INSOLENT

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Il m'a quand même pas mal intrigué ce mec. J'y ai pensé plusieurs fois cette semaine.
Maintenant, je ne regarde plus le siège rouge de la même manière.
En vrai, je me demande si inconsciemment j'aimerais l'y revoir installé avec son bouquin.
Ça serait fun. Il l'avait dégainé de sa poche de chemise, ça m'avait fait rire.

Mais on est dimanche, et même s'il a vanné en disant qu'il viendrait, je lui ai bien signalé que ce jour-là j'aime bien rentrer directement chez moi et décompresser de ma semaine de zinzin.

Surtout que là, à part m'embrouiller avec Nadine car je remplie trop les sachets de pop-corns, j'ai passé une journée des plus molles. Donc je suis dans un mood de grosse flemmarde maintenant qu'il est dix-huit heures.

Alors que je ferme seulement la porte derrière moi–ma responsable encore à l'intérieur, une main vient taper mon épaule.
Purée. Pour peu que ça soit André, le sdf qui squatte toujours les barrières du ciné, vraiment je souffle d'avance. J'ai dû lui donner plus qu'une semaine de salaire ici, depuis que j'ai été embauché. Il est vraiment sympathique mais il prend par les sentiments et ça me fait culpabiliser si je lui donne rien.

— Salut.

Je me retourne d'un bond, reconnaissant la voix du mec mystère. Eh bien. Il a tenu parole, malheureusement, c'est le mauvais jour.

— salut. T'écoutes ce qu'on te dit toi. Le dimanche j'aime pas être dérangée.

En vrai, ma réponse paraît froide mais j'ai un sourire aux lèvres.

— j'sais. C'est pour ça que j'suis venu.

Il vient de me décrocher un rire. Il est insolent en plus de ça.

— t'as pas d'amis ?

— si. Mais toi t'as pas l'air d'en avoir là tout de suite donc j'me disais qu'on pouvait faire un truc.

Tentant. Peut-être que mon mode flemmard peut laisser sa place à un mode enthousiasme. Pour l'effort d'être revenu, je peux bien lui accorder un peu de temps. En plus, même vous, vous saviez que j'attendais de voir s'il allait se pointer cette semaine.

— hm. Ça se tente. Faire quoi ?

— y'a un parc pas loin. J'y vais souvent, y'a Rachid, un mec qui vend des tacos sur la place. C'est clean. Pas plus cher qu'une pinte à quatre euros quatre-vingt t'inquiète.

— on part sur un tacos alors ? Intéressant, approuve-je

Je range mes clés dans mon sac bandoulière et y sors mon téléphone pour écrire un message à mon frère. Heu. N'importe quoi, à Elise.
Palmo va faire un arrêt cardiaque si je le mets au courant illico.

à : Élise

- si d'ici 1h30 je réponds pas, j'suis chez Rachid un mec qui vend des tacos avec le mec mystère

- j't'envoie ma loc'

Bah ouais. On sait jamais, à tout moment, Rachid c'est le collègue de cache-cou et ils ont pour mission de m'éliminer parce que je fais de l'ombre à leurs petites sœurs tellement je suis fraîche.

Nan, plus sérieusement, on est sûr de rien. Mais, j'ai grave faim, donc j'emboîte ses pas. Il marche super vite et jette deux trois regards derrière pour s'assurer que je tiens la cadence. Chic type.

de : Elise

- Bien reçu ta loc et bon app, rapporte moi son prénom

Filer à l'anglaiseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant