17) Le Souverrain des Ténèbres et la parade de l'ombre

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Les mois étaient passés. Lentement. Douloureusement. La vie n'avait plus vraiment aucune saveur. Mattheo faisait acte de présence auprès de ses amis, quelques faux sourires, beaucoup d'arrogance et de méchanceté. Il ne supportait presque plus rien ni personne, s'enfermait à nouveau sur lui-même. Draco prenait le même tournant et, derrière leurs dos, leurs amis s'interrogeaient.

Théodore Nott supportait ces changements brutaux d'humeur, cette énergie maussade, cette déplorable tristesse. Il connaissait Mattheo sur le bout des doigts. Sa carapace était tellement solide qu'il arrivait à pousser les autres dans leurs retranchements, à bout. Dispute sur dispute, provocation sur provocation. Comme avant. Pire encore.
Theo comprenait. Son meilleur ami avait perdu un être cher. Il était déboussolé et en peine. Mattheo lui avait raconté : être le seul à se souvenir le rendait malade.

L'année s'était écroulée péniblement. Il avait réussît ses examens avec de très bons résultats. Il savait que Flora aurait été fière de lui. Les vacances d'été pointaient maintenant le bout de leur nez.

Par un jour ensoleillé, il était venu voir le match de Quidditch qui opposait les Serdaigle aux Poufsouffle. Flora était devenue cheffe d'équipe.

Il faisait terriblement chaud, le soleil l'aveuglait et ses yeux étaient rivés sur elle. Ses magnifiques cheveux attachés en une épaisse natte, ses genoux éraflés à force de tomber de son balais, ses prunelles de miel toutes pétillantes d'excitation et de joie. Elle virevoltait dans les airs avec agilité et élégance, elle menait la danse. Le match était rude et serré. La voir se battre de tout cœur pour son équipe lui collait un immense sourire sur le visage. Cette passion du Quidditch lui était venue à onze ans, résultant de leur premier moment à deux.

« Mattheo... »

Il sursauta. Hermione s'installait à côté de lui, ses épais cheveux secs attachés, le drapeau de Poufsouffle peint sur les joues. Elle avait un coup de soleil sur le bout du nez. La Gryffindor était évidement venue soutenir sa meilleure amie.

« Es-tu en danger ? »

Mattheo se tourna vers elle, surprit d'une telle spontanéité. L'amie de Flora lui soutenait un regard de pitié mélangé à de l'inquiétude.

« Laisse-moi, Granger.
- Ton sort, reprit-elle, tu ne l'as pas très bien jeté. Elle a des souvenirs. »

Le visage du Serpentard se décomposa. Hermione poursuivit, sur son éternel ton de Madame Je Sais Tout :

« Il y a quelques mois, à la bibliothèque, elle en pinçait pour toi. Elle me disait qu'elle avait eu une drôle de sensation. Une impression d'inachevé. Je pense que tu n'as pas bien jeté ton sort, Mattheo. Elle ressent toujours des choses. »

En même temps, le publique se leva d'un bond en hurlant, les bras en l'air. Un but de marqué pour les Serdaigle. Confus, Mattheo entre-ouvrit la bouche.

« J'ai fait comme les bouquins disaient.
- C'est un sort de sixième année, souligna Hermione, que même les sixièmes années ne maîtrisent pas toujours. C'est complexe.
- Qu'est-ce que je dois faire ?
- Rien. Si tu me le demandais, j'annulerai le sort.
- Tu sais faire ça ? »

Hermione arqua un sourcil, l'air de dire « bien-sûr que je sais faire ça ». Il hocha négativement la tête, se tournant à nouveau vers le match. Flora était proche d'attraper le vif d'or.

« Tant pis, souffla Mattheo, c'est ainsi et il faut s'y faire. »

Un noeud se forma dans sa gorge. Il croisa les bras sur son torse comme pour cacher sa tristesse. La Gryffindor était tellement perspicace qu'il ne servait à rien de lui cacher quoi que se soit.

« Elle me manque. »

Ses lèvres tremblèrent.

« Je sais. »

Cris de joie autour d'eux, applaudissements, sifflements. Elle venait d'attraper le vif d'or.

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Les vacances étaient venues. Il fallait remplir les valises, ranger le dortoir et retourner au manoir.
Draco et Mattheo savaient très bien ce qu'ils les attendaient : la cérémonie des nouveaux Mangemorts. Encore un été qui n'avait rien de chaleureux, de lumineux, d'épanouissant.

Mattheo regardait Draco enfiler sa cape avec soin voire avec fierté. Son attitude le mettait en colère. Draco avait été façonné directement des malins de Lucius. Aucun jugement propre. Mattheo avait envie de le secouer, de l'encourager à la révolte tant qu'il le pouvait. Ce n'était malheureusement pluss possible pour lui. À contre-coeur, Mattheo enfila à son tour sa cape noire, ridicule déguisement des Mangemorts.

Une foule capuchée et masquée arpentait les allées de l'immense jardin du manoir Malfoy, à la fois QG et lieux d'événements de la parade de l'ombre. Mattheo ne revenait pas du monde qui s'attroupait, de plus en plus nombreux, dans le jardin où il avait fait ses premiers pas. Narcissa enroula ses bras sur les épaules du jeune homme, lui lançant un regard qui se voulait déterminant et encourageant.

Ensembles, ils traversèrent le jardin. Mattheo sentait les regards des uns et des autres le perforer de part en part. Tous étaient masqués à l'exception des Nouveaux Mangemorts. Certains des fidèles lui firent la révérence et bientôt, tous se penchèrent pour saluer la progéniture de leur Tout Puissant Maître. Mattheo avait envie d'hurler, de s'enfuir. Un spasme de dégoût le secoua. Narcissa serra sa main fraîche contre celle de son fils de cœur pour le rassurer, lui demander de tenir le coup.

Une lignée de sorciers démasqués, genoux au sol, tendaient leur avant bras vers Voldemort, la tête tournée sur la droite. Il leur était interdit de le regarder tant qu'ils n'avaient pas le Signe D'appartenance.

Mattheo s'obligea à faire de même, laissant Narcissa s'éloigner. Il tendit son avant bras, les yeux clos : il préférait ne pas assister à cet horrible moment symbolique. Lorsque ce fut son tour, son cœur s'emballa, tiraillé par l'envie de s'opposer et de fuir aussi vite et loin que possible. Sa raison lui hurlait qu'il ne pouvait pas se permettre un tel comportement sinon il mourrait. Le Serment demeurait Inviolable.

La baguette de son paternel crachait une aiguille recouverte d'un venin noir qui se mit à lui charcuter l'avant-bras. Mattheo serra les dents pour ne pas hurler, pour ne pas céder à la tentation de se jeter au cou de Tom Riddle et de l'étrangler jusqu'à l'étouffement fatal. Jamais il n'avait autant prit sur lui. Aujourd'hui était le jour de son damn. Il sentait l'aiguille lui trancher la peau, le venin enflammer ses veines et les parcourir de la tête aux pieds. Progressivement se dessinait sur sa peau à vif un crâne et un serpent. Il était des leurs, à présent. Plus aucun retour arrière imaginable.

« Mes chers amis ! Clama Voldemort sous une pluie d'applaudissements. Laissez-moi vous présenter Le Souverain. »

Il tira Mattheo de force sur le devant de la scène, à visage découvert, l'avant bras ensanglanté. Sous ses yeux se déployait une bonne centaine de fidèles qui s'inclinaient encore pour lui.

« Pour nous prouver sa bonté, Le Souverain des Ténèbres va accomplir pour nous une mission. »

Applaudissements généraux. Mattheo senti son rythme cardiaque drastiquement s'affaiblir, attendant avec appréhension sa sentence.

« Son ami, fils de Lucius Malfoy, et lui-même ont pour mission de donner la mort à Albus Dumbledore. »

Cris de joie, applaudissements, hystérie générale. Draco avait relevé la tête vers eux, son avant bras également marqué au fer rouge, le visage décomposé. Voilà à quoi lui servait les jeunes recrues. Mattheo souffla discrètement, presque rassuré. Le vieux était increvable. Il était persuadé qu'aucun d'eux n'allait réussir cette mission.

La mer de fidèles semblait faire la fête, célébrer avec joie cet événement, l'arrivée des nouveaux dans leurs rangs et l'annonce de la mission. Comme déconnecté, loin d'eux, Mattheo assistait à la scène comme on regardait un film : sans se sentir acteur. Des images défilaient devant lui et il était là, rien de plus qu'une plante au décor. Pourtant, la foule l'acclamait comme un héros, comme l'heureux élu qui mènerait Potter à sa mort, Poudlard à sa perte et Albus dans la tombe.

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