Filer à l'anglaise

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nouvel an 2012

Evi râle parce qu'elle a agrandi la fente de sa robe sans faire exprès. On est chez elle, à se préparer du mieux qu'on peut pour réveillonner comme des stars, ce soir.

Pour une fois que ce n'est pas mon appart qu'on souille.

J'ai passé une semaine de malade entre le ciné et mes devoirs à rendre pour la rentrée. Nadine m'a augmenté mes heures sous ma demande le temps de mes vacances scolaires. Il fallait que je comble un max mes journées pour penser à autre chose. J'ai abandonné l'idée de partir à Nantes début janvier mais plutôt début février, sur un week-end. Palmyr part milieu du mois, je voudrais profiter de lui avant la trêve.

Résultat, je n'ai que pris le temps de recharger ma batterie sociale et aller au taff, depuis que Nek a quitté mon appart mercredi aprem.

Peut-être à trente minutes d'intervalle, Palmo aurait pu faire la tracklist des meilleures formes de pâtes avec nous. Mais il est arrivé avec Elise une fois que les liguines et les coquillettes aient tapé catégorie S et que mon friend soit parti au macdo, prendre son service.

La suite, vous la connaissez.

Donc là, je suis plutôt ready pour faire la fête même si, dans le fond, je n'ai pas trop la tête à ça.

Je suis préoccupée, on va dire.

J'enfile malgré tout un jolie pantalon palazzo. C'est ma mère qui me l'a acheté et fait parvenir de Turquie. Soi-disant, lorsqu'elle l'a vu en boutique, elle a directement senti le potentiel que la pièce aurait sur moi.

C'est un peu une fashion victim. Et je suis ravie de faire les frais de ce trait de caractère aujourd'hui. Puisqu'elle a bien senti–je me sens pimpante dedans.

Après, la connaissant, elle culpabilise assez de ne pas être avec nous et tente de me montrer qu'elle pense à moi en passant par des petites attentions du mieux qu'elle peut.

Mais elle y arrive bien, j'ai pleuré comme une madeleine quand j'ai vu le mot qui accompagnait le colis. Un truc qui se finissait comme prend une photo avec ton gentil frère dans vos tenues de fête et envoie à la famille.

Si elle savait comme c'est nous qui culpabilisons de ne pas être avec elle physiquement.

Peut-être que je suis décidément un peu à cran ces derniers temps. Heureusement que mon entourage m'aide indirectement à me changer les idées.

Même si je l'ai vesqui comme la peste ces derniers jours, certes.

— tu m'écoutes pas Zouzou ... j'peux avoir l'aiguille steuplait ou tout est aligné pour me casser les couilles ?

Je relève les yeux vers elle, j'étais loin dans mes pensées. Alors, mécaniquement, j'attrape une aiguille et fait quelques pas pour la lui donner en main propre.

— tiens, désolée.

— t'as l'air ailleurs, affirme Elise

— ouais, j'sais bien mais promis je suis d'aplomb pour ce soir, m'enthousiasme-je

Elle clipse deux barrettes sur son crâne et me regarde à travers le miroir plein pied.

— on en parlera ?

— oui, vous inquiétez pas, c'est rien de particulier, c'est plus un enchaînement de trucs relous et la fin d'année.

Elles ne paraissent pas convaincu mais on finit par rire toutes les trois lorsque la couturière improvisée, assise à même le sol, se plante l'aiguille dans la cuisse et saigne.