Filer à l'anglaise

PHILANTHROPE

Je suis passée par le parc faire un petit coucou à Rachid mercredi. Il m'a reconnu et forcé à accepter sa barquette de frites sauce andalouse alors que j'ai déployé tous les arguments du monde pour lui prouver que je n'avais pas faim. J'aurai pu lui apporter une endoscopie digestive montrant ma bavette de ce midi qu'il n'aurait pas changé d'avis.
Résultat, c'est André qui s'est régalé.

Aujourd'hui, vu que je ne travaille pas, je suis à la terrasse d'un café dans Le Marais avec Elise. Payer six euros trente un chocolat chaud, la prochaine fois, je m'abstiendrais.
Heureusement qu'il y avait un spéculoos lotus et de la mousse dessus, ça rattrape le coup.

Je ne sais pas pourquoi la première paie part si vite mais alors je n'en ai pas vu la couleur. J'aime bien le violet. J'espère qu'elle était violette au moins.

J'ai acheté des nouvelles décos pour mon appartement et des nouveaux vinyles grâce à ça. Il y avait une espèce de marché aux puces et le papy mimi qui tenait le stand m'a fait une offre de fou. Il m'a carrément glissé Life in cartoon Motion de Mika encore sous blister. Je me vois déjà chanter Relax, take it easy à fond dans l'appart.

Ensuite j'ai fait des énormes courses. Même Palmyr était choqué alors qu'il aime trop ramener deux sac cabas entiers à chaque fois qu'il va au supermarché. Il m'aurait fallu un frigo balaise mais je ne suis ni assez blindée, ni américaine pour posséder un frigo américain double portes supplément distributeur de glaçons.
Donc j'ai joué à la Tetris avec les aliments. Ça m'a rappelé l'époque où c'était le seul jeu dispo sur mon ancien BlackBerry.

— t'as fini ta maquette sur la perspective ?

Elle sert actuellement de cale porte mais d'ici deux jours j'aurai terminé pour sûr.

— oui oui. Encore deux-trois coups de colle et on est bon.

— tu prends tout à la légère et tu vas rendre ton travail en retard, souffle-t-elle sur son café noisette

— n'importe quoi ! Toi j'espère que t'as terminé ton site internet, sinon c'est ciao tes commentaires sur mon travail, ris-je

— ton non-travail du coup !

Je la défie du regard. Elle veut me faire et y arrive très bien.

La blonde est en école de Webdesign sur Paris. Tous les jours de sa vie elle a des sites internet à faire. Elle dit que je la réduis à la création de sites web alors qu'elle fait plein d'autres trucs. Elle a pas tord. Mais c'est trop tentant de la charrier sur ça, sachant le prix de son école.

𓆡

Élise avait raison.
Ça me fend le coeur de l'admettre.
Je n'ai pas terminé à temps ma maquette mais par contre je me suis faite terminer par Béber, ma prof. En vrai, on est censé l'appeler Mme Paulsen mais dès qu'on a su qu'elle s'appelait Bérangère, on s'est senti obligé d'honorer son prénom. Béber ça fait un peu daron qui va au PMU alors que notre Béber à nous porte des cardigans, des épingles dans son chignon poivre et sel pour le structurer et des mocassins Céline. Rien à voir mais on trouve ça drôle.
Il nous en faut peu, c'est vrai.

Bref, là, je suis actuellement en pause. Elle se résume à ouvrir la porte de secours de derrière, y caler une chaise pour ne pas qu'elle claque, prendre l'air frais, boire un orangina et surtout scroller Facebook.