Chapitre 25

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𝘙𝘐𝘝𝘌𝘙
⊹ ࣪ ˖


La peur.

Un des sentiments les plus forts que l'être humain peut ressentir, une crainte bien plus violente et plus intense que l'amour ou la haine. On se concentre le plus souvent sur ces deux ressentis, alors que la peur, elle, est bien plus incontrôlable. Et c'est ce que j'ai vu dans son regard, cette lueur que jamais je ne me suis attendu à voir un jour. Elle pouvait projeter de la joie, de la colère, de l'indifférence, mais ce que Kiera ne sait pas, c'est que la frayeur est l'émotion qui se lit le plus facilement sur son visage.

Je me rappelle de sa mine déconfite dès que la voiture est passée près de nous. Comme si quelque chose se brisait de nouveau en elle. Comme si ses démons n'étaient qu'à quelques mètres, prêts à la dévorer sans pitié.

Kiera m'intrigue beaucoup trop pour que je l'ignore. En soit, ce qu'elle cache ne me regarde pas, mais ça me tente beaucoup trop pour que je...

— Tonton River !

Une petite tête blonde d'un mètre vingts, habillé en vert de la tête aux pieds, accourt vers moi. D'accord, les enfants sont infernaux et détestables, sauf celui-ci.

Je le soulève du gazon fraîchement arrosé alors qu'il rit aux éclats, sous le regard ému de sa mère.

— Laurel, je ne savais pas que vous viendrez.

— On a fait la route uniquement pour vous voir, répond ma cousine en souriant.

Elle est accrochée au bras de son mari, Paul, qu'elle a rencontré en France il y a cinq ans. De leur mariage est né l'adorable petite fripouille que je tiens actuellement dans les bras, Tom. Quand je le repose par terre, il me fait signe de regarder son genou amoché, surmonté d'un pansement. Je m'accroupis pour être à sa hauteur, et lui demande :

— Dis-donc bonhomme, tu t'es fait mal ?

— C'est une blessure de guerre, précise-t-il fièrement. Je suis tombé en faisant du foot. Mais j'ai marqué deux buts ! N'est-ce pas maman ?

Il sautille dans tous les sens. Je me retourne vers sa mère qui n'a absolument rien entendu. Elle et Paul sont beaucoup trop occupés par les retrouvailles avec la famille de ma mère. Nos grands-parents, notre oncle et notre tante maternels ont tous répondu à l'invitation de la famille Andreas. Maman les a conviés pour un barbecue familial, une tradition qui s'est perpétuée assez longtemps dans cette famille. Bien évidemment, on a aussi invité ceux qui sont du côté de mon père. Mais les chaises vides me disent qu'ils vont encore rater un événement cette année, tout comme les précédentes.

— Tonton, tu veux jouer avec moi ?

Tom tire sur mon t-shirt en faisant une moue adorable.

— Tout à l'heure blondie, lui promets-je en lui ébourriffant ses cheveux. Va voir Tata Carmen en attendant.

Il obéit sagement et gagne place à côté de la sœur de ma mère, son membre préféré de la famille après ses parents et moi.

Je me reconcentre ensuite sur mes grillades. La cuisson des saucisses une fois finie, je dépose délicatement les morceaux de steak sur la grille après avoir vérifié que le feu était toujours allumé.

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