street racing [j.wooyoung]

deux

wooyoung

   La casquette cachant la moitié de mes yeux et le nez dans ma veste noire, je me dirigeais vers le restaurant d'un des quartiers les plus reculés de Séoul. J'avais l'habitude d'y retrouver Jongho, mon ami et manager, pour planifier mes futures courses.

— 'lut.

Il releva les yeux de sa revue de presse avant de se contenter de me répondre d'un hochement de tête.

Je pris place en face de lui. Nous étions installés sur la terrasse, quelques tables autour de nous étaient occupées par les fumeurs.

— Comment ça roule ?

— Bien. Il plia son magazine. Tu savais que l'un des membres du gang SRD s'était fait attraper sur la route ?

— Non.

Je pouffai, légèrement déçu.

— C'était un membre de quel rang ?

— Rang 2, il avait des documents sur leur export de drogue à l'étranger avec lui.

— Un pilote confirmé ? Dis-je en arquant un sourcil. Tch, je ne suis même pas étonné. Ils recrutent tellement de gens qu'ils ne s'attardent plus sur leurs compétences.

C'était d'ailleurs pour ça que j'avais refusé de me joindre à eux lorsque j'avais battu l'un de leur excellent pilote. L'organisation SRD avait d'abord tourné uniquement autour du street racing. Suite à leur succès, et pour amasser plus d'argent, ils avaient ouvert un réseau qui vendait des substances illicites.

Chose sûr était qu'un jour leur business allait s'effondrer, tout ça parce qu'ils avaient laissé la glorieuse réputation de leur organisation les manipuler.

— Ils ont de la chance si la police ne remonte pas jusqu'à leur trou, ajoutai-je.

On parlait de ce sujet comme si c'était les commérages qu'entretenaient deux voisines sur leur quartier. C'était en quelques sortes le cas.

Le café où nous étions posés était en réalité fréquenté par tout les hors-la-loi du coin.

Si je tournais la tête droite, il y avait Dean et Bazzy, deux frères étant chargés de repérer et espionner la concurrence ou les menaces faisant de l'ombre à leur organisation nommée Golden Diamonds Heist.

À gauche, un tueur à gage qui gorgeait paisiblement son café, le journal sous les yeux.

Leur fausse identité ne m'était pas inconnue. Ils faisaient partie du public venant assister et m'encourager aux courses, en somme mes sources de revenu...

— Ce week-end y'a les premières éliminations du Limitless, débuta sérieusement mon ami aux cheveux rouge. Vous êtes une quinzaine par tour.

Habituellement, je n'avais pas peur d'être écouter par la clientèle de ce restaurant. Mais ce matin, il y avait cette fille assise derrière Jongho.

— Quoi ?! Mes yeux s'écarquillèrent. C'est énorme !

Elle était vêtue d'un jogging blanc et d'un pull crème. Sa caquette verte dissimulait l'entièreté de son visage penché sur l'écran de son téléphone. 

— Mmh, ça se déroulera à Dongmak-ri, les quatre derniers seront éliminés pour la course de mardi.

Quelque chose chez elle me chiffonnait.

— Mouais, bon j'ai pas trop de soucis à me faire, soupirai-je ennuyé.

J'avais le vulgaire pressentiment que ses écouteurs ne diffusaient aucune musique et que ses oreilles étaient collées à nos bouches.
Limitless était le nom du premier événement de la saison. C'était celui qui rassemblait le plus de spectateurs et d'argent. Beaucoup s'inscrivaient, c'est pour ça qu'il y avait plusieurs round avec différents pilotes.

Était-ce une flic ?

Peut-être que ça l'intéressait ? Je n'avais jamais entendu le nom d'une femme effleurer le statut des grandes effigies comme moi.

— Tu es dans le premier tour qui ouvre les festivités.

— Comme d'habitude, baillai-je.

Il sortit une feuille qu'il me tendit.

— C'est le nom et le numéro de tes adversaires. Malheureusement, certains sont un vrai point d'interrogation.

Je lis en travers quelques prénoms familiers.

— Choi San, intéressant.

Le rouge haussa un sourcil.

— Depuis le temps que j'entends parler de lui et son temps légendaire sur les courses chronométrées...

— C'est sa première participation à Limitless.

— Ouais, il vient du Sud, comme moi, lui confiai-je en rivant mon regard sur la personne derrière lui.

— Il y aussi Yunho.

Ma poitrine se froissa, de nombreux fourmillements me firent remonter un lent frisson.

— Wooyoung ?

Je mordis discrètement l'extrémité de ma lèvre. Elle me fixait de ses grands yeux émeraude. Leur lueur me défiait presque. J'avais l'impression qu'un papillon s'était égaré sur les chemins de mon corps.

— Hey !

Il claqua des doigts devant mon visage interdit.

— Mmh.

Je me mis enfin à le regarder.

— T'as rien écouté, hein ?

— Rassure-moi, c'est une question rhétorique ?

— Évidemment, soupira-t'il, vieux con.

— Je constate que tu n'accordes toujours pas d'importance à ta vie...

— Le jour où tu mettras tes menaces à exécution j'aurais eu le temps d'être sélectionné en tant que footballer de l'équipe de France.