A la haine [TMNT LeoxKaraï]

4. Légitime

Si Chris Bradford acceptait de recevoir des ordres de son maître Shredder, les recevoir de sa fille était une autre histoire. C'était même une expérience désagréable au plus haut point.

Karaï n'était arrivé dans sa vie que depuis quelques jours, et elle commençait déjà à tout changer, et tout réformer. Les lieux d'entraînement, le commandement, les missions, le but principal avait également changé. Elle avait choisi la vengeance, pour son plus grand bonheur. A vrai dire, il espérait qu'elle échoue et meurt dans le pire des cas, reprenant le pouvoir et la direction du clan, comme il avait toujours voulu faire. Malgré le respect immense qu'il avait en son maître, il considérait sa mort comme une chance inestimable de pouvoir toucher la puissance et le pouvoir du doigt.

Mais cette gamine venait tout compliquer. Karaï, elle, l'ignorait merveilleusement bien. Elle savait parfaitement qu'il planifiait sa mort et donc, son accès au pouvoir du clan. Elle comptait bien mettre toutes ces mauvaises intentions à profit. En commençant par l'énerver et le frustrer. Elle attendait des résultats probant et une chance de l'écarter au moins le temps qu'elle remonte entièrement le clan. Il s'agissait ainsi de se réapprovisionner en armes, en bombes, et voler des objets précieux pouvant valoir plusieurs milliers, sous couvert de sa vengeance.

Si elle pouvait en profiter pour tuer ceux qui avaient détruit sa vie et sa famille, elle n'allait pas s'en priver. A commencer par Hamato Yoshi, celui qui avait tué sa mère et blessé presque mortellement son père au visage. Puis, ces quatre fils. Mais elle ignorait encore dans quel ordre elle comptait procéder. Commencerait-elle par tuer les frères devant leur père, pour bien le faire souffrir ? Allait-elle tuer les trois frères ayant participé avant le dernier qui a tué son père et avant Yoshi, pour graver dans leur mémoire, la douleur de perdre des proches ? La deuxième option était tentante. Elle voulait tuer les pauvres innocents qui n'étaient responsables de rien, faire souffrir celui qui s'en était prit à son père et... oh mais oui. Tuer Yoshi ensuite, lui laissant la vie sauve, devant pleurer trois de ses frères et son père, comme elle avait dû pleurer sa mère et son père.

Karaï sentit un frisson de satisfaction lui parcourir l'échine, tandis qu'elle étudiait un plan de New York sur un écran d'ordinateur au fond du dojo. Bien qu'elle ait sa propre maison et donc son propre accès à Internet, elle appréciait l'idée d'être dans ce lieu. Bien qu'ouvert au public pour camoufler leurs activités illégales, personne n'osait imaginer qu'il se tramait des affaires sombres. Aucune flic n'oserait, aussi zélé soit-il, demander au grand Chris Bradford de fouiller son dojo.

L'adolescente cherchait un nouvel endroit où mettre leur Quartier Général. Elle voulait un endroit isolé, calme et passant inaperçu. Le dojo était beaucoup trop exposé, trop voyant. Il fallait un lieu où les gens ne comptaient pas s'aventurer, sauf avec une trop grande curiosité. Un entrepôt abandonné, c'était beaucoup trop simple. Ce serait le premier endroit où elle chercherait, si elle devait débusquer quelqu'un qui se cache. Elle pensa en premier lieu à un immeuble, mais ils étaient pour la plupart menacés de démolition. C'était donc un pari risqué.

- Qu'est-ce que tu fais gamine ?

- Oh voyons, je ne suis plus une gamine.

- Tu n'es pas majeure, donc tu es une gamine. Et sache que chef, tu n'en as que le nom, tu ne l'es pas aux yeux de mes hommes.

Karaï leva un sourcil en jetant un oeil à Chris derrière l'écran de son ordinateur. Elle esquissa un léger sourire amusé.

- Je sais bien mon cher Bradford. C'est bien pour ça que je te veux comme bras droit. Je donnerai les ordres principaux, et toi, mon exécutant, tu donneras tes ordres aux autres pour qu'ils agissent. C'est simple : je prends les décisions, et tu m'obéis. Tu donnes tes ordres, et ils exécutent. Ils te font confiance, et si tu m'obéis, ils m'écouteront.

- Pourquoi moi ?

Elle pouffa de rire devant sa question. Elle était amusée par la situation. Un rien amusait cette jeune fille, surtout les questions débiles et les remarques futiles. Elle se moquait des questions de ce type : dans sa tête, tout était clair et précis, millimétré comme une partition de musique.

- Ce n'est pas un choix. Quant à choisir, je ferais bien une petite compétition pour voir qui serait le plus capable de me seconder. Mais accepterais-tu d'y participer ? Si oui, qui serait assez fou pour se mesurer à toi ?

- En effet. Voici pourquoi je te propose de mériter ta place de chef, dit-il en croisant les bras sur son torse, presque trop sûr de lui.

- Ce que j'ai fait l'autre jour ne t'a pas suffit comme leçon, fit-elle simplement remarquer en se concentrant de nouveau sur son ordinateur.

- Tu m'as prit par surprise aussi...

Karaï poussa sa chaise et se leva d'un coup, approchant vers lui. Elle posa une main sur son bras et le regarda dans les yeux.

- Tu es un ninja, il me semble. Je pense pouvoir dire sans me tromper que nous devons agir en silence, furtivement, sans faire de scandale, sans se faire voir et surtout, par surprise. Un vrai ninja ne se fait pas voir. Un vrai ninja disparait dans l'ombre sans qu'on ne puisse retrouver sa trace. Tu pensais que moi, une kunoichi, j'allais la jouer à la loyal.

- Les kunoichi sont des ninja, alors-

- Non. Je suis une tueuse, dit-elle en souriant. Je suis un ninja, mais je suis surtout une tueuse. J'use de mes charmes, de mon corps et je frappe. S'il faut te tuer, je le ferai sans hésiter. Alors maintenant, ravale ta fierté et retourne t'entraîner. Laisse-moi gérer mon clan.

Il ne s'était pas rendu compte, qu'elle avait glissé une lame le long de son cou et reprit conscience de sa position. Mais oui, reprends donc les rênes de ton clan, petite ingrate, et à la moindre faute, je ne te louperai pas.

Comme si elle avait lu dans ses pensées, elle lui fit un signe de tête.

- Ne t'en fais pas, je vais déjà nous trouver un meilleur endroit, où personne ne viendra nous chercher.

- Un entrepôt abandonné, par exemple ?

Elle explosa de rire.

- Un entrepôt, c'est les amateurs qui s'y enferment.

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Ah ma pauvre Karaï, si tu savais... Mais c'est qu'elle sort les griffes dites donc.