A la haine [TMNT LeoxKaraï]

15. Redescente.

Lorsqu'elle ouvrit les yeux en sursaut, la lumière du journée avait largement décliné et les températures s'étaient mises à descendre. La nuit allait bientôt tomber sur la ville. Pendant toute la journée, qui avait semblé durer une éternité, Léonardo avait été tiraillé entre la haine immense envers Casey et le besoin viscéral de protéger Karaï. Celle-ci s'était endormie après l'épisode du baiser. En réalité, ils en avaient échangé deux. Le premier, que Karaï lui avait volé, et le second, qu'elle avait promptement demandé et même, supplié.

Juste après, elle était plongée dans un sommeil si profond qu'il doutait qu'elle soit en mesure de se réveiller avant minuit, mais elle devait avoir un métabolisme très puissant.

Il avait déjà vu des cas similaires de personnes exprimant des réactions physiques normalement obtenues lors de rapports sexuels avec des hallucinations, et qui finissaient pas sombrer dans un sommeil dont elles ne se réveillaient pas avant plusieurs jours, pour certaines. Durant ce laps de temps, des inconnus ou des gens mal intentionnés pouvaient faire absolument tout ce qu'ils désiraient : à son réveil, la victime était persuadée qu'elle avait été consentante et ne sentait aucune différence.

Léo était resté à ses côtés, n'ayant ouvert que son gilet pour éviter qu'elle soit gênée dans son sommeil, la recouvrant d'une couverture lorsqu'il avait senti que la température extérieure avait commencé à diminuer. Il avait allumé une lampe à faible luminosité pour lire, attendant patiemment qu'elle se réveille. Il avait eu Donatello au téléphone, qui lui avait demandé des nouvelles et de décrire précisément ses symptômes, le tout pour essayer de concocter un antidote. Mais il ne connaissait aucune molécule, aucune plante capable de produire cet effet.

Dans le meilleur des cas, il pouvait calmer les hallucinations, mais les sensations physiques resteraient belles et bien réelles, et les effets secondaires ne disparaitraient pas pour autant. Donatello avait raccroché, lui demandant de veiller sur elle. Ils auraient sûrement d'autres occasions de tester la drogue et de contrer ses effets plus tard.

Karaï laissa échapper un cri à son réveil, qui fit sursauter Léonardo et fermer son livre dans un claquement. Leurs regards se croisèrent, et elle se mit à rougir violemment, tirant même la couverture jusqu'à son menton, comme si elle était nue et désirait cacher son corps.

- Est-ce qu'on a...

- Non.

Simple. Clair. Efficace. Elle laissa échapper un soupir de soulagement, qui soulagea également Léo. Il avait eu peur qu'elle ne lui crie dessus, ne lui reproche quoi que ce soit. Avant même qu'elle ne dise un mot sur le lieu ou les circonstances de sa présence, il enchaîna le plus calmement possible.

- Nous sommes à New York, sur les toits. Nous t'avons trouvée, allongée par terre, dans une rue à côté du lycée.

- "Nous" ?

- Michelangelo et moi ?

- Et où est-il ?

- Il est resté au lycée pour excuser notre absence auprès des profs. Il a raconté que comme tu semblais te sentir mal, je t'avais raccompagné chez toi. Ou qu'on était tous les deux malades, je sais plus exactement.

- D'accord...

Elle semblait visiblement perturbée et sur la défensive. La jeune fille n'avait pas lâché la couverture, qu'elle tenait toujours fermement entre ses poings. Mais il ignorait si c'était par crainte qu'il lui fasse quelque chose, ou parce qu'elle se remettait tout juste de ses hallucinations, essayant de voir si c'était réel ou faux.

- Si on n'a rien fait...

- A vrai dire... Il s'est bien passé un truc.

- Quoi ?

- Tu m'as embrassé.

Karaï garda les yeux rivés sur Léonardo. Elle digérait la nouvelle, scrutant au fond de ses yeux s'il disait la vérité. Il comprenait son désarroi et lui laissait le temps de digérer toutes les informations. Elle se recroquevilla sur elle-même en se frottant le visage et en se tenant celui-ci entre les mains, le visage rougit de colère et de honte.

Léo décida de détourner les yeux pour lui laisser la possibilité de se détendre sans se sentir espionner et finit même par se lever pour sortir de la cabane. Elle ne rechigna pas à ce qu'il s'absente. Après une heure à attendre sur le toit qu'elle esquisse un signe, elle ouvrit la porte de la cabane et le rejoignit dehors, avant de s'installer à côté de lui.

- Je voulais... te remercier. Pour ton aide.

Il leva un sourcil en l'observant avant de sourire. Il se voulait franc et doux, sans pour autant être moqueur ou amusé. Il commençait même à s'inquiéter pour elle. Ni lui ni personne d'autre ne connaissait les effets secondaires. Ils ignoraient totalement comment cela allait se manifester. Pour avoir vu plusieurs personnes en manque ou avec des effets secondaires notables, il préférait garder un œil sur elle. Du moins, il aurait aimé, si en voyant ses traits d'aussi près, il ne voyait pas le visage de son pire ennemi.

- Je suis désolée, pour le baiser. Je ne voulais pas...

Léo leva la main pour l'arrêter. Il avait aimé son baiser. Il avait aimé la sensation douce de ses lèvres, la chaleur de sa langue et la tendresse de son souffle. Il avait apprécié la passion et l'envie croissante qu'il avait senti en elle. Il voulait se souvenir de ça, et, même si ça pouvait sembler malsain, le chérir. Il n'avait aucune certitude que cela se reproduise.

- Inutile de t'excuser. Tu n'étais pas toi-même. Tu étais... dans un état second.

Elle baissa les yeux sur ses mains sans oser le regarder à nouveau. Il se permit de la détailler. Comment elle avait coincé une mèche rebelle derrière son oreille, comment son nez était retroussé et l'ombre de celui-ci se profilait sur son visage. Mais en voyant qu'elle se tournait à nouveau vers lui, il détourna les yeux. On aurait dit un enfant prit en flagrant délit de vol de bonbons alors qu'il était puni.

- J'ai une dette envers toi.

Sur ces mots, elle ouvrit la porte qui lui permettait de rejoindre l'immeuble et disparu. Comme s'il ne s'était rien passé, juste une silhouette dans la nuit.

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Il y a du nouveau entre eux...