Chapitre 14 : bête curieuse

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Tony a ses doigts noués aux siens quand ils approchent du portail du lycée, ils marchent main dans la main tout comme Clint et Natasha puis Thor et Jane, il n'y a que Bucky et Sharon qui discutent tranquillement côte à côte.

Le regard de Steve s'arrête sur sa main liée à celle de son amoureux puis il regarde autour de lui, il a l'impression que tous les autres élèves lui rient au nez.

C'est vrai que son couple avec Tony c'est la pire blague de l'année, la Belle et la Bête quoi. Son beau brun est un gars séduisant, bourré de charme, somptueux, avec des muscles fins, à faire damner un saint, à faire pâlir d'envie le reste du lycée, des traits harmonieux, parfaitement dessinés pour son âge, et un beau petit derrière bien rebondi, ce qui ne gâche rien, bref, on en mangerait.

Alors que Steve de son côté est un véritable monstre sur pattes, un vulgaire sac d'os, il a honte pour Tony vraiment, honte qu'il doive s'afficher avec lui, son amoureux mérite mieux que ça, il mérite mieux que lui.

Il retire aussitôt sa main de celle de Tony, ce qui fait stopper immédiatement ce dernier dans ses pas.

- hey ça va pas ?

Son front se barre d'un pli soucieux et Steve s'en veut de devoir lui mentir ainsi mais c'est plus fort que lui. Il doit se tirer d'ici et vite, il y va de sa santé mentale.

- si, si, je... faut juste que... je dois retourner chez moi, j'ai oublié un truc.

- quel truc ?

Vite une excuse, pitié, le cerveau de Steve est en surchauffe.

- ma Ventoline...

- ah bon ? Je savais pas que tu faisais de l'asthme. Attends, je viens avec toi.

La voix de Tony se veut douce et compréhensive, il lui apporte tout le soutien nécessaire en passant amoureusement son bras autour de sa taille mais Steve se recule aussitôt.

- non, non, c'est bon, pas la peine, je vais me débrouiller, je me le pardonnerais jamais si tu arrivais en retard pour ton premier jour rien qu'à cause de moi, vas-y, on se rejoint à la récré, ok ?

- mouais, ok.

Tony a l'air déçu de sa réponse mais il accepte néanmoins avec enthousiasme le bisou furtif que Steve dépose sur ses lèvres.

Une fois à la maison, le frêle blond raconte à sa mère qu'il a été pris d'une crise de panique et comme à chaque fois, elle se montre patiente et compréhensive à son égard.

Elle lui conseille de réessayer demain sinon elle l'inscrira à nouveau à des cours par correspondance, c'est aussi simple que ça et le soulagement de Steve à cette perspective est énorme.

Il attend l'heure de la récréation pour envoyer un SMS à Tony afin de rendre son mensonge encore plus crédible.

« Je ne retrouve plus mon inhalateur, du coup, ma mère préfère que je reste à la maison, désolé, on pourra pas se voir du coup 😭 »

« Dommage 😭 mais elle a raison, c'est plus prudent... petit veinard, tu manques les cours dès le premier jour 😉 »

«😉 »

Il a à peine le temps de répondre au SMS de Tony que son téléphone se met à sonner et comme c'est le nom de Bucky qui s'affiche à l'écran, il décroche illico presto.

- tiens donc, ça faisait longtemps !

À sa plus grande surprise, Bucky ignore totalement son trait d'humour et va directement à l'essentiel, l'impatience de Sam déteint clairement sur lui, c'est officiel.

- depuis quand t'es asthmatique toi ?

- alors Tony t'a tout raconté.

- ouais et crois-moi, il était deg' que tu sois pas là. On aurait dit un petit chiot abandonné tout perdu sans son maître.

Le cœur de Steve manque de rater un battement, il a l'impression qu'un bon millier de papillons est entrain de virevolter dans son ventre à cet instant précis et tente tant bien que mal de se donner une contenance.

- ça va, n'exagère pas quand même.

- non mais je te jure. Sérieux, il faisait trop peine à voir. Alors, raconte, qu'est-ce qui s'est passé ?

- j'ai paniqué alors j'ai inventé la première excuse qui m'est sorti par la tête.

- c'est quoi le vrai souci en fait ? Ça te fait flipper tant que ça de retourner au lycée ? C'est juste que t'as plus l'habitude, tu verras ça va vite revenir. Faut pas t'en faire.

- non, c'est juste que...

- quoi ?

Comment présenter la chose le plus raisonnablement possible sans que son meilleur ami ne le prenne pour un fou ? Là est toute la difficulté. Steve ne se rend même pas compte qu'il se met à mordre sa lèvre inférieure avec nervosité.

- réponds-moi sincèrement Buck, tu penses qu'on fait tâche l'un à côté de l'autre Tony et moi ?

- comment ça ?

- je veux dire... tu trouves pas que MOI je fais tâche à côté de lui ?

- où tu veux en venir exactement Stevie ? Je capte rien.

- c'est simple, si tu devais noter mon physique, combien tu me donnerais ?

- je sais pas, 7 sur 10 ?

- mytho, je dépasse pas les 0,5 et encore je suis généreux. Et combien tu mettrais à Tony ?

- 11 sur 10 ?

- on est d'accord. Je te jure, j'avais l'impression que tout le monde nous dévisageait tous les deux devant le portail ce matin quand on se tenait par la main et qu'ils avaient tous pitié de lui parce qu'il est obligé de se taper une bête curieuse comme moi.

Steve entend son meilleur ami souffler d'agacement à l'autre bout du fil comme s'il venait de dire la pire énormité qui soit.

- mais n'importe quoi, qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre, j'te jure ! Arrête de dire des conneries, ok ? Tu sais très bien que Tony ne se sent obligé de rien, tu le connais, il a toujours fait ce qu'il a envie de faire et il se trouve que là c'est toi qu'il a envie de se faire !

Un rire spontané s'échappe de la gorge de Steve, en voilà une manière originale de voir les choses.

- non mais sérieusement, s'il est avec toi c'est parce qu'il veut être avec toi, point barre. Maintenant, fais-moi plaisir, tu reviens au lycée demain, ok ?

- je peux pas Buck, j'aimerais bien mais c'est au-dessus de mes forces. J'ai vraiment l'impression que tout le monde nous dévisage quand on se prend la main tous les deux, je sais plus quoi faire.

- dans ce cas, dis-lui que les démonstrations d'affection en public te gênent, je suis sûr qu'il comprendra et qu'il gardera ses distances au lycée au moins.

- ah ouais, pas con.

Pas con du tout même. C'est l'excuse parfaite. Steve raccroche en ayant bien l'intention de se rendre au lycée demain et d'avoir une petite discussion avec son amoureux en suivant à la lettre les précieux conseils de Bucky.

Il est peu après 17 heures quand un nouvel sms de Tony apparaît sur son téléphone.

« T'as retrouvé ta Ventoline ? Je peux venir te chercher pour aller en cours demain matin ? 🤞»

« En fait, j'ai dû aller me faire faire une nouvelle ordonnance chez mon médecin 😂 mais oui, c'est bon, ma Ventoline est en lieu sûr, tu peux venir pour huit heures moins vingt 😊».

« Ça marche. J'y serai pile à l'heure. Prends soin de toi beau gosse 😘». 

« Toujours 😘».

C'est la vie, pas le paradisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant