il se croise avec Tony, grimaça Shelby.

Adriana et June voulurent aussitôt savoir ce qu'il s'était passé entre les deux jeunes hommes. Je laissai Shelby leur raconter la scène au restaurant. À la fin du récit, ma cousine et ma sœur clignèrent des paupières n'en croyant pas leurs oreilles.

Nous restâmes encore un long moment à parler sur mon lit. Nous passâmes vite à un autre sujet, plus léger. La soirée se finit dans les rires. Une soirée à quatre comme je les aimais.


L'église était comble ce dimanche-là. Le prêtre avait prêché comme d'habitude avec conviction et dynamisme. L'église Saint Joseph possédait une ambiance, un climat qui faisait vibrer tous les murs. Elle était très fréquentée par les touristes les jours de messe, car référencée dans les guides tellement que l'ambiance régnait ici avec ferveur. Nous avions l'habitude de déjeuner ensuite tous ensemble, dans le jardin de la paroisse.

Desya n'avait pas vraiment pu suivre la messe, car Samuel, le prêtre, parlait la plupart du temps en espagnol. Installé à côté de moi, j'avais essayé de lui expliquer le discours d'aujourd'hui, mais comme il fallait s'y attendre, il n'avait montré aucun intérêt lors de cette matinée propice à la prière et au recueillement.

À la fin de la messe, Adriana m'interpella avant que nous nous perdions dans la foule.

— Blue, Ethan et moi allons aider à installer les gens à leur table. June et Shelby t'attendent pour le service.

J'entendais à peine ses paroles avec le bruit qui régnait autour de nous. Je répondis avec un hochement de tête puis me tournai vers Desya. J'agitai mon index pour lui demander de rapprocher son visage du mien.

— Nous allons aider les filles au buffet.

Olsen secoua la tête.

— Je reprends le service dans une heure au Marcus. Je ne peux pas rester.

— Diego ne t'a pas prévenu ? Charlotte doit venir te retrouver ici.

Desya détourna les yeux, la mâchoire serrée. Il n'était pas vraiment ravi de devoir rester un peu plus longtemps dans cet endroit. Je me doutai qu'il ne reviendrait pas le dimanche suivant, mais notai qu'il avait fait l'effort de venir aujourd'hui.

Burn, beautiful Crow ( Version Française )Donde viven las historias. Descúbrelo ahora