3. Le repère

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Léo n'avait pas remis les pieds au repère depuis la mort du terrible Shredder. Si un mois s'était écoulé, on aurait eu la sensation qu'il s'était écoulé des années. Ou alors, qu'une tornade était passée dans l'entrepôt. Il y avait des comics partout sur le sol, il était impossible de ne pas se prendre les pieds dans une barre en fer ou de risquer de répandre de l'acide sur les feuilles glacées des comics. Il avait la sensation désagréable que des rats pouvaient courir sur le sol...

- Mes fils, il serait temps de tout ranger, maintenant que votre frère est rentré.

- Père ! s'écria Mikey en lui sautant dans les bras. Vous devriez être en train de vous reposer.

Maître Splinter, de son nom original, Hamato Yoshi, était l'un des grands maîtres de Jujitsu, Bojutsu, Bujutsu, Chinto et d'autres arts martiaux ancestraux. Du haut de ces cinquante années, et un visage marqués de rides profondes, on aurait eu du mal à croire qu'il était l'un des plus puissants, capable même de terrasser le Destructeur. Il se tenait sur une cane, une jambe enroulée dans un plâtre. Il était voûté, et visiblement affaiblis. Léo eut un pincement au coeur en le voyant ainsi. L'homme qui les avait adopté, élevé et éduqué avait totalement changé. Cet homme si fort et si sage n'était plus que l'ombre de lui-même. Leur dernier combat avec le Destructeur avait presque faillis lui coûter la vie. Dans un mouvement presque imperceptible et avec une rapidité inhumaine, Léo se plaça en face de son maître et stoppa Mikey en un seul mouvement de main. Le plus petit retomba au sol, sonné.

 - On ne saute pas sur une personne blessée, Mikey, reprocha Donnie en le relevant malgré tout.

- Père, vous devriez vraiment être en train de vous reposer, renchérit Raph en posant une main sur l'épaule de l'homme.

Raphaël semblait mesurer trois mètres de haut à côté de Splinter, même à dix-sept ans. Le jeune homme possédait une musculature qu'il avait développé et sculpté avec beaucoup d'intérêt. On pouvait déterminer chaque muscle, chaque petit nerf qui parcourait sa peau. Il était grand, environ 1m80, des cheveux sombres et courts, une peau légèrement halée. Il semblait que tous les vêtements était trop petits sur lui. Ainsi, debout auprès de son maître, on aurait dit qu'il aurait pu le broyer entre ses bras.

- Laissez-moi accueillir mon fils comme il se doit, se plaignit Splinter en repoussant légèrement Raph.

Celui-ci le prit assez mal, serrant les poings et grinçant des dents.

- Vous avez raison... Après tout, c'est le retour du fils prodigue.

- Raph... Léo a été absent pendant un moment, on a envie de le revoir, c'est normal non ?

Donatello était aussi petit et fluet que Splinter, bien que légèrement plus grand que celui-ci. Il offrait un contraste saisissant avec Raphaël, son aîné d'un an. Donnie préférait muscler son cerveaux que son corps, et jouait sur sa technologie pour se battre contre ses ennemis. Il avait même modifier son bâton de combat pour que celui-ci en devienne une arme mortelle. Ses frères et leurs amis faisaient parfois les frais de ses expériences foireuses, mais au moins, il produisait des petits bijoux. Ses gadgets pouvaient parfois lui sauver la vie, et ses connaissances en médecine et en chimie leur permettait de survivre. Il était tellement absorbé par la science, qu'il en venait à  laisser ses cheveux bouclés pousser, à tel point qu'il en avait dans les yeux. 

- On peut les laisser seuls quelques minutes. Raph, ça te dit de jouer à la console ?

Michelangelo était le plus petit des quatre. Autant en âge qu'en taille. Il devait bien mesurer dans le mètre 60 et n'avait que quinze ans. Il était fluet. On aurait pu croire qu'un coup de vent l'enverrait valser. Ce que le vent pouvait faire valser par contre, c'était ses cheveux blonds, fins et doux comme de la soie. Non pas qu'il y fasse particulièrement attention, puisqu'il portait toujours un bonnet. Mais c'était un style qui lui convenait, avec le fait de se balader sans cesse avec son skate et un comics dans son sac. Il avait notamment un intérêt particulier pour la pizza. Celle aux fromages, il aurait pu en manger des centaines sans s'arrêter.

Ils quittèrent la pièce, laissant Léo et Splinter. Ils se firent face pendant plusieurs minutes en silence, avant que Léo ne pose un genoux au sol et s'inclina devant son maître.

- Relève-toi mon fils. Laisse-moi observer ton visage.

Splinter posa ses mains sur les épaules de l'ainé de ses fils, Léonardo. Il plongea ses yeux dans le regard bleuté du jeune homme, qui le soutint avec difficulté. Il se sentait sondé de fond en comble. Une larme perla au coin de l'oeil de son père, et il leva la main pour l'essuyer. Splinter retira ses mains et l'invita à s'installer sur le canapé, avec lui. Léo se mit à préparer du thé et en servit à son père dans une tasse. Splinter la porta à ses lèvres et se délecta en s'enfonçant dans les coussins.

- Ton thé m'a manqué.

- Merci, père.

Léonardo avait eu ses dix-huit ans peu de temps avant la mort de Shredder. Être le plus vieux et le chef de leur petite troupe n'était pas une situation facile à vivre pour lui, si jeune et si tôt. Et être le responsable de la mort de quelqu'un non plus, n'était vraiment pas simple. Splinter observa ses traits. Ses cheveux avaient poussé un peu, ils étaient toujours aussi noirs et sombres que la nuit. Ses yeux brillaient comme le ciel en été et son corps était sculpté comme du marbre. C'était un mélange parfait entre force brute et sagesse. Splinter ressentait une fierté immense de voir ses enfants évoluer ainsi. L'un était les muscles, un autre était le cerveau, le troisième était l'audace et le dernier était le sage.

- Raconte-moi.

Léo reposa la tasse sur la table et releva les yeux sur son père.

- Que je raconte quoi ?

- Ce que tu as fait pendant ce mois. Tu as dis à tes frères que tu aurais des choses à faire dans New York, mais je sais que tu as menti. Où étais-tu ? Qu'avais-tu de si important à faire mon fils ?

- Je n'ai rien fait de particulier. J'ai voyagé, j'ai vu des endroits et des paysages et... Je voulais juste me retrouver seul.

- A cause de ce qu'il s'est passé avec Oroku Saki ?

- Je suis responsable de ça. Sa mort, c'est ma faute. Et je sais que pour vous, père, nous ne devons pas user de la violence sauf si c'est pour se défendre. Mais de là à le tuer ? Père, je dois vous décevoir, j'en suis sûr.

- Jamais, mon fils. Tu as mené tes frères à une mort certaine et tu les as sauvé. Tu n'as pas choisi ce qu'il s'est passé. Tu te défendais, tu les as protégés. Tu devrais être fier de toi. Tu as réussi à vaincre Oroku Saki, le Destructeur, Shredder, le chef de l'un des plus anciens clans qui puisse exister en ce monde, les Foot. Tu as protégé la ville entière, et ainsi, le pays. Peut-être même le monde. Tu es un héros. Toi et tes frères êtes des héros. Même si ce sont des héros, ils sont encore immatures et dépendants. Ils ont besoin de toi. De toi, au meilleur de ta forme.

- Vous considérez encore que je suis à la hauteur ?

- Plus encore que tu ne peux le penser. Léonardo, reprends une vie plus simple, retourne à l'école. Pour le moment, reposez-vous, tes frères et toi. Rangez-moi aussi ce bazar, on n'a pas idée de vivre dans une porcherie.

Splinter adressa un sourire à son fils, avant de quitter la pièce, laissant Léo seul, contemplant sa tasse de thé.

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Il semblerait qu'il y ait quelques tensions dans ce petit groupe. J'espère que ce chapitre vous aura plus, le prochain devrait arriver assez vite. Je suis très inspirée pour cette fiction.

A la haine [TMNT LeoxKaraï]Nơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ